Cette complémentarité des catégories laïcs/clergé s'est finalement transformée, avec la loi de séparation des Églises et de l'État survenue en France le , en opposition entre les deux : l'État « laïc » n'autorise plus aucune influence du « clergé » sur ses institutions, et tout particulièrement sur l'école publique.
L'adjectif laïque qualifie dès lors ce qui n'appartient pas à la sphère religieuse.
Étymologie
Le terme laïc vient du latinlaicus qui signifie « commun, ordinaire, qui est du peuple »[1] lui-même issu du greclaikos signifiant « du peuple » et « non clerc », par opposition à klerikos, « clerc »[2]. Au XIe siècle, il donne le mot « lai » (au sens d'illettré) et s'oppose à clericus (du clergé, au sens de « savant »). Le c final muet de laïc a disparu dès l'origine (contrairement à « clerc »). On retrouve la forme « lai » dans « frère lai ». Pendant longtemps, l'Académie française utilise le terme « lay », puis « lai » et « laye », puis « laie » au féminin[3]. En 1740, l'Académie utilise l'expression « les clercs et les lais ».
Sens moderne
L'adjectif laïque qualifie une règle de vie, ou une partie de la société, qui n'est pas sous la domination ou l'influence d'un clergé, ou de quelque théologien que ce soit. On parlera d'enseignement laïc, de société laïque, etc.
L'adjectif laïque peut désigner en particulier un partisan ou un militant de la laïcité, c'est-à-dire de l'indépendance de la société civile à l'égard des institutions religieuses et du domaine religieux de façon générale[4]. Le terme laïciste peut également être employé dans ce sens[5].
L'adjectif peut s'écrire « laïque » au masculin comme au féminin. La forme « laïc » est réservée au seul nom masculin. On dira donc, sans connotation idéologique particulière, « enseignement laïque » et « école laïque ».
Le Dictionnaire historique de l'orthographe française donne la forme « laïque » pour l'adjectif dès 1549.
Un usage ancien voulait que « laïc » désigne plus précisément les croyants n'ayant pas reçu d'ordination sacerdotale, tandis que « laïque » s'appliquerait à tous ceux, tant croyants qu'incroyants, qui respectent et défendent la laïcité[7].
L'origine et l'histoire de la notion de laïc ont été retracées en détail par les travaux d'Alexandre Faivre (Les premiers laïcs. Lorsque l'Église naissait au monde).
Rôle des laïcs dans l'Église catholique
Pendant longtemps, les laïcs étaient définis par la négative, comme « ceux qui ne sont pas clercs ». Le cardinal Lustiger parle d'une division du travail qui a longtemps prévalu, selon laquelle les prêtres s'occupaient des affaires spirituelles tandis que revenait aux laïcs la charge des affaires temporelles[8].
Pour Jean-Paul Montminy, dans un contexte de perte de confiance à l'égard des institutions et de sécularisation, il ne sera possible de croire ensemble que dans la mesure où l'institution ecclésiale permettra l'inclusion effective des laïcs[10].
Le pape François affirme quant à lui que « les laïcs sont des protagonistes de l’Église et du monde » et appelle le clergé à « servir les laïcs et non à se servir d'eux ». Ses propos étaient motivés par une volonté de rappeler le rôle propre des laïcs, qui ne doit pas être diminué par un « cléricalisme » qui créerait une « élite de prêtres »[12].
Avec les évêques et les prêtres, les diacres font partie du clergé. En effet, le diacre, en recevant le sacrement de l’ordre, quitte le statut de laïc pour celui de clerc. Les diacres ne sont donc pas des laïcs[13].
Alexandre Faivre, Les premiers laïcs. Lorsque l'Église naissait au monde, Du Signe, 1999, 323 p.
Alexandre Faivre, Chrétiens et Églises : des identités en construction. Acteurs, structures, frontières du champ religieux chrétien, Paris, Cerf-Histoire, 2011, (klèros/laïkos. Deux ensembles flous à l'origine d'une dichotomie mutuellement exclusive, p. 243-311)