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Johannes Althusius

Johannes Althusius
Biographie
Naissance
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Diedenshausen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Formation
Gymnasium Philippinum Marburg (en) (à partir de )
Université de Bâle (doctorat) (jusqu'en )
Université de CologneVoir et modifier les données sur Wikidata
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Autres informations
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Arnoldinum (en) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata

Johannes Althusius (né en 1557 à Diedenshausen et mort le [1]) est un théoricien politique et juriste réformé — allemand. Nommé en 1586 à la Hohe Schule de Herborn - l'académie calviniste nouvellement créée par Jean de Nassau -, il y enseigne le droit jusqu'à son élection en 1604 à la fonction de secrétaire de la ville d'Emden, qu'il exerce jusqu'à sa mort[2]. Ce poste stratégique lui permit de mettre ses idées en pratique en défendant, conformément à sa défense de l'autonomie politique, les libertés de la cité face aux appétits du comte de Frise[3].

Althusius est célèbre pour son ouvrage de 1603, Politica methodice digesta et exemplis sacris et profanis illustrata (« La Politique, exposée de façon méthodique, et illustrée par des exemples sacrés et profanes »), dont il publie une édition profondément modifiée en 1610 et en 1614 à la lumière des enseignements tirés de sa fonction de syndic. Les idées exprimées dans cet ouvrage font de lui le père du fédéralisme moderne et de la souveraineté populaire, qu'il s'est efforcé de concilier, dans sa multiplicité[4], avec le pouvoir du souverain. Althusius est le premier théoricien à conférer au peuple organisé les droits de souveraineté, qu'il conçoit comme répartis à l'ensemble des consociations composant la république[5]. Il défend la thèse d'un octroi conditionné du pouvoir au prince, ou magistrat suprême, ce dernier étant lié au peuple par un contrat de mandat délimitant ses prérogatives[6]. Althusius est également célèbre pour sa doctrine fameuse du droit de résistance du peuple[7].

Les théories fédéralistes d'Althusius ne sont pas tellement libérales ; elles mettent l'accent sur la liberté des groupes, plutôt que sur la liberté des individus [8].

De son côté, Frédéric Lordon souligne combien Althusius est un précurseur de la pensée libertaire quand il imagine comme organisation politique et sociale « une hiérarchie de regroupements emboîtés régis par un double principe d'autorité maximale et d'adhésion consentie au regroupement supérieur »[9].

Il est également l'auteur d'ouvrages juridiques dont le plus important est Dicaeologicae libri tres, totum et universum jus, quo utimur methodice complectentes,..., Francfort 1616.

Traité de la Dicaeologicae, 1617[10]

Althusius, ne développera pas une méthode axiomatique visant à une appréhension universelle de la science, mais se conformera davantage à suggérer une tendance du droit à la scientificité[11]. Ses travaux demeureront imprégnés d’un caractère descriptif de réalités naturelles[12], tout en s’inscrivant systématiquement dans un prolongement de la logique ramusienne : la méthode formelle et la place de l’aristotélisme s’en trouve bouleversées[13], et la présentation du droit rompt avec la tradition des juristes afin de sacraliser un ordonnancement des concepts fondé sur la dichotomisation successive des termes en species distribuées par degré d’abstraction, et en membra, entendues comme éléments constituants des différentes notions.

En résulte une arborescence dissymétrique aux antipodes des schémas de raisonnement en deux parties, ou chaque ramification fait état d’un grand travail de précision associé à une relation de classement, et il ressort une propriété des notions au sein du travail de classification opéré par Althusius : elles sont transitives[14].

En raison de sa forte conceptualisation, la pérennité de la doctrine althusiusienne restera relativement lacunaire[15] et effacera l’encrage réaliste du droit au profit d’une galaxie d’essences, pourtant, son œuvre fera référence auprès de ses contemporains[16], à l’égard de l’efficacité induite par la naissance des proto-systèmes pour l’universalisation des concepts juridiques qu’elle autorise.

Références

  1. early modern letters online
  2. Introduction à J. Althusius, La politique méthodiquement ordonnée et illustrée par des exemples sacrés et profanes, Traduction, introduction et lexique par Gaëlle Demelemestre, Genève, Droz, 2023, p. 9-13
  3. « Pendant la durée entière de son mandat, note le philosophe et historien du droit Otto von Gierke, il apparaît comme l'âme de la politique citadine en lutte pour la croyance réformée, les franchises et les droits municipaux contre les suzerains et les nobles » (Johannes Althusius und die Entwicklung der naturrechtlichen Staatstheorien. Zugleich ein Beitrag zur Geschichte der Rechtssystematik, Marcus, 1902).
  4. . Pour Althusius, ladite souveraineté ne réside pas dans le peuple comme somme d'individus, mais en tant qu'ensemble organique de communautés et de corps.
  5. Thomas O. Hueglin, Early modern concept for a late modern world. Althusius on Community and Federalism, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 1999, p. 167.
  6. Gaelle Demelemestre, « Pacte social, contrat politique et pacte religieux dans la philosophie politique d'Althusius », Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 98, 2024/1, p. 175-200
  7. Marie-Hélène Belin, « Souveraineté et droit de résistance », Philosophie, éd. de Minuit, n° 4, 1984, p. 3-68
  8. Philippe Nemo, "Les sources du libéralisme dans la pensée antique et médiévale", in Philippe Nemo et Jean Petitot, Histoire du libéralisme en Europe, Puf, Paris, 2006, p.109.
  9. Frédéric Lordon, Imperium. Structure et affects des corps politiques, La Fabrique, 2015, p. 204.
  10. J. Althusius, Dicaeologicae libri tres, totum et universum jus, quo utimur, methodice complectentes, cum parallelis hujus et judaici juris, tabulisque insertis,
  11. J. Binet, « La science, modèle de perfection pour le droit », Droit et progrès scientifique : Science du droit, valeurs et biomédecine,‎ , p. 139–141
  12. M. Villey, « Premiers systèmes du rationalisme juridique », La formation de la pensée juridique moderne,‎ , p. 513–558
  13. G. Clérico, « Ramisme et post-ramisme : la répartition des « arts » au XVI S », Histoire Épistémologie Langage,‎ , p. 55
  14. La représentation satisfaisant cette condition minimale de rationalité, offre alors d’éminents arguments de réflexion.
  15. L. Brulé Naudet, « De l'émergence d'une scientificité du Droit », HAL,‎ , p. 2 (HAL hal-03628279, lire en ligne Accès libre [PDF])
  16. Hugo de Groot se rattachera notamment à une conception systémique du droit au sein de son ouvrage De Jure Belli ac Pacis, dont la traduction de Jean Barbeyrac (H. Grotius. De Jure Belli ac Pacis. 1625) ne suggèrera nul doute quant à consécration d’une logique déductive dans la sphère juridique et les balbutiements de l’axiomatique au travers « l’évidence ». Néanmoins, là aussi le sens commun s’en trouvera oblitéré et le rationalisme opéré par Grotius ne laisse s’effacer l’évidence : le système sera dans la nécessité de fonder son raisonnement sur des postulats arbitraires aux fins de démonstration, remettant grandement en perspective l’efficacité d’une approche scientifique.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) « Althusius, Johannes (1557–1638) », notice du The Oxford Guide to the Historical Reception of Augustine, lire en ligne, (ISBN 9780191789830).
  • (en) Gordon Campbell, « Althaus, Johannes (1557–1638) », notice du The Oxford Dictionary of the Renaissance, lire en ligne, (ISBN 9780191727795).
  • (all) E. Bonfanti, G. Duso, M. Scattola (éd.), Politische Begriffe und historisches Umfeld in der Politica methodice digesta des Johannes Althusius, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden 2002
  • (fr) Gaëlle Demelemestre, Les deux souverainetés et leur destin. Le tournant Bodin-Althusius, Ed. du Cerf, Coll. « La nuit surveillée », 2011.

JL Clergerie, Le principe de subsidiarité, Ellipses 1997.

  • (fr) Gaëlle Demelemestre, Introduction à la « Politica Methodice Digesta » de Johannes Althusius, Ed. du Cerf, coll. « Humanités », 2012.

Liens externes

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