La pièce n'est pas très bien reçue mais est devenue au fil du temps une des compositions orchestrales de Debussy les plus jouées. On y retrouve trois aspects clés de l'esthétique de Debussy : l'impressionnisme, le symbolisme et le japonisme[1].
À son propos, le pianiste Sviatoslav Richter, qui considérait Debussy comme un de ses trois compositeurs favoris, avec Chopin et Wagner, disait : « Dans la musique de Debussy, il n'y a pas d'émotions personnelles. Il agit sur vous encore plus fortement que la nature. En regardant la mer, vous n'aurez pas de sensations aussi fortes qu'en écoutant La Mer. [...] Debussy, c'est la perfection même. »[2].
La couverture de l'édition originale de la partition de 1905 reproduit La Grande Vague de Hokusai[3].
Structure
Une exécution « standard » demande environ 25 minutes. La Mer s'articule autour de trois mouvements :
1. De l'aube à midi sur la mer
Très lent - si mineur - environ 9 min
Claude Debussy explore ici les changements subtils d’atmosphères et de luminosité de la mer qu’accompagne le progrès du matin sur l'eau. La première partie est un crescendo montrant la montée du jour. Il est soutenu d’un mouvement cyclique des cordes et des flûtes symbolisant le flux et le reflux des vagues. Il est suivi d’un chant de 16 violoncelles nous montrant une mer plus calme interrompu par une flûte dessinant le vol d’un oiseau. Le premier mouvement se termine par une lame de fond de cymbales qui rappellent le fracas des vagues.
2. Jeux de vagues
Allegro - do dièse mineur - environ 6 min 30
Dans ce 2e mouvement, en utilisant une suite de séquences, Debussy suggère le balancement des vagues, les changements inattendus de courant, l'irisé de la lumière du soleil sur la surface de l'eau et les profondeurs mystérieuses.
3. Dialogue du vent et de la mer
Animé et tumultueux - do dièse mineur - environ 8 min
Par des tons sombres et menaçants, il donne la sensation du danger de la mer. Dans la première partie du mouvement (thème cyclique) l'orchestre se soulève et retombe comme les mouvements de la houle. La deuxième partie est une période de calme inquiétante avant le retour de la tempête. Pour le final les vagues déferlent, les navires tracent leurs routes, le flot des vagues se transforme en raz-de-marée.
Par sa facture, l'œuvre s'apparente fort à une symphonie, même si elle n'en a pas le titre.
↑Bourion, Sylveline, « 1905. La Mer de Debussy : impressionnisme, symbolisme, japonisme ? », Nouvelle Histoire de la musique en France (1870-1950), Musique en France aux XIXe et XXe siècles : discours et idéologies, (lire en ligne)
↑Cité par Alexander Melnikov, dans « Sagesse et compassion », trad. par Dennis Collins, livret du double CD Debussy, Chopin, BBC Legends, 1999, p. 12.