Share to: share facebook share twitter share wa share telegram print page

Langues mandingues

Langues mandingues
Pays Mali, Côte d'Ivoire, Guinée, Burkina Faso, Gambie, Sénégal, Guinée-Bissau.
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-3 man
ISO 639-3 emk – maninkakan de l’est
mku – maninka konyanka
mlq – maninka de l’ouest
mnk – mandinka
msc – maninka sankaran
mwk – maninkakan de Kita
Linguasphere 00-AAA
Glottolog mand1435
Carte
Image illustrative de l’article Langues mandingues
Étendue géographique des langues mandingues en Afrique de l'Ouest.

Les langues mandingues forment un ensemble de langues d'Afrique de l'Ouest qui constituent le principal groupe, en nombre de locuteurs, de la famille des langues mandées. Il s'agit d'un continuum linguistique, même les variantes les plus éloignées restant mutuellement intelligibles sans limites géographiques claires entre chaque dialecte identifié. Les principaux représentants sont le bambara et les malinké de Kita, maninka de l'Est et malinké de l'Ouest au Mali, le dioula, koyaka, mahouka, kponga, mangoro, koroka, djamala, gbotogoka en Côte d’Ivoire, le dioula, dafing, bolon au Burkina Faso, le mandinka au Sénégal, en Gambie et en Guinée Bissau ou le maninka de l'Est en Guinée.

Terminologie

Au vu de la délimitation complexe des différents parlers, on considère tantôt « le mandingue » comme une seule langue présentant plusieurs dialectes, tantôt « les langues mandingues » comme un ensemble de langues proches. Cette dernière vision est celle généralement adoptée par la littérature scientifique contemporaine.

Évolution historique

Le terme « mandingue » est une déformation du mot mandenka, c'est-à-dire « habitant du Manden » (-ka étant le suffixe signifiant « habitant »), le foyer historique de l'empire du Mali[1]. Ce sont les navigateurs portugais qui l'utilisent les premiers pour désigner alors indifféremment la langue et les peuples qui la parlent, dans les régions littorales correspondant aujourd'hui à la Gambie, la Casamance, la Guinée-Bissau ou la Guinée-Conakry. Plus tard, les voyageurs de la marine marchande anglaise diffusent la variante « mandingo », avec la même acception[2]. Ce sont eux qui ont certainement introduit le mot chez les populations du Liberia et de la Sierra Leone[1]. La première apparition en français date du XVIIe siècle dans un texte intitulé : « Vocabulaires Guiolof, Mandingue, Foule, Sarakolé, Séraire, Bagnon et Floue »[2].

La première tentative de description scientifique de ces langues est effectuée en 1854 par le missionnaire allemand Sigismund Koelle dans son Polyglotta Africana. Il y mentionne treize langues sous le titre « North-Western High-Sudan » ou « mandenga ». Ses travaux introduisent le terme « mandé » (qu'il utilise pour désigner l'espace culturel) à la suite d'une segmentation erronée du terme « mandenka » : il analyse en effet le n comme faisant partie du suffixe, alors que le suffixe signifiant « habitant » est seulement -ka[1].

Par la suite, le terme « mandé » ne disparaîtra pas et sera souvent utilisé indifféremment avec « mandingue ». Ainsi, le linguiste français Maurice Delafosse publie en 1901 un ouvrage intitulé Essai de manuel pratique de la langue mandé ou mandingue qui pose les bases de la classification moderne des langues mandées[3]. Mais sa position évolue plus tard lorsqu'il reconnaît les particularités d'un groupe qu'il désigne mandingue dans le « Haut Sénégal Niger ». En 1929, il publie La Langue mandingue et ses dialectes : malinké, bambara, dioula et achève de fixer les limites entre les mots mandé et mandingue dans la littérature francophone : le premier réunit un ensemble de langues proches, une famille, alors que le second désigne un bloc linguistique relativement homogène[4].

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les linguistes tenteront de circonscrire plus précisément le domaine mandingue. Ils s'aident de méthodes scientifiques comme le recours à des listes Swadesh de mots de vocabulaire commun, qui permettront de définir avec rigueur quels parlers appartiennent au mandingue. Cette évolution entraîne la construction d'un terme nouveau pour désigner les langues ainsi réunies : le « mandenkan »[2]. Son usage est surtout repris par les écoles britanniques, et la littérature scientifique anglo-saxonne utilise désormais plus volontiers le terme « mandekan », là où la tradition francophone préfère le terme « mandingue » Cette distinction aboutit à une certaine confusion, certains auteurs américains non-linguistes tendant à omettre le suffixe -kan et à désigner comme mandé le groupe restreint bambara-dioula-malinké. Lorsqu'ils cherchent un terme pour décrire la famille linguistique plus élargie, c'est souvent sur Manden ou Manding que se porte leur choix, ou ils utilisent alors Mande pour la langue et Manding pour les locuteurs. Au bout du compte, l'usage des deux termes mandé et mandingue tend donc à s'intervertir d'un côté à l'autre de l'Atlantique[1].

Usages contemporains

Les glossonymes traditionnellement utilisés pour désigner les différents parlers du groupe englobent des réalités parfois fort différentes. Ainsi, les termes dioula, bambara, malinké, maninka et mandingue forment des ensembles aux contours flous et sont bien souvent interchangeables. Ils évoluent aussi en fonction des entités politiques et des événements.

Si mandingue désigne de manière générique n'importe quelle langue de la zone linguistique, on peut remarquer une tendance à l'utiliser plus souvent pour décrire les parlers qui ne sont ni bambara, ni dioula. La base de données Ethnologue reconnaît ainsi une macro-langue « mandingo » sous le code ISO 639-3 « man » qui inclut des dialectes occidentaux et orientaux mais exclut notamment le dioula et le bambara[5]. Les limites de cet ensemble ne reposent toutefois sur aucune réalité linguistique. Parallèlement, on rencontre souvent le terme mandingue pour désigner spécifiquement le mandinka du Sénégal et de la Gambie. Ainsi, les locuteurs gambiens nomment leur langue mandingo en anglais, alors qu'en Sierra Leone et au Liberia, ce terme désigne le locuteur de n'importe quelle langue mandingue[1]. Les variantes parlées dans ces deux régions sont pourtant fort différentes et ne sont pas « plus mandingues » que les autres.

Malinké et maninka ont la même étymologie que mandingue et lui sont en théorie synonymes. Le premier terme est surtout utilisé dans le monde francophone, alors que le second s'emploie plutôt en anglais, avec la même acception. Dans la littérature, ils sont surtout utilisés pour décrire un vaste ensemble linguistique hétérogène qui s'étend de l'est du Sénégal jusqu'au sud de la Guinée, en excluant les zones bambara et dioula. Ici encore, l'usage est abusif du point de vue linguistique : le malinké de l'Est présente bien plus de similitudes avec les dialectes bambaras et dioulas qu'avec le malinké de l'Ouest ou le malinké de Kita. Les frontières nationales créent des confusions supplémentaires. Par exemple, nombre de locuteurs malinkés au Mali se prétendent eux-mêmes « bambaras ». Ces distinctions évoluent aussi en fonction du contexte politique : durant la crise ivoirienne de 2010-2011, les partisans mandingues du Rassemblement des républicains préféraient se dire « Dioula », alors que ceux restés loyaux au régime de Laurent Gbagbo s'identifiaient plutôt aux Malinkés. Le niveau d'études des locuteurs a également son importance : dans le Nord-Ouest ivoirien, les locuteurs des différents parlers mandingues emploient respectivement les termes dioula et malinké, selon qu'ils sont scolarisés ou non[6].

Classification externe

Les langues mandingues se rapprochent de celles des sous-groupes vaï-kono (vaï, kono) et mokolé (koranko, mikhiforé, kakabé, lélé). Elles forment un ensemble appelé mandingue-vaï ou parfois grand mandingue, qui constitue lui-même une sous-branche du groupe occidental des langues mandées[7].

Subdivisions

À la suite des travaux de Gérard Galtier en 1980[8], on divise habituellement les parlers mandingues en un groupe occidental et un groupe oriental. La frontière entre les deux groupes traverse le cercle de Kita, au Mali. Le trait distinctif le plus souvent cité est l'opposition entre un système à 5 voyelles pour les dialectes de l'Ouest contre 7 voyelles à l'Est. Si la classification d'une variante dans l'un ou l'autre des deux groupes ne pose pas beaucoup de difficultés, la classification interne de ceux-ci n'est pas aisée. On peut néanmoins dégager cinq grands ensembles.

Le groupe occidental

Ce groupe rassemble tous les dialectes mandingues situés à l'ouest de Kita au Mali. La distinction avec le groupe oriental se fait surtout sur une base phonologique, notamment la présence d'un système à 5 voyelles contre 7 à l'Est[1]. Galtier (1980)[8] reconnaît trois sous-branches, en précisant que leurs divergences ne sont pas très importantes.

La première inclut le mandinka, qui est une langue bien caractérisée et documentée, et de loin la plus répandue. C'est la langue principale de Gambie, elle est largement parlée en Casamance (sud du Sénégal), ainsi que dans la partie orientale de la Guinée-Bissau. Il existe de nombreuses publications sur le mandinka, en raison notamment de l'ancienneté de ses contacts avec les Européens. Elle est souvent appelée « mandingue » en français et « Mandingo » en anglais, ce qui peut être la source de certaines confusions.

Une seconde branche comprend le khassonké et le malinké de l'Ouest. Ces deux langues sont parlées à l'est du Sénégal (régions de Tambacounda et Kédougou) et à l'ouest du Mali (cercles de Kayes, Bafoulabé et Keniéba). Elles sont très proches et parfaitement mutuellement intelligibles et se distinguent surtout pour des raisons sociolinguistiques. À ce groupe s'ajoute le diakhanké, un dialecte très minoritaire parlé près de Kédougou au Sénégal.

Enfin, la dernière branche réunit le malinké de Kita et le kagoro. La première est parlée dans la partie occidentale du cercle de Kita au Mali. La seconde est un dialecte menacé dont les locuteurs forment des poches dispersées le long de la zone de contact entre soninké et bambara, et qui est progressivement remplacée par l'une ou l'autre de ces deux langues.

Le bambara

Le bambara, appelée bamanakan par ses locuteurs, est la principale langue malienne et la plus importante du groupe. La zone bambara occupe le Mali central en débutant à 150 kilomètres à l'est de Bafoulabé et s'étendant jusqu'à Djenné et Mopti, en passant par Bamako et Ségou. Elle rassemble divers dialectes ainsi qu'une langue « standard » appelée bambara moderne et surtout parlée dans les grandes villes. C'est également la langue diffusée à la radio et à la télévision et elle bénéficie d'une littérature importante ainsi que de dictionnaires et de méthodes d'apprentissage. Le bambara moderne est basé sur la variante de Bamako, qui se trouve à la limite de la zone malinké. Elle est ainsi plus proche, sous certains aspects, des langues de ce groupe, qu'elle ne l'est de plusieurs dialectes bambara. On notera enfin l'utilisation du bambara comme langue véhiculaire dans l'est du Sénégal, le long de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako (« bambara du chemin de fer »)[9].

Le dioula

Le terme « dioula » englobe plusieurs réalités. Il y a d'une part le « dioula interethnique », le dioula des marchands, appelé tagboussikan, qui sert de langue véhiculaire au nord de la Côte-d'Ivoire et dans l’ouest du Burkina Faso. Il est très proche du bambara moderne et peut être considéré, sous certains aspects, comme une variante régionale de ce dernier[1].

D'autre part, on compte plus d'une vingtaine de dialectes régionaux en Côte-d'Ivoire qui sont communément nommés dioula. Le foyer historique dioula se situe dans la région autour de la ville de Kong dans le nord-est de la Côte d'Ivoire, et le dioula de Kong est souvent considéré lorsqu'il s'agit de comparer la « langue dioula » aux autres dialectes mandingues.

Les parlers du Nord-Ouest sont par contre très différents et s'approchent davantage des dialectes malinkés de Guinée et leur place au sein du groupe mandingue ainsi que leurs délimitations ne sont pas totalement éclaircies. Une enquête de la Société internationale de linguistique en 1999 a conclu à l'existence d'au moins cinq langues différenciées : le mahou, le kaniga, le koyaga, l’odiennéka, le bondoukouka, le koro et le worodougouka[6].

Les parlers malinké orientaux

Il s'agit du groupe le plus difficile à définir précisément, notamment en raison de la grande confusion qui existe parmi les nombreux linguonymes utilisés. Il est centré sur le maninka-mori (le « marabout maninka ») qui sont les Kaba de Kankan, ou manenka, qui tend à devenir la langue standard pour tous les malinkés de Guinée et basée sur le dialecte de la ville Kankan. Cette variante présente un degré de parenté important avec les idiomes parlés plus au Nord : malinké du Mandingue et du Wassoulou (wasulunka). Ces différents dialectes sont collectivement regroupés sous l’appellation maninkakan de l'Est[10], mais il faut noter que les variantes maliennes tendent à présenter plus de liens avec le bambara moderne qu'avec le maninka-mori. Ce phénomène est notamment dû à la position de Bamako (dont le bambara standard est originaire) sur la frontière entre les sphères d'influence malinké et bambara[1].

Plusieurs études tendent à exclure et à considérer comme des langues séparées les parlers malinké situés à l'ouest et au sud-est de Kankan. Elles distinguent ainsi le sankaran (région de Faranah), le konyanka (région de Nzérékoré) ou encore le manya (à l'ouest de Beyla, ainsi que dans l'extrême-nord du Liberia).

Enfin, les dialectes du nord-ouest de la Côte d'Ivoire, bien que traditionnellement associés au dioula, présentent de nombreux liens de parenté avec ce groupe et y sont parfois inclus.

Le marka

Le marka (ou dafing) est un ensemble de dialectes proches qui sont parlés à la frontière entre le Burkina Faso et le Mali. Il a souvent été rapproché du dioula, bien que la plupart des classifications récentes l'en distinguent. Certains auteurs y incluent le bolon, une autre langue minoritaire du Burkina Faso[1].

Liste des langues

Macro-langue mandingue

Le standard ISO 639-3 identifie le mandingue (mandingo en anglais) comme une macrolangue, subdivisé en 6 variants (7 variantes jusqu’en 2013):

En 2013, l’ISO 639-3 a retiré le « maninka des forêts (Cote d’Ivoire) », dont le code était myq, à la suite d’une demande par Valentin Vydrin.

Classification des parlers mandingues d'après la base de données Ethnologue[11] :

Caractéristiques linguistiques

Phonologie

Deux critères phonologiques permettent de distinguer les parlers mandingues des autres langues proches du groupe mandé-centre[8] :

  • La présence en position initiale de /s/ en mandingue contre /k/ dans les autres langues ;
  • La présence en position initiale de /l/ en mandingue (ou /d/ en bambara) contre /s/ dans les autres langues.

Quelques exemples[12] sont donnés dans le tableau suivant :

Mandingue Autres
bambara dioula maninka mandinka koranko vaï soussou
« route » síra síra síla síla kéla kí'à kíráà
« se coucher » láa

À l'intérieur du groupe mandingue, la distinction se fait principalement sur l'opposition entre un système à 5 voyelles dans les parlers occidentaux contre 7 dans les parlers orientaux :

Systèmes vocaliques
Groupe Ouest /i/ /e/ /a/ /o/ /u/
Groupe Est /i/ /e/ /ɛ/ /a/ /ɔ/ /o/ /u/

On peut ainsi noter que dans de nombreux mots, le /e/ de l'Est correspond à /i/ à l'Ouest et le /o/ à /u/. Parallèlement, le /ɛ/ et /ɔ/ des dialectes orientaux prennent une réalisation mi-fermée dans leurs voisins occidentaux (respectivement /e/ et /o/)[8]. Quelques exemples[12] :

Ouest Est
mandinka khassonké maninka bambara dioula mahou marka
« main » búlu búlu bólo bólo bóro ɓóő bòo
« un » kíliŋ kíliŋ kélḛ kélḛ kélen kée̋ŋ cḛ

Écriture

Même si les langues mandingues ont une forte tradition orale, plusieurs alphabets sont utilisés pour leur transcription. L'alphabet arabe a été introduit dans la région avec l'islam et adapté pour écrire certaines langues. L'adjami est encore régulièrement utilisé pour transcrire le mandinka. Il a cependant été supplanté dans de nombreux cas par l'alphabet latin depuis la période coloniale, et des versions officielles existent dans plusieurs pays. L'alphabet n'ko a été développé en 1949 par le linguiste Solomana Kante pour transcrire spécifiquement les langues mandingues. Ce dernier a publié un dictionnaire de 32 000 mots, ainsi que des livres d'histoire et de sciences, rédigés en n'ko.

Transcriptions latines

Au lendemain des indépendances, le besoin s'est fait sentir d'adopter des transcriptions officielles pour les diverses langues africaines en alphabet latin. Dans cette perspective, une réunion d'experts s'est tenue à Bamako en 1966 sous l'égide de l'UNESCO. L'alphabet proposé par le groupe responsable du mandingue a été élaboré dans le souci de correspondre au système phonologique de la langue (en tenant compte des différentes variantes dialectales) et de pouvoir être dactylographié et imprimé avec les machines disponibles dans les pays concernés[13]. Cependant, les propositions de la conférence n'ont pas été intégralement suivies, ce qui a donné lieu à six transcriptions officielles différentes : Mali, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Guinée, Gambie et Sénégal.

En 1978, une nouvelle réunion de l'UNESCO organisée à Niamey met au point un « alphabet africain de référence » dont le but principal est de faire correspondre un graphème unique pour chaque phonème et d'éviter l'utilisation des signes diacritiques (réservés à la notation des tons), ce qui aboutit à l'introduction de plusieurs caractères empruntés à l'alphabet phonétique[14].

Comparaison des transcriptions latines du mandingue
Phonème /a/ /b/ /d/ /d͡ʒ/ /ɛ/ /e/ /f/ /g/ /ɡ͡b/ /h/ /i/ /k/ /x/ /l/ /m/ /n/ /ŋ/ /ɲ/ /ɔ/ /o/ /p/ /r/ /s/ /ʃ/ /t/ /t͡ʃ/ /u/ /w/ /j/ /z/
Bamako 1966 a b d dy e é f g gb h i k kh l m n nw ny o ó p r s sh t ty u w y z
Niamey 1978 j ɛ e x ŋ ɲ ɔ o c
Autres variantes è gw ng ñ[N 1] ò, ö[N 2]

La plupart des pays mandingophones adaptent par la suite leur alphabet officiel pour le mettre en conformité avec les recommandations de cette conférence :

Ces différents alphabets sont très similaires et ne se distinguent que sur des points de détails. Ils peinent pourtant à s'imposer dans la vie quotidienne, et seule une minorité de personnes alphabétisées sont capables de lire et d'écrire correctement dans l'une des variantes mandingues. Il existe deux freins principaux à une utilisation plus étendue de ces règles de transcription officielles introduites par la réunion de Niamey. Le premier est le choix de caractères absents des langues européennes sur lesquelles sont basées la plupart des outils de rédaction en informatique et en imprimerie : ɛ, ŋ, ɲ, ɔ. Le second est l'utilisation de graphèmes ayant une tout autre réalisation phonologique en français et en anglais, ce qui gêne le développement d'un véritable bilinguisme scripturaire dans des systèmes éducatifs encore très marqués par les anciennes métropoles : j, c, x. Ce dernier point est particulièrement problématique dans la transcription des noms propres et des sigles (par exemple CEDEAO, CFA, UNICEF, etc.) s'ils apparaissent dans un texte rédigé en mandingue. Il faut noter que l'alphabet proposé à Bamako en 1966 évitait ces deux écueils[15].

Alphabet n'ko

Voyelles
o
/ɔ/
ô
/o/
ou
/u/
è
/ɛ/
i
/i/
é
/e/
a
/a/
ߐ ߏ ߎ ߍ ߌ ߋ ߊ
Consonnes
ra
/ɾa/
da
/da/
tcha
/t͡ʃa/
dja
/d͡ʒa/
ta
/ta/
pa
/pa/
ba
/ba/
ߙ ߘ ߗ ߖ ߕ ߔ ߓ
ma
/ma/
la
/la/
ka
/ka/
fa
/fa/
gba
/ɡ͡ba/
sa
/sa/
rra
/ra/
ߡ ߟ ߞ ߝ ߜ ߛ ߚ
n'
/n̩/
  ya
/ja/
wa
/wa/
ha
/ha/
na
/na/
nya
/ɲa/
ߒ   ߦ ߥ ߤ ߣ ߢ
 

Développement

En 1996, une organisation non gouvernementale, Savane Développement, a créé à Kolia, en Côte d'Ivoire, une école pour une scolarisation partiellement en langue maternelle : c'est le Centre scolaire intégré du Niéné (CSIN). Dans ce centre expérimental, les élèves reçoivent, du préscolaire à la fin de la première année du primaire, un enseignement en sénoufo ou en malinké, selon leur langue maternelle, et poursuivent par la suite leurs études en français[16].

Notes et références

Notes

Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Mandingue (langue) » (voir la liste des auteurs).
  1. Variante choisie par le Sénégal.
  2. Variante choisie par la Guinée avant 1989 pour éviter la forme « ó », absente des machines à écrire.

Références

  1. a b c d e f g h et i (en) Valentin Vydrine, « Who Speaks "Mandekan"? A Note on Current Use of Mande Ethnonyms and Linguonyms », MANSA Newsletter, no 29,‎ 1995-96, p. 6-9. (lire en ligne)
  2. a b et c Mamadou Lamine Sanogo, « Evolution terminologique et restructuration d’un ensemble linguistique : Le cas du mandingue », Revue internationale de science du langage SUDLANGUES, no 8,‎ , p. 66-83 (lire en ligne)
  3. Maurice Delafosse, Essai de manuel pratique de la langue mandé ou mandingue, Paris, Leroux, , 304 p. (lire en ligne)
  4. Maurice Delafosse, La Langue mandingue et ses dialectes: malinké, bambara, dioula, Paris, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, , 674 p.
  5. (en) Fiche langue [man] dans la base de données linguistique Ethnologue.
  6. a et b Douglas Boone, Mike Boling, Lamine Silué et Mary Anne Augustin, « Enquête sur les dialectes mandé nord de Côte d'Ivoire », Mandenkan, no 35,‎ , p. 17-71 (lire en ligne)
  7. (de) Raimund Kastenholz, Sprachgeschichte im West-Mande : Methoden und Rekonstruktionen, Cologne, Rüdiger Köppe Verlag, , 281 p.
  8. a b c et d Gérard Galtier, « Problèmes dialectologiques et phonographématiques des parlers mandingues », Mandenkan, no 1,‎ , p. 39–58.
  9. (en) Terrence D. Sullivan, A preliminary report of existing information on the Manding languages of West Africa : summary and suggestions for future research, SIL Electronic Survey Reports, , 34 p. (lire en ligne [PDF])
  10. (en) J. Lee Hochstetler, A Sociolinguistic Survey of Eastern Maninkakan, including the Wassulu area, SIL Electronic Survey Reports, , 54 p. (lire en ligne)
  11. (en) « Manding », sur Ethnologue, Languages of the World, (consulté le ).
  12. a et b (en) Valentin Vydrine, « On the Problem of the Proto-Mande Homeland », Journal of Language Relationship, no 1,‎ , p. 107–142 (lire en ligne [PDF])
  13. Étienne Balenghien, « À propos de l'alphabet du bambara au Mali », Mandenkan, nos 14-15,‎ 1987-88, p. 13-26 (lire en ligne [PDF]).
  14. Langues africaines : Documents de la réunion d'experts sur la transcription et l'harmonisation des langues africaines, Niamey (Niger), UNESCO, (lire en ligne [PDF]).
  15. Gérard Galtier, « Le bilinguisme scripturaire et l'interface des alphabets en Afrique francophone », Alphabets - Informations, no 75,‎ , p. 2-9 (lire en ligne [PDF]).
  16. En 2001, le ministère de l'Éducation nationale a fait une évaluation de l'établissement d'enseignement et a décidé d'élargir l'expérimentation à dix autres langues: abidji, agni, attié, baoulé, bété, guéré, dan ou yacouba, koulango, mahou et sénoufo de Korhogo

Voir aussi

Bibliographie

  • L. Tautain, « Notes sur les trois langues soninké, banmana et malinké ou madingké», Revue de Linguistique et de philologie comparée, 1887, p. 30
  • R. P. Abiven, Essai de dictionnaire pratique français - malinké, IV-428 p, Saint-Michelle- Priziac, 1896
  • R. P. Abiven, Essai de Grammaire Malinké, Saint- Michelle-Priziac, 1897,V-78 p.
  • R. P. Abiven, dictionnaire français-malinké et malinké-français, précédé d'un abrégé de grammaire malinké, Conakry, 1906, XLIV- 176 p.
  • Fily Dabo Cissoko, « Glossaire des mots français passé en malinké» Bull. IFAN, I, 1939, pp. 325-366

Articles connexes

Liens externes

Read other articles:

Eospalax rothschildi Eospalax rothschildi Status konservasiRisiko rendahIUCN14121 TaksonomiKerajaanAnimaliaFilumChordataKelasMammaliaOrdoRodentiaFamiliMuridaeGenusEospalaxSpesiesEospalax rothschildi Thomas, 1911 Tata namaSinonim taksonMyospalax rothschildi Thomas, 1911DistribusiEndemikRepublik Rakyat Tiongkok lbs Eospalax rothschildi (Rothschild's zokor) adalah sebuah spesies hewan pengerat dalam keluarga Spalacidae. Spesies tersebut adalah hewan endemik di Tiongkok. Referensi Smith, A.T. & …

Hilversum Hilversum adalah sebuah gemeente Belanda yang terletak di provinsi Holland Utara. Pada tahun 2006 daerah ini memiliki penduduk sebesar 83.618 jiwa. Saat ini Hilversum dikenal sebagai Kota Media Belanda, sebab di kota ini terdapat berbagai stasiun radio dan televisi baik nasional maupun internasional. Dan juga banyak pembuatan film dilakukan di studio-studio yang tersebar disekitar kota ini. Penduduknya pun banyak terdiri dari praktisi perfilman termasuk para artis film dan radio. Perum…

International sporting eventMen's team sprint at the 2023 Pan American GamesVenueVelódromo PeñalolénDates24 OctoberCompetitors21 from 7 nationsWinning time43.396Medalists Tyler RorkeNick WammesJames Hedgcock  Canada Carlos EcheverriRubén MurilloKevin Quintero  Colombia Jafet LópezJuan RuízEdgar Verdugo  Mexico«2019 Cycling at the2023 Pan American GamesQualificationBMX RacingmenwomenFreestylemenwomenMountain bikingCross-countrymen…

Pilot certification This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Pilot certification in the United States – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (April 2023) (Learn how and when to remove this template message) Front side of an airman certificate issued by the FAA. Back side of an airman certificate i…

New Zealand cyclist Hayden GodfreyPersonal informationFull nameHayden GodfreyBorn (1978-12-15) 15 December 1978 (age 45)Hokitika, New ZealandTeam informationDisciplineRoadRoleRiderAmateur team2008Subway-Avanti Professional teams2002–20047Up-NutraFig2005Kodak Easyshare Gallery2006Team Monex2007Colavita–Sutter Home2009–2011Subway-Avanti Medal record Men's track cycling Representing  New Zealand Commonwealth Games 2006 Melbourne Team pursuit World Championships 2008 Manchester …

 Documentation[voir] [modifier] [historique] [purger] Utilisation Ce modèle permet de présenter les caractéristiques d’une Ville de Tchéquie sous la forme d’un tableau vertical apparaissant sur la droite d’un article (infobox). Syntaxe Vous pouvez le placer, en général en début d’article, en insérant la syntaxe et en vous aidant du guide ci-dessous. Pour utiliser ce modèle, veuillez copier/coller ceci dans votre article : {{Infobox Ville…

This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Schnabelwaid–Bayreuth railway – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (September 2022) (Learn how and when to remove this template message) Schnabelwaid–Bayreuth railwayKreuzstein junction (left: Ostbahn to Weiden)OverviewLine number5001LocaleBavaria, Ge…

Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2021). Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment…

Geographic area outside towns and cities Countryside, The country, and Rural redirect here. For other uses, see Countryside (disambiguation), Country (disambiguation), and Rural (disambiguation). The Barossa Valley in South Australia is an area noted for vineyards. Rice terraces in Kami, Hyōgo Prefecture, Japan A rural landscape in Lappeenranta, South Karelia, Finland Rural Society Rural economics Rural area Rural crafts India Rural development Rural delivery service Rural electrification Rural…

Hollywood Critics Association TV Awards 1st Hollywood Critics Association TV AwardsDateAugust 29, 2021SiteVirtual presentation via YouTubeMost awardsTed Lasso (4)Most nominationsTed Lasso (8)Websitehollywoodcriticsassociation.comTelevision/radio coverageNetworkYouTube Hollywood Critics Association TV Awards · 2nd → The 1st Hollywood Critics Association TV Awards, presented by the Hollywood Critics Association, took place through a virtual ceremony on YouTube on August 29, 2021.&…

This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Warrior's Dance – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (September 2023) (Learn how and when to remove this message) 2009 single by the Prodigy Warriors dance redirects here. For the song by Zion I, see Deep Water Slang V2.0. Warrior's DanceSingle by the Pro…

Truman Capotefoto Truman Capote oleh Carl Van Vechten, 1948.Lahir30 September 1924 (umur 99)New Orleans, LouisianaMeninggal25 Agustus 1984(1984-08-25) (umur 59)Los Angeles, CaliforniaPekerjaanNovelis, jurnalis, dramawan, cerpenis, penulis skenarioKebangsaanAmerika Truman García Capote (dibaca [ˈtruː.mən kəˈpoʊ.ti]) (30 September 1924 – 25 Agustus 1984) adalah seorang penulis Amerika yang karya non-fiksi, cerita, novel, dan dramanya dianggap karya-karya klasik. Ia…

13th-century Scottish noble Domhnall I, Earl of MarDiedbetween 1297 and 1302Spouse(s)Elen ferch Llywelyn (the Younger)IssueGartnait, Earl of MarIsabella of MarFatherUilleam of Mar Location of Mar within Scotland Domhnall I, Earl of Mar, also known by the name Domhnall mac Uilleim (Anglicized as Donald, William's son), was the seventh known mormaer of Mar in medieval Scotland, ruling from the death of his father, Uilleam of Mar, in 1276 until his own death sometime between 1297 and 1302. If Gille…

У этого термина существуют и другие значения, см. Конфликт (значения). Драка школьников на Ямайке Протестующие в Ломе (Того) противостоят полиции, 2017 год Драка морских слонов Конфли́кт (лат. conflictus — столкнувшийся) — наиболее острый способ разрешения противоречий в инт…

若纳斯·萨文比Jonas Savimbi若纳斯·萨文比,摄于1990年出生(1934-08-03)1934年8月3日 葡屬西非比耶省Munhango(葡萄牙語:Munhango)逝世2002年2月22日(2002歲—02—22)(67歲) 安哥拉莫希科省卢库塞效命 安哥拉民族解放阵线 (1964–1966) 争取安哥拉彻底独立全国联盟 (1966–2002)服役年份1964 – 2002军衔将军参与战争安哥拉独立战争安哥拉內戰 若纳斯·马列罗·萨文比(Jonas Malheiro Savimbi,1934…

土库曼斯坦总统土库曼斯坦国徽土库曼斯坦总统旗現任谢尔达尔·别尔德穆哈梅多夫自2022年3月19日官邸阿什哈巴德总统府(Oguzkhan Presidential Palace)機關所在地阿什哈巴德任命者直接选举任期7年,可连选连任首任萨帕尔穆拉特·尼亚佐夫设立1991年10月27日 土库曼斯坦土库曼斯坦政府与政治 国家政府 土库曼斯坦宪法 国旗 国徽 国歌 立法機關(英语:National Council of Turkmenistan) 土…

此条目序言章节没有充分总结全文内容要点。 (2019年3月21日)请考虑扩充序言,清晰概述条目所有重點。请在条目的讨论页讨论此问题。 哈萨克斯坦總統哈薩克總統旗現任Қасым-Жомарт Кемелұлы Тоқаев卡瑟姆若马尔特·托卡耶夫自2019年3月20日在任任期7年首任努尔苏丹·纳扎尔巴耶夫设立1990年4月24日(哈薩克蘇維埃社會主義共和國總統) 哈萨克斯坦 哈萨克斯坦政府與…

  هذه المقالة عن النفل الرباعي شذوذ أو طفرة وراثية. لجنس من النبات، طالع نفل. نفل أبيض رباعي الأوراق (الاسم العلمي: Trifolium repens). نفل رباعي الأوراق (بالإنجليزية: Four-leaf clover)‏، شذوذ نادر يحدث في نباتات النفل ثلاثية الأوراق يؤدي لظهور وريقة إضافية في ساق النبتة، حسب القصص الشعب…

Ayrton SennaPotret Ayrton SennaLahirAyrton Senna da Silva(1960-03-21)21 Maret 1960Sao Paulo, BrasilMeninggal1 Mei 1994(1994-05-01) (umur 34)Bologna, ItaliaSebab meninggalCedera tulang tengkorak karena kecelakaan balapTinggi1,76 m (5,8 ft)Berat70 kg (154 pon)Suami/istriLilian de Vasconcelos Souza ​ ​(m. 1981; c. 1982)​PasanganAdriane Yamin (1985–1988)Xuxa (1988–1990)Christine Ferracciu (1990–1991)Adriane Galisteu …

Untuk film dokumenter, lihat Amy Winehouse: Back to Black. Back to BlackPoster rilis teatrikal ASSutradaraSam Taylor-JohnsonProduser Alison Owen Debra Hayward Nicky Kentish-Barnes SkenarioMatt GreenhalghPemeran Marisa Abela Jack O'Connell Eddie Marsan Lesley Manville Penata musik Nick Cave Warren Ellis SinematograferPolly MorganPenyunting Martin Walsh Laurence Johnson Perusahaanproduksi Monumental Pictures StudioCanal Distributor StudioCanal (Inggris) Focus Features (Amerika Serikat) Tangg…

Kembali kehalaman sebelumnya