Le kurde (en kurde : kurdî) est une langue indo-européenne appartenant à la branche des langues iraniennes occidentales. Il est parlé par les Kurdes (environ 60 millions[réf. nécessaire] de personnes), qui peuplent une vaste région appelée Kurdistan et divisée entre la Turquie centrale et surtout orientale, le nord-ouest de l'Iran, notamment occidental, l'Irak septentrional et la Syrie septentrionale[2].
D'un point de vue linguistique génétique, le kurde partage environ 70 % de ses mots avec le zazaki, 65 % avec le persan et le baloutche et 34 % avec le masenderani[3],[4].
Les chercheurs s'interrogent sur les raisons de la différenciation, au sein du groupe ouest-iranien, des langues kurdes ou de la langue kurde à travers ses différents dialectes. Cette distinction est particulièrement frappante avec le persan, bien que ce dernier appartienne au même groupe occidental et ait été la langue officielle de l'Iran depuis plus de 2 500 ans[non pertinent].
Probablement, le relief, qui rend difficiles les communications, mais aussi le mode de vie de nombreuses tribus kurdes semi-nomades ont favorisé le maintien de langues ou dialectes propres aux différents bassins hydrographiques et aux principales vallées.
Il existe une autre raison récemment mise au jour à propos du gurani, langue kurde moyenne mais en voie de disparition parlée dans le centre et le nord du Kurdistan d'Irak et d'Iran. Langue littéraire, épique et poétique, jadis parlée à la cour de plusieurs sultanats kurdes, le gurani, « langue de prestige » de l'élite est-kurde, semble avoir été submergée par le kurmandji, auquel il a légué quelques éléments. La quasi-disparition de ces sultanats jadis autonomes au moment de l'édification des États-nations après la Première Guerre mondiale semble avoir porté un coup fatal à la pratique de la langue gouranie.
Elle serait l'héritière, selon les linguistes, du « kurde antique » dont on ne possède pas d'attestation écrite. Certains linguistes pensent que l'hauramani forme un dialecte issu également de l'ancien kurde, mais il y a débat sur son origine, subcaspienne selon certains ou proprement locale (Zagros) selon d'autres.
Le kurde n'est pas attesté à date ancienne mais on a des exemples de langues indo-iraniennes antiques qui pourraient lui être apparentées. Il existe une théorie selon laquelle la langue transcrite en linéaire A en Crète minoenne (première moitié du IIe millénaire av. J.-C.) serait de type indo-iranien, ce qui révélerait en Europe du sud-est une langue de l'âge du bronze qui serait la plus vieille des attestations écrites indo-iraniennes. De plus les éléments de vocabulaires indo-iraniens du Mitanni, trouvés en Asie Mineure au milieu de textes hittites, et datés du XIVe siècle av. J.-C., indiquent, avec les sources égyptiennes, que l'empire du Mitanni situé au nord de l'actuelle Syrie, comporte des éléments hourrites mais aussi indo-iraniens.
Les linguistes s'accordent à déceler dans les langues kurdes contemporaines, et notamment en kurmandji, la trace d'une influence non indo-iranienne, notamment phonétique. Il se pourrait que ce phénomène résulte de l'acculturation de populations initialement non indo-iranophones subcaucasiennes, parlant antérieurement une langue caucasienne (ourartien ou autre).
En Turquie, jusqu’au tournant des années 2000, parler ou écouter de la musique kurde pouvait valoir un passage au poste de police[5].
Classification et dialectologie
La langue kurde appartient à la famille des langues indo-européennes, groupe des langues indo-iraniennes.
Les aléas de leur histoire, probablement liée au relief très montagneux qui caractérise et divise leur vaste région en trois grandes parties au moins, a empêché les Kurdes d'unifier leur langue.
le kurde septentrional, le kurmandji, est parlé par la majorité des Kurdes de Turquie, de Syrie, d'Arménie et d'Azerbaïdjan et par une partie des Kurdes en Irak et en Iran, soit environ 60 % des Kurdes au total ;
le kurde central, le sorani, est parlé par la majorité des Kurdes d'Irak et d'Iran, soit 30 % des Kurdes ;
le kurde occidental, le zazaki, est parlé principalement dans le Kurdistan turc ;
le kurde oriental, le gurani, est parlé au sud des régions kurdes de l'Irak et de l'Iran.
Pour des raisons historiques et politiques, le kurde s'écrit actuellement au moyen de trois alphabets différents : l'alphabet latin (pour les Kurdes de Turquie et de Syrie), l'alphabet cyrillique (pour les Kurdes des ex-républiques soviétiques) et l'alphabet arabe (pour les Kurdes d'Irak et d'Iran).
Clémence Scalbert-Yücel, « Les langues des Kurdes de Turquie : La nécessité de repenser l'expression "langue kurde" », Langage et société, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, vol. 2006/3, no 117, , p. 117-140 (ISBN2735110982, ISSN0181-4095, lire en ligne, consulté le ).