A Florence, en 1925, dans une petite rue de la cité, la Via del Corno[1], l'observation réaliste de la vie quotidienne, des amours, des contrariétés et des disputes de leurs habitants. Mais, dans un contexte marqué par la montée du fascisme, la surveillance étroite des Chemises noires, le climat de suspicion et de délation, l'existence ne peut plus être la même qu'autrefois. D'autant que les combats meurtriers entre fascistes et antifascistes tournent à l'avantage des premiers...
En 1950, la censure italienne fit avorter un premier projet d'adaptation cinématographique que devait réaliser Luchino Visconti. Carlo Lizzani contourne l'opposition des grands producteurs en recourant à une coopérative de spectateurs et en mettant en scène « un romanzo corale où s'enchevêtrent, au hasard des jours, les histoires et les drames de la Via del Corno. Le fascisme s'installe, d'abord sournoisement, puis à visage découvert. Dans la nuit du 4 octobre 1925, les squadristes se déchaînent, ratissent Florence, arrêtent et assassinent. La liberté agonise dans cette Saint-Barthélémy des opposants. »[3]
« Quant à l'histoire d'amour, elle sera, elle aussi, transcendée par les idées de révolte et de liberté qui emportent le récit dans un mouvement lyrique d'une belle ampleur. »[4]
« [...] Avec Cronaca dei poveri amanti, j'ai pris certaines distances avec le néo-réalisme qui me semblait devenir un cadre trop strict. J'ai voulu également m'intéresser au paysage intérieur : la psychologie des personnages, leur intimité, même si elle demeure intégrée à un cadre de vie sociale. J'ai aussi aimé jeter un regard sur l'histoire », dit Carlo Lizzani[5].