Léo Schnug passe sa jeunesse à Lampertheim dans le village de sa mère, Marguerite Lobstein. Son père, Maximilien Schnug, greffier de justice d’origine allemande, est interné prématurément pour maladie mentale.
Le jeune Léo Schnug dont la sœur vient de mourir à l’âge de six ans, se retrouve seul aux soins de sa mère. C’est un enfant turbulent et indiscipliné qui fugue souvent et se débarrasse volontiers dans l’Ill de ses livres et cahiers.
La situation familiale est difficile et pour survivre, sa mère loue des chambres dans sa maison du 7 rue Graumann, au centre de Strasbourg, à des artistes du Théâtre Municipal. Par leur biais, Léo Schnug a accès aux costumes de l’Opéra dont les collections seront une source d’inspiration.
Le Kunschthafe du Cercle de Saint Léonard
Après quelques années sur les bancs de l’École des arts décoratifs de Strasbourg, Léo Schnug illustre rapidement des ouvrages pour Gerlach & Schenk, éditeurs à Vienne. Il n’a que 17 ans.
Il poursuit sa formation à l’Académie des beaux-arts de Munich (1895-1900) où il suit les cours de Nicholaos Gysis (1842-1901), un peintre d’origine grecque. À cette période il se lie d'amitié avec Henri Loux, Alfred Pellon et Emile Schneider.
Sa période la plus féconde dure jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Léo Schnug réalise de nombreux dessins et allégories pour Ex-libris, des affiches, des gouaches, eaux-fortes, menus, cartes de vœux et faire-part, s’intéressant particulièrement aux personnages historiques.
Ses œuvres portent l’empreinte du Jugendstil par ses réminiscences du Moyen Âge et témoignent de sa mélancolie, de son angoisse et peut-être des prémices de sa maladie mentale.
L’alcoolisme et la folie
À la déclaration de guerre, l’artiste est enrôlé comme sous-officier dans l’armée allemande.
Ses excès de boissons le feront interner à plusieurs reprises. Il est assez rapidement jugé inapte puis réformé. Seule la défense de Guillaume II, qui l’avait décoré en 1912 pour ses réalisations au Haut-Koenigsbourg, lui évite les pires sanctions.
Dans les winstubs alsaciennes, il paie ses additions par de petits dessins réalisés sur le coin d’une table.
Son état de santé, aggravé par ses abus d’alcool, se détériore. Entre 1918 et 1919, Léo Schnug, fait un premier séjour volontaire à l’hôpital psychiatrique de Stephansfeld pour une cure de désintoxication alcoolique, hôpital dans lequel séjourne déjà son père qui y décédera en 1919.
À la suite du choc émotionnel provoqué par la mort de sa mère en , il est interné définitivement et meurt le à l’hôpital psychiatrique de Stephansfeld à Brumath[3].
Léo Schnug repose au cimetière de Lampertheim, son village natal, où son souvenir demeure. Une rue de la commune porte son nom et son tableau Der von Tierstein orne l’escalier d’honneur de la mairie.
Quelques œuvres de Léo Schnug
Sollicité pour réaliser des fresques dans différents lieux alsaciens, il bénéficie des conseils de Léon Hornecker,
1903, il conçoit un vitrail Le jugement de Richard Cœur de Lion pour le Musée de Haguenau.
1904, il peint L’entrée solennelle de Sigismond à Strasbourg en 1414 pour le Lycée de jeunes filles de Strasbourg (aujourd'hui le Lycée des Pontonniers). La toile est visible au Musée historique de Strasbourg.
Au château du Haut-Koenigsbourg de 1912 à 1914, il prépare les croquis des costumes du défilé d’inauguration puis décore la salle des fêtes et la salle des trophées de chasse, à la demande de l’empereur Guillaume II qui le récompense personnellement de l’Ordre de l’Aigle rouge en 1912.Son travail est critiqué et lui vaut la réputation d'être protégé par le régime prussien, ce qui va nuire à sa carrière avant la première guerre mondiale[4].
Léo Schnug au musée Alsacien lors des Fêtes Erckmann-Chatrian pour lesquelles il a dessiné les costumes et les décors, et réalisé la scénographie. Strasbourg, .
Licht und Kraft liefert Electrizitätswerk Strassburg., vers 1908, affiche pour la Compagnie d’électricité de Strasbourg.
Patrick et Bénédicte Hamm, Léo Schnug, 1878-1933 : ses cartes postales, ex-libris et affiches, Jérôme Do Bentzinger, Colmar, 1993.
Catalogues d’exposition
Philippe Wendling, Léo Schnug, héraut maudit d'un passé fantasmé. Tours: Alan Sutton, 2018.
Walter Kiwior, Julien Kiwior, Léo Schnug: un artiste de légende. De la Neustadt au Haut-Koenigsbourg. Pontarlier: Editions du Belvédère, 2017.
Georges Bischoff, Jérome Schweitzer, Florian Siffer, Néogothique ! Fascination et réinterprétation du Moyen Âge en Alsace (1880-1930), BNU éditions, Strasbourg, 2017. 192 p. (ISBN978-2-85923-073-9)
Marie-Christine Breitenbach-Wohlfahrt (dir.), Léo Schnug ou l’image retrouvée, association Mitteleuropa, Schiltigheim, 1997. (ISBN2-906995-38-X)
Collectif, L’Alsace imagée de Léo Schnug, Musée de la communication en Alsace, Riquewihr, 2007.
Paul Jesslen, Léo Schnug et le Haut-Koenigsbourg : un invité au château. Conseil général du Bas-Rhin, Strasbourg, 2008.