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Empire du Mali

Empire du Mali

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(364 ans)

Description de cette image, également commentée ci-après
L'empire du Mali vers 1350.
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Identification discutée[1]
Dakadjalan
Niani
Kangaba
Langue(s) Mandingue
Religion Islam
Religions traditionnelles africaines
Monnaie Or

Superficie
Superficie  
• 1250[2] 100 000 km²
• 1312 1 294 000 km²
• 1380 1 100 000 km²
• 1500 400 000 km²
Histoire et événements
~1235 Établissement.
1559 La capitale passe de Niani à Kangaba.
1599 Bataille de Djenné
~1610 Subdivision territoriale entre les enfants de Mahmud IV.
1670 Sac de Niani par le Royaume bambara de Ségou.
Mansa
~1235 – ~1255 (1er) Soundiata Keïta
1312 – 1337 Kankou Moussa
~1590 – ~1610 (Der) Mahmud IV

Entités précédentes :

L’empire du Mali, ou Empire mandingue, est un État africain médiéval situé sur la route de l'Azalaï, dont l'économie reposait sur le commerce de l'or, du cuivre, du sel et des esclaves dans le cadre de la traite orientale. Fondé au XIIIe siècle par Soundiata Keïta, il connut son apogée au XIVe siècle. Il serait à l'origine de la charte du Manden. Il s’étendait et englobait des parties des actuels Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Côte d'Ivoire et Mauritanie

La bataille de Kirina, naissance de l'empire du Mali

La bataille de Kirina, qui s'est déroulée en 1235, est l'un des événements les plus importants de l'histoire de l'Afrique de l'Ouest. Elle marque le moment où Soundiata Keïta, le fondateur de l'Empire du Mali, a vaincu Soumaoro Kanté, le roi du Sosso.

Contexte

Avant la bataille, l'Empire du Sosso était l'une des puissances dominantes de la région, dirigée par le roi Soumaoro Kanté, connu pour sa tyrannie et ses pouvoirs mystiques. Il avait conquis plusieurs royaumes voisins, dont celui du Mandingue, où Soundiata Keïta était un prince exilé. Soundiata, qui avait survécu à de nombreuses épreuves et qui jouissait d'un soutien croissant, avait rassemblé une coalition de chefs de plusieurs royaumes pour combattre Soumaoro.

La bataille

La bataille de Kirina a eu lieu sur les plaines de Kirina, au sud-est de l'actuelle région de Koulikoro au Mali. Soundiata Keïta, avec une armée composée de guerriers mandingues et de ses alliés, a affronté les forces de Soumaoro Kanté. Le conflit a été marqué par un affrontement intense, avec une grande partie de la bataille se déroulant au corps à corps.

Selon la légende, Soundiata aurait utilisé une flèche magique pour neutraliser les pouvoirs mystiques de Soumaoro Kanté, affaiblissant ainsi le roi du Sosso. La bataille s'est terminée par la déroute des forces de Soumaoro, et Soumaoro lui-même a fui, selon les récits, en se retirant dans les montagnes.

Conséquences

La victoire de Soundiata Keïta à Kirina a marqué la fin de la domination du Sosso et le début de l'Empire du Mali, qui allait devenir l'un des plus grands et des plus influents empires de l'Afrique de l'Ouest. Soundiata a été reconnu comme "Mansa", ou roi des rois, et il a consolidé son pouvoir en unissant les divers peuples et royaumes sous son autorité. L'Empire du Mali, sous sa direction et celle de ses successeurs, a prospéré pendant des siècles, jouant un rôle central dans le commerce transsaharien et la diffusion de l'islam en Afrique de l'Ouest.

Importance culturelle

La bataille de Kirina et la victoire de Soundiata Keïta sont immortalisées dans l'épopée de Soundiata, une histoire transmise oralement par les griots (poètes et historiens traditionnels), qui demeure une partie essentielle de l'héritage culturel de l'Afrique de l'Ouest.

Sources

Les sources concernant l'histoire de l'empire du Mali sont peu nombreuses, équivoques et lacunaires, ce qui explique que son histoire soit encore l'objet de débats.

Écrites

Elles sont de deux types : les sources écrites extérieures, les seules jusqu'au XVIe siècle et des sources écrites locales à partir du XVIe siècle qui émanent des cercles lettrés de la boucle du Niger. Les premières englobent les écrits des voyageurs et compilateurs arabes et berbères, essentiellement Al Bakri au XIe siècle et Al Umari, Ibn Battuta et Ibn Khaldoun au XIVe siècle. Les secondes sont le Tarikh es-Soudan et le Tarikh al-Fattach, chroniques/histoire des Noirs et chronique du chercheur, qui apparaissent après la conquête de l'empire songhaï par les Marocains et qui traitent un peu du Mali.

Les récits des voyageurs portugais et espagnols apportent des informations sur un royaume du Mali plus tardif et qui a alors beaucoup régressé. On peut donc contester leur légitimité à parler de l'empire du Mali car celui ci se serait au fil du temps désagrégé sous la pressions des révoltes des vassaux puis transformé en royaumes morcelés indépendant entre eux vers la fin de l'Empire avec le dernier Mansa connu de source écrite Mahmud IV vers 1610 ou 1630.

Orales

Eu égard à la place qu'occupaient les jeli (griots) à la cour malienne, et étant donné que cette fonction sociale existe toujours, les traditions orales occupent une grande place dans les études sur le Mali ancien. Elles n'ont pas fait l'objet d'un recueil général et d'une publication groupée qui permettraient des études comparatives. Elles sont censément fixées et transmises de génération en génération de façon formalisée mais elles varient d'un village à l'autre, d'une région à l'autre et, par le recueil précoce de ces traditions aux premières heures de la colonisation, il est possible de voir qu'elles ont subi aussi des altérations dans le temps.

Elles sont donc sujettes à caution et il ne faut pas y voir un réservoir brut d'informations historiques car elles reflètent des enjeux sociaux et informent davantage sur les représentations des sociétés au sein desquelles elles ont émergé.

La tradition la plus connue est celle relatant l'ascension au pouvoir de Soundiata Keïta qui a fait l'objet de nombreuses publications, dont Sunjata ou l'épopée mandingue de D.T. Niane ainsi que les travaux de l'historien Youssouf Tata Cissé, du griot Wa Kamissoko et de Siriman Kouyaté pour des écritures de la charte du Manden, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco mais dont l'ancienneté est contestée. Il faut aussi citer les ouvrages de l'historien malien, Youba Bathily, qui consacra un livre sur la formation du Mali[3]. et un autre sur Kouroukanfouga[4].

Études archéologiques

Peu d'études archéologiques sont disponibles. La plus importante, les fouilles de Filipowiak à Niani, en 1965, 1968 et 1973, n'a pas donné de résultat probant pour la période médiévale (XIIIe-XVIe siècle). Les recherches archéologiques sur l'Empire du Mali font face à plusieurs défis. L'érosion, les pillages, et les conflits dans la région ont endommagé de nombreux sites. De plus, la préservation des manuscrits et autres artefacts reste un défi majeur en raison des conditions climatiques et du manque de ressources. En somme, les recherches archéologiques continuent de révéler des aspects essentiels de l'histoire de l'Empire du Mali, mais beaucoup reste encore à découvrir pour comprendre pleinement la grandeur et l'impact de cet empire.

Étymologie

La Grande mosquée de Djenné - Patrimoine mondial de l'Humanité.

L'étymologie du nom « Mali » n'est pas claire. Les habitants de l'Empire ont toujours appelé leur pays Manden ou Mandé et non Mali. En bambara-malinké, « man » désigne le lamantin en et « den » veut dire « enfant » : « manden » signifie donc « enfant du lamantin ». Dans les sources arabes, il est fait référence à l'empire du Malel, Malal, Melli ou Mali[5], sans indication sur la signification de ce terme.

Les Peuls (ethnie nomade présente au Mali depuis la création de l'empire) appellent les habitants du Manden : « Malinké », littéralement « la bonne chance ». Le pays est donc appelé Manden par ses habitants, les Mandenka, et nommé Mali ( « conclure un arrangement », « porter chance ») par les Peuls, qui désignent ses habitants sous le nom de Malinké, « ceux qui portent chance ». Le pays de Mandé ou Mali est appelé Mani par les Soninké, les habitants sont appelés Maninké (gens du Mali). Mali, en bambara, veut dire aussi « hippopotame »[6]. Il s'avère que cet animal se plaît particulièrement au sud du pays, là où habitent les Malinkés et les Bambaras.

Géographie

L'empire du Mali s’étendait entre le Sahara et la forêt équatoriale, l'océan Atlantique et la boucle du Niger soit sur les actuels Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Côte d'Ivoire et la Mauritanie[5]. Il était un carrefour important entre les peuples nomades du Sahara et les peuples de l'Afrique noire équatoriale. Son économie reposait sur l'agriculture, l'artisanat, l'exploitation des mines d'or et le commerce de l'ivoire vers le bassin méditerranéen.

Capitale de l'empire du Mali

Les capitales de l'empire du Mali étaient Dakadjalan, Niani et Kangaba, dernière capitale connue de l'Empire du Mali gouvernée par la lignée des Keita Kandasy dans la région du Mandé, branche dépositaire de l'héritage de Soundiata Keita ainsi que gardienne du Kamabulon et de la place mythique du couronnement traditionnel du premier Empereur, Kouroukanfouga.

Les sources relatives à la capitale du royaume du Mali

Il existe plusieurs types de sources qui nous renseignent sur la capitale.

Les sources écrites des géographes arabes et des Tarikh

Pour la période de l'apogée du royaume (XIIIe-XVe siècle) nous disposons des récits de trois géographes et voyageurs arabes. Tout d'abord al-Umari[7] (1301-1349) nous livre des informations sur la ville qui datent d'avant 1340 par le biais d'un informateur. Le géographe suivant est Ibn Battûta (1304-1368). Sa relation est la plus importante concernant l'histoire du royaume du Mali en général. C'est le seul à s'être rendu dans le Sahel au cours d'un voyage débuté en et achevé en . Il séjourna huit mois dans la capitale et nous donne des informations très précises sur la structure de la ville. La description de son trajet pour s'y rendre comporte de nombreuses zones d'ombre et demeure le point le plus interprété par l'historiographie[8]. Enfin, le dernier grand auteur pour cette période est Ibn Khaldoun (1332-1406) qui a recueilli des informations depuis le Caire. Notons que les traductions et éditions des manuscrits, quand elles le donnent, comportent toutes un nom différent pour désigner la capitale.

On retrouve le même problème dans les chroniques (Tarikh) des XVIe et XVIIe siècles, respectivement le Tarikh es-Soudan d'Abderrahmane Es Saâdi et le Tarikh el-fettach de Mahmud Kati qui retracent l'histoire de l'empire du Songhay mais accorde une petite place à l'histoire du royaume du Mali. Ainsi, finalement pour le nom de la capitale, il existe plusieurs traductions et vocalisations (Malli, Byty, Bini, Bani, Yani', liste non exhaustive). Dès lors, on ignore si tous ces noms renvoient au même lieu ou désignent la même capitale.

Les sources orales et archéologiques

Il n'est pas exact de parler de sources archéologiques pour la capitale puisque, à ce jour elle n'a pas été encore retrouvée. Cependant plusieurs sites apparaissent dans l'historiographie. Niani-Madugu, Mani-Koura ou Mali-Tombo, et enfin Niani, petit village près du fleuve Sankarani dont le site archéologique a été fouillé lors de trois campagnes en 1965, 1968 et 1973. Ce dernier site fait l'objet d'un développement ci-dessous. Enfin le dernier type de source concerne les traditions orales, récits formalisés dont la transmission est assurée par la caste des jeli déjà présente sous le royaume du Mali et toujours présente dans certains villages du Mali aujourd'hui, dont le plus connu est Keyla.

Les premières hypothèses (1841-1912)

Cooley[9], géographe anglais, est le premier à émettre en 1841 une hypothèse sur la capitale. Il la situe près du village de Samee, près du fleuve Joliba. Binger, officier français qui traversa le Sahel, donne en 1892 une localité toute différente, le site de Nianimadougou, près de Yamina. Ces hypothèses ont en commun la rive gauche du fleuve Niger. Elles n'ont pas été reprises par l'historiographie[10].

C'est Maurice Delafosse qui le premier donne une vraie consistance au sujet. En 1912, dans son ouvrage Haut-Sénégal-Niger, il donne raison à Binger dans un premier temps, avant de s'orienter vers une nouvelle hypothèse qui s'est imposée comme un paradigme sur la question. Youba Bathily, dans son ouvrage sur Kouroukanfouga, place la capitale de Niani au nord de Mandiana, en Guinée. Selon lui, Le champ de la bataille de Niani est situé au nord du village de Balandougouba (capitale de la sous-préfecture qui porte ce nom) dans la préfecture de Mandiana, sur la rive gauche du cours d’eau Sankarani qui marque en certains endroits la frontière entre le Mali et la Guinée[11].

Niani est la capitale du Mali (1923-1958)

C'est la période où les publications sur la question de la capitale atteignent leur apogée. Les administrateurs coloniaux, Delafosse tout d'abord, puis Vidal et Gaillard par la suite, établissent, par une série d'articles, un lien formel entre le nom de Niani du site près du Sankarani, et le nom présent dans les sources écrites. Un paradigme s'est formé et il est clairement un lien causal fort des fouilles archéologiques qui se sont opérées à Niani.

Les campagnes archéologiques à Niani (1965-1973)

Le Polonais Filipowiak a mené les campagnes de fouilles sur ce site. Il a été assisté du spécialiste de l'histoire du Mali, D. T. Niane, et entretenait une correspondance avec Raymond Mauny le spécialiste français du Soudan médiéval, professeur en Sorbonne. À l'issue des fouilles, il a publié en 1979 un ouvrage qui présente les conclusions de ses travaux, Études archéologiques sur la capitale médiévale du Mali. Il y affirme avoir trouvé la capitale du royaume du Mali. La remise en cause des résultats de Wladislaw Filipowiak arrive vite. En effet, les conclusions de ses travaux sont connues avant la sortie de son livre. Meillassoux et Hunwick, en reprenant l'itinéraire d'Ibn Battuta, proposent de nouvelles localisations. Raymond Mauny avant eux[12] avait pointé les contradictions des écrits de Filipowiak avec les résultats des analyses au carbone 14.

Vers la remise en cause du site de Niani comme capitale, le renouvellement des hypothèses

Face à cette impasse des tentatives de retrouver la capitale à l'âge d'or, les historiens se tournent vers la capitale primitive (Conrad, Greenn[Qui ?]) et utilisent désormais des termes plus neutres, comme « cour des Mansa » ou « cour royale des Mansa », pour supplanter le terme de « capitale » étant donné que les dernières hypothèses tendent à envisager le caractère mobile ou nomade de la cour entre plusieurs villes (idée véhiculée par la communauté historienne anglo-saxonne)[13]. La question reste donc en suspens, les sites ayant été étudiés n'ayant pas donné de résultats probants. La capacité heuristique du travail des sources semble entamée, ce qui explique un certain abandon de la question. Peut-être faut-il redéfinir l'espace et les études pour relancer les prospections sur de nouvelles aires.

Organisation de la dynastie impériale Keita

Sur le plan politique

Assemblée constitutive de l'empire du Mandé, anonyme, 2010, Siby (Mali)

[14]L'empire du Mali était une confédération constituée des États tributaires et des provinces. Les provinces étaient dirigées par des gouverneurs appelés Farins ou Farba, et il y avait un vizir, qui assumait les fonctions de premier ministre. L'empereur était secondé par un conseil des anciens (chefs militaires, civils et marabouts). Toutes les décisions politiques et administratives étaient prises en conseil.

Il n'y avait pas de règles précisément écrites attestant d'un mode stricte de transmission du pouvoir au sein de la famille Keita, en raison de la prédominance de la tradition orale, mais certains exemples nous permettent de connaître les critères d'éligibilité au trône du temps de la gouvernance des Mansa. Selon les circonstances, la succession au trône du Mansa pouvait varier comme :

  • Être issu de la famille du Mansa : La famille Keita avait été désignée comme régnante sur l'Empire comme énoncé dans la charte de Kouroukanfouga. Parfois, le frère du Mansa héritait du pouvoir, tandis qu'à d'autres moments, c'était le fils du souverain défunt qui lui succédait même en présence d'un frère du Mansa disponible. Cette flexibilité dans la transmission du pouvoir reflétait les dynamiques complexes de la royauté, où l'héritage n'était pas strictement linéaire mais pouvait s'adapter en fonction des besoins politiques, des alliances familiales, ou des traditions en vigueur.
  • Par décision de l'Assemblée constitutive (la Barga) (Gbara) : Pour devenir Mansa, il ne suffisait pas d'être héritier direct ou membre de la famille Impériale. Le choix du souverain reposait avant tout sur les compétences à gouverner, évaluées par le conseil de la Barga, composé des anciens sages et chefs traditionnel de l'Empire. Ces sages influents, gardiens des traditions et de la stabilité du royaume, avaient le pouvoir exclusif d'approuver la succession au trône de Mansa. Leur décision, fruit de délibérations approfondies, se basait sur la capacité du candidat à maintenir l'ordre, la prospérité et à défendre les intérêts du peuple. Ce système garantissait que seul un dirigeant jugé apte par les anciens pouvait accéder au trône, renforçant ainsi la légitimité et la continuité du pouvoir impérial.
  • Appartenir à la famille Keita : Pour accéder au trône de Mansa, l'appartenance à la lignée royale authentique revêtait également une importance cruciale. Etre un descendant de la famille Keïta en ligne féminine conférait aussi une certaine légitimité à prétendre au trône. Cet prétention par la lignée féminine s'est illustré par le cas du cinquième Mansa, Abu Bakr Keita, fils d'une des filles de Soundiata, Kolonkan Keita. Cependant l'accession au pouvoir se faisait exclusivement par les héritiers masculins ayant des liens de sang direct avec la lignée impériale en restreignant la revendication directe par la mère. La lignée maternelle incarnait ainsi un lien sacré avec l'ancêtre fondateur, Soundjata Keïta, garantissant que le trône restait entre les mains de ceux qui portaient en eux le sang et l'esprit de ce légendaire conquérant. Ce principe de succession, mêlant habilement compétence et noble ascendance, renforçait non seulement la légitimité du souverain, mais assurait également la pérennité des valeurs et des traditions qui avaient façonné l'empire.
  • Par adoption par le Mansa : Soundiata est non seulement reconnu pour ses exploits militaires et son rôle unificateur, mais aussi pour sa vision inclusive du leadership. Au-delà de ses descendants biologiques, Soundiata a également intégré à sa famille des fils adoptifs, un geste qui reflétait à la fois sa sagesse politique et son sens de la fraternité. Ces fils adoptifs n'étaient pas simplement des orphelins recueillis par le Mansa, ils étaient souvent les enfants de ses généraux afin de garantir leur loyauté. Les fils adoptifs bénéficiaient d'une éducation prestigieuse à la cour, où ils apprenaient les arts de la guerre, de la diplomatie et de la gouvernance, aux côtés des héritiers directs. Certains de ces fils adoptifs ont joué des rôles clés dans l'administration et la défense de l'empire, devenant eux-mêmes des figures influentes comme pour le cas de Ouati et Khalifa Keita.

Le point certain et le critère commun pour un prétendant au trône impérial, au vu de tous les modes de transmission du pouvoir évoqués ci-dessus, serait dans la majorité des cas d'appartenir à la famille légitime Keita et d'être adoubé par l'Assemblée constitutive (la Barga) du Mandé.

Selon le chercheur malien Youba Bathily, la transmission du pouvoir au Mandé obéissait plutôt à une règle d'ancienneté au sein de la lignée impériale. Dans ce système, le trône n'était pas automatiquement dévolu au fils du souverain défunt ou à un frère cadet, ou à un membre de la famille Keita, mais plutôt à l'homme le plus âgé de la dynastie. Cette tradition, profondément enracinée dans les coutumes du Mandé, mettait en avant la sagesse et l'expérience, valeurs essentielles pour diriger un empire aussi vaste et diversifié que celui du Mali. Le choix de l'homme le plus âgé reflétait une croyance selon laquelle l'âge apportait non seulement la maturité nécessaire pour gouverner, mais aussi une connaissance approfondie des lois, des traditions, et des besoins du peuple.

Ce mode de succession visait à garantir que le nouveau Mansa possédait l'autorité morale et la légitimité pour maintenir l'unité du royaume et poursuivre l'œuvre de ses prédécesseurs. L'application de cette règle d'ancienneté offrait également une forme de stabilité en évitant les conflits de succession. En choisissant le plus âgé de la lignée, la transition du pouvoir était souvent plus pacifique, car elle était perçue comme l'application d'une loi naturelle et juste, réduisant ainsi les rivalités internes. Toutefois, cette règle n'était pas rigide; elle pouvait être modulée par les décisions du conseil des anciens, comme le conseil de la Barga. Dans certains cas, si l'homme le plus âgé n'était pas jugé capable de régner efficacement, les anciens pouvaient décider de passer outre cette tradition pour désigner un autre membre de la famille royale, plus apte à gouverner. Ainsi, la vision de Youba Bathily met en lumière la complexité de la succession au sein de l'Empire du Mali, où les coutumes, la sagesse collective, et les réalités politiques s'entremêlaient pour déterminer le choix du souverain. Ce système garantissait non seulement la continuité du pouvoir, mais aussi la préservation des valeurs ancestrales au cœur de la culture mandingue[15].

La loi de succession dans l'empire du Mali, comparée aux systèmes européens, se rapprochait davantage d'une monarchie élective ou semi-élective. Ce modèle reposait sur la décision d'un grand conseil, composé de chefs traditionnels, de sages notables de la communauté, de chefs de guerre, ainsi que de vieux sages issus des hautes sphères et d'autres figures éminentes. Bien que le trône fût accessible aux héritiers mâles de la lignée royale des Keita, les femmes étaient, en revanche, exclues de la succession directe, malgré leur rôle crucial dans la transmission du sang royal et leur influence politique souvent significative.

L'adoubement du nouveau souverain était prononcé par le chef de ce conseil, qui détenait le pouvoir ultime de rendre la sentence finale. Ce processus reflétait une forme de démocratie « médiévale » unique en son genre, ancrée dans la tradition mandingue. Ce système de gouvernance participative trouve un écho dans la rédaction de la première constitution de la société mandingue, connue sous le nom de Charte de Kurukan Fuga enregistrée au patrimoine de l'UNESCO en 2009.

Cette charte incarnait les principes de justice, de solidarité et de respect mutuel qui guidaient la vie communautaire, offrant ainsi un cadre juridique et moral pour l'empire. Le processus de succession, tout comme la Charte, illustrait la capacité des sociétés africaines précoloniales à développer des structures politiques et juridiques complexes, valorisant à la fois la sagesse des anciens et la participation collective dans la prise de décisions, tout en maintenant une stricte distinction entre les rôles dévolus aux hommes et aux femmes dans la transmission du pouvoir royal. Cependant Dans les années 1960 Cheikh Anta Diop l’illustre savant-scientifique sénégalais, dans son fameux ouvrage L’unité culturelle de l’Afrique noire : domaines du patriarcat et du matriarcat dans l’antiquité classique, affirme avec conviction que les sociétés africaines étaient essentiellement matriarcales dans la transmission du pouvoir.

Composition du Grand Conseil

L'Assemblée constitutive – le Premier Grand Conseil de l'Empire – est réunie à Kouroukafouga (Kangaba) vers 1235 à la suite de la victoire de Soundiata Keïta. Celui-ci se faire élire et proclamer Roi des rois "Mansa" ou "Manden Massa" par l'assemblée constitutive du Mandé avec pour programme ;

  • « Que ceux qui font la guerre, fassent la guerre, que ceux qui font du commerce, fassent du commerce, que ceux qui pratiquent l'agriculture fassent de l'agriculture, ainsi le mandé sera agréable à vivre. » Les
Composition du Conseil du Mandé
  • Un représentant et porte-parole du roi, président (Balafasen Kuyate en 1235) nom de famille aujourd'hui en tant que « Kouyate » djélis du clan des Keita.
  • Dix représentants de chefs de guerre dont le Mansa
  • Cinq sages marabouts
  • Cinq représentants d'hommes de castes : c'est-à-dire des forgerons, des artisans, des commerçants, des esclaves, des granke
  • Dix femmes et sorcières
  • Dix niangas

Sur le plan économique

Traite des esclaves du temps de Marraba, roi des Mandingues, 1860

L'Empire était devenu prospère grâce aux mines d'or, de cuivre, la vente d'esclaves et un grand commerce transsaharien. Cette prospérité entraîna le progrès des villes telles que Oualata, Tombouctou, Djenne et Niani.

Sur le plan social

La famille étendue (Maisons/Clans) était la base de l'organisation sociale. La société était composée de nobles, d'hommes libres et de prisonniers.

Sur le plan religieux

Sur le plan religieux, l'Empire du Mali présente une dynamique complexe qui illustre les interactions entre l'islam et les croyances animistes traditionnelles. Bien que l'islam ait été adopté par les élites dirigeantes, notamment les empereurs, la diversité religieuse au sein de l'empire était marquée.

L'islam et les empereurs mandingues

La plupart des sources historiques, y compris les récits de voyageurs comme Ibn Battuta ou Al-Umari, rapportent que les empereurs mandingues, à partir de Sundiata Keïta, étaient musulmans. L'adoption de l'islam par la classe dirigeante a renforcé les liens avec le monde islamique, facilitant les échanges commerciaux transsahariens et les pèlerinages à La Mecque, comme celui de Mansa Musa, qui a grandement contribué à la renommée de l'Empire du Mali. Cependant, certains chercheurs, dont Youba Bathily, suggèrent que tous les empereurs n'étaient pas nécessairement musulmans. Pour Youba Bathily, il y a eu des empereurs animistes et la plupart des populations du sud étaient idolâtres ; les communautés Touré, Diané, Cissé, Bérété et Kouma étaient les musulmans déclarés (page 61 du livre sur Kouroukanfouga de Bathily, voir bibliographie). L'empereur était musulman, mais la plupart des personnes vivant dans cet empire étaient animistes.Selon lui, certains empereurs pouvaient avoir maintenu des pratiques animistes, et l'influence de l'islam était plus marquée dans les cercles proches du pouvoir et parmi certaines communautés spécifiques, telles que les Touré, Diané, Cissé, Bérété et Kouma, qui étaient les principaux groupes musulmans de l'empire.

L'islam et les populations du Sud

Bien que l'empereur ait souvent été musulman, une grande partie des populations vivant dans les régions du sud de l'empire pratiquaient des croyances animistes. Pour ces populations, l'islam pratiqué par l'empereur était souvent perçu comme une expression de sa force et de son autorité, mais cela ne signifiait pas nécessairement une conversion à grande échelle à cette religion.

Le rôle de l'empereur et la conversion religieuse

L'empereur malinké n'a pas cherché à imposer l'islam à l'ensemble de la population. Cette approche tolérante permettait de respecter les traditions locales tout en préservant la cohésion sociale. De plus, le commerce des prisonniers de guerre, qui constituait une source importante de revenus, aurait été impacté par une conversion généralisée à l'islam, puisque l'esclavage entre musulmans est interdit par la loi islamique. Ainsi, l'empire a pu maintenir un équilibre entre les différentes croyances religieuses présentes sur son territoire. L'Empire du Mali a su concilier l'islam, adopté par ses dirigeants, avec les croyances animistes profondément enracinées dans la société malinké. Cette coexistence pacifique entre les deux traditions a permis à l'empire de prospérer tout en respectant la diversité religieuse de sa population.

Histoire

Les origines

Le Manding (ici dans la région de Siby) est le berceau de l'empire du Mali

La région du Manding (ou Mandé) était divisée en trois provinces dirigées par les clans malinkés : les Condé régnaient sur la province du Do, les Camara sur le Bouré et les Keita Konaté alliés aux Traoré dans le Kiri. Vers 1050, le clan des Keita Konaté l’emporte sur les autres. Ils se convertissent à l’islam et refusent la soumission à l’empire du Ghana.

À la fin du XIIe siècle, règne sur le manding Naré Maghann Konaté, père de Soundiata Keita. Il a pour résidence Dakadjalan[16](vieux Manding). Il cherche à s’allier avec les royaumes voisins afin de s’opposer aux nomades venant du Sahara afin de capturer des esclaves. Au nord, Soumaoro Kanté, roi du Sosso conquiert les petits royaumes voisins au XIIIe siècle et constitue une armée très disciplinée. Voulant contrôler les mines d’or, Soumaoro Kanté attaque le Manding.

Une autre version de la tradition orale rapporte qu'avant sa conquête par le roi du Sosso, le pays appelé au nom de Mandé était peuplé de huit ethnies : Malinkés, Peuls, Bobos, Dogons, Sénoufos, Soninkés, Bambaras et Bissas. Ce fut au début une confédération appelé Sossodaga et composé de deux entités: Sosso et Sossodaga. Le Sossodaga, au sud et vers l'ouest, a été peuplé par les gens de Sosso qui s'en servaient comme lieu de culture et de chasse. Sossoet Sossodaga furent au début dirigé par les Keyta. Après le retrait du Sosso de la confédération, Sosso passa à la direction des Camara, des Traoré et des Bouaré ; de l'autre côté, le territoire de Sossodaga (ancêtre du Mandé) s’organisa et proclama son propre royaume à Doko (nord de Siguiri, Guinée). Le nouvel état devint Mandé ou Mali ; son premier leader fut Fabla Keyta, grand-père de Soundiata. Deux rois lui succédèrent et encore d'autres dirigeants. Puis vint au pouvoir Makan, le père de Soundiata. D'autres rois régnèrent, mais Massakan appelé Dankara-Toumani accéda au trône, le Mandé rentra en conflit avec le royaume de Sosso commandé par les Kandé. Pendant que le roi négociait l'armistice, son frère, Soundiata, refuse de se soumettre et galvanise les troupes pour la résistance. Soundiata fut alors chassé du pays, avant que les troupes du Sosso n'investissent la capitale Niani du Mandé[17].

le Manden Massa Soundiata Keita

La vie de Soundiata Keïta est connue par la tradition orale rapportée par les griots : sous la forme d'une épopée légendaire, elles en font un héros-fondateur. Néanmoins de brèves mentions du personnage et du contexte géopolitique à l'époque de son règne chez deux auteurs arabo-berbères du XIVe siècle (Ibn Khaldoun et dans une moindre mesure Ibn Battûta), ainsi que dans les chroniques écrites du XVIIe siècle, confirment qu'il fut bien un personnage historique et corroborent certains faits évoqués dans les sagas orales. En plus, Bathily Youba a largement écrit sur la vie de Soundiata, de ses ancêtres et successeurs dans son livre sur Kouroukanfouga cité en référence dans la bibliographie.

Sundjata Keïta à l'assemblée constitutive de Kurukan Fuga du Mandé

En difficulté devant les attaques de Soumaoro Kanté, les Malinkés font appel à Soundiata Keïta. Selon la tradition racontée par les griots, Soundiata Keita serait né handicapé et ce n’est que tard qu’il aurait pu marcher. Il aurait été persécuté par son frère aîné Dankaran Tuman, ce qui l'aurait poussé à s’exiler à Néma. Selon les dernières publications des historiens maliens, Soundiata a eu 8 prédécesseurs : Fabla Keita (Grand-père de Soundiata), Siraba Keita (fils de Fabla et frère consanguin de Siraba), Noubi Keita (premier fils d'un frère de Fabla), Makan Keita (fils de Fabla et père de Soundiata), Foulido Keita (frère consanguin de Makan et oncle de Soundiata), Bamou Keita (premier fils de Foulido), Tobassira Keita (un autre un fils de Foulidou et frère consanguin de Bamou), Massakan Keita appelé également Dankarantouma (fils aîné de Makan et frère consanguin de Soundiata). Cela montre que la succession était donné au plus âgé[18].

Vers 1230, Soundiata devient roi et réunit les clans malinkés à Siby. Selon les traditions orales, il aurait organisé une armée composée de dix mille cavaliers et de cent mille fantassins et entrepris la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, c’est vers 1235 que Soundiata Keïta vainc l’armée de Soumaoro à Kirina. Selon la légende, Soumaoro disparaît dans les montagnes autour de Koulikoro. Sundjata Keïta conquiert alors tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’empire du Mali. Il est proclamé « Mansa » ce qui signifie « Roi des rois ». Il met en place une organisation administrative et militaire. La population est répartie en 30 clans : 16 clans d'hommes libres ; 4 clans de griots ; 5 clans maraboutiques , et 5 clans d'artisans. Pour rassembler ces clans, il instaure le système de parenté à plaisanterie. Il met en place deux gouvernements militaires au Nord à Soura et au Sud à Sankaran. Il établit la capitale de l’Empire à Niani.

Toutefois, la guerre du Mandé contre le Sosso et la proclamation de l'empire restent des sujets de controverse. Youba Bathily, dans son livre sur Kouroukanfouga. Selon l'auteur, l'armée du Mandé reçut l'appui de plusieurs communautés pour guerroyer contre le Sosso. Il y aurait eu 11 batailles au total dont 8 remportées par le Sosso et 3 par les Mandingues. La bataille de Niafu fut le premier affrontement tandis que la bataille de Kirina serait la quatrième et non la dernière qui se déroula à Dobrika. Soundiata serait revenu d'exil après la bataille de Kirina ou Krina. Pour ce qui est de la date de 1235 retenue par plusieurs chercheurs comme année de création de l'empire, Bathily avance des arguments soutenant la date de 1248.

Après ces conquêtes, le règne de Soundiata Keïta est connu pour être une époque de paix, de prospérité et de liberté à la suite de la proclamation de la charte du Manden[16]. L’empire du Mali regroupait alors des populations issues de différentes ethnies: Malinkés, Soninkés, Jallonké, Peuls,Wolofs, Toucouleurs, Sereres, Bainouks, Diolas, Manjaques, Balantes, Mancagnes, Bambaras, Khassonkés, Koniankés, Mahous, Diakhankés, l'ethnie dominante est les Malinkés. Soundiata Keita meurt vers 1255, mystérieusement, Wa Kamissoko dit que la cause de sa mort serait la vieillesse à Dakadjalan, tandis que d'autres sources évoquent la noyade. Selon la légende, il se serait transformé en hippopotame. Une autre version rapporte qu'il serait mort au combat.

Les successeurs de Soundiata Keïta

À la mort de Soundiata Keita, plusieurs de ses fils lui succèdent : Ouali Mansa wullen (vers 1255 - vers 1270), Ouati (vers 1270 - vers 1274), Khalifa (vers 1274 - vers 1275). Ensuite, c’est Abu Bakr (Abubakar I) (vers 1275 - 1285), neveu de Soundiata Keïta et fils de kolonkan sa sœur, qui prend le trône et adoubé en tant que Mansa.

Après la mort de ce dernier, Sakoura, qui ne fait pas partie de la lignée des Keïta, s’empare du trône et règne pendant 15 ans, de 1285 à 1300 pendant lesquels il va consolider l’Empire. À sa mort, les descendants de Soundiata Keïta retrouvent le pouvoir avec Gao (vers 1300-1305), puis le fils de ce dernier, Mohammed ibn Gao (vers 1305-1310), enfin son neveu Aboubakri II (vers 1310-1312).

Aboubakri II est devenu célèbre en lançant deux expéditions pour connaître les limites de l’océan. En effet, Ibn Fadl Alla Al Omari[19] rapporte qu'Aboubakry II aurait d'abord équipé deux cents « navires » en vue d'explorer l'autre rive de l'océan Atlantique ; dont aucun équipage ne serait revenu. Puis il en affréta deux mille autres dont il prit le commandement, mais ne revint jamais de son expédition[20]. La tradition malinké le considérant alors comme mort, ce qui en justifia la succession, en l'occurrence, par son fils Kankou Moussa ou Kangou Moussa ou encore KanKan Moussa.

  • Soundiata Keïta (1240-1255)
  • Ouali Keïta (1255-1270) fils biologique de Soundiata ;
  • Ouati Keïta (1270-1274) frère de Ouali présumé adoptif (fils d'un des généraux de Soundiata) ;
  • Khalifa Keïta (1274-1275) 3e frère de Ouali présumé adoptif (fils d'un des généraux de Soundiata) ;
  • Abu Bakr Keïta (1275-1285), neveu de Soundiata, fils de sa fille Kolonkan Keita ;
  • Sakoura, usurpateur au trône ayant pris le pouvoir par la force (1285-1300), ne faisant pas partie de la famille Keita ;
  • Gao Keïta (1300-1305), fils de Ouati ;
  • Mohammed ibn Gao Keïta (1305-1310) son fils ,
  • Aboubakri II Keïta (1310-1312) petit-fils de Soundiata présumé fils de Abu Bakr Page d'aide sur l'homonymie.

Mansa Kankou Moussa

Mansa Musa, également connu sous le nom de Kankan Moussa, est l'une des figures les plus éminentes de l'histoire africaine et mondiale. Souverain de l'Empire du Mali au début du XIVe siècle, il a non seulement marqué son époque par sa richesse inégalée, mais aussi par son leadership éclairé, sa piété, et son engagement envers le développement de son empire.

Un empereur d'une richesse légendaire

Portrait de Mansa Moussa, extrait de l'Atlas catalan d'Abraham Cresques (vers 1375).

En 1324, il effectue un pèlerinage à la Mecque dont la tradition et les sources arabes[19] garderont le souvenir des fastes : accompagné de milliers de serviteurs et d’esclaves, il aurait emporté tellement d’or (environ 10 tonnes) que le cours du métal précieux aurait baissé pendant plusieurs années. Sa générosité aurait frappé les esprits. Néanmoins, selon Elikia Mbokolo, Mansa Moussa aurait vendu la plupart des esclaves (8 700 à 14 000 selon des sources) en Égypte et en Arabie[21],[22].

Toutefois, Serge Daget et François Renault observent qu'à ce propos les sources arabes ne sont pas unanimes, ni sur les effectifs (de 8 000 à 14 000) du cortège de Kankou Moussa, ni sur leur statut : tantôt on parle d'« esclaves », tantôt de « sujets » ou encore de « personnes » ; sans toujours savoir s'ils ont été vendus par le Mansa Mali[23].

Kango Moussa revient au Mali accompagné de plusieurs hommes de science et de culture dont Abou Ishaq es-Sahéli, originaire de Grenade qui a été l’architecte de la Mosquée Djingareyber construite en 1328 à Tombouctou. Mansa Moussa meurt sans doute en 1337.

Un bâtisseur visionnaire

Sous le règne de Mansa Musa, l'Empire du Mali a atteint son apogée. Il a investi dans le développement des infrastructures, la construction de mosquées majestueuses, et la promotion de l'éducation. La ville de Tombouctou, en particulier, est devenue un centre d'apprentissage renommé, attirant des érudits du monde entier. Musa a fondé l'université de Sankoré.

Un dirigeant sage et juste

Mansa Musa était non seulement un chef puissant, mais aussi un dirigeant sage et juste, respecté par ses sujets et ses pairs. Il a su maintenir la stabilité et la prospérité de son empire, tout en favorisant la tolérance et la coexistence pacifique entre les différentes communautés religieuses et ethniques. Son règne est souvent évoqué comme une période de paix, de prospérité, et d'épanouissement culturel.

Un héritage immortel

L'héritage de Mansa Musa perdure bien au-delà de son règne. Il a non seulement consolidé la puissance de l'Empire du Mali, mais il a aussi laissé une marque indélébile dans l'histoire de l'humanité. Son règne symbolise une époque où l'Afrique de l'Ouest était un centre de richesse, de culture et de savoir, rivalisant avec les plus grandes civilisations du monde.

Les successeurs de Kankou Moussa et le déclin de l'empire du Mali

Plusieurs empereurs se sont succédé : Mansa Maghan (1337-1341), Mansa Souleymane, frère de Mansa Moussa (vers 1341-1360), son fils Kassa (vers 1360), Mari Diata II, fils de Mansa Maghan (vers 1360-1374), son fils Moussa II (vers 1374-1387), Magha II (vers 1387-1389), et l'usurpateur Sandaki (vers 1389-1390).

Après la mort de Mansa Souleymane, des querelles de successions affaiblissent l’Empire. Il est attaqué par les royaumes mossi, les Touaregs, qui brûlent Tombouctou en 1431, puis le Songhaï, qui fait sécession en 1464. Cela n'empêche pas le développement du commerce, porté par les Dioulas, et même une extension territoriale réorientée vers le sud, le Mali poussant vers la côte les Ashanti et annexant au milieu du XVIe siècle Begho, principale ville au sud de la savane située dans ce qui est aujourd'hui la région Brong Ahafo[24]. De la fin du XVe siècle au XVIIe siècle, Mali se réduit peu à peu à ses dimensions d’origine.

Le Mali vers 1530.

Mansa Mahmud IV Keita, dernier Mansa régnant

Empereur du Mali

Sous le règne de Mansa Mahmud IV ou Niani Mansa Mamadou l'Empire du Mali faisait face à de nombreux défis internes et externes. La puissance de l'empire avait considérablement diminué par rapport à son apogée sous des dirigeants comme Mansa Musa au XIVe siècle. L'empire était menacé par des forces extérieures, notamment les incursions marocaines. Le Maroc, après sa conquête de l'Empire songhaï voisin, cherchait à étendre son influence et ses territoires en Afrique de l'Ouest. L'Empire du Mali souffrait également de divisions internes et de luttes de pouvoir. Les différents clans et factions au sein de l'empire rivalisaient pour le pouvoir, affaiblissant davantage l'autorité centrale.

La bataille de Djenné en 1599, morcellement des territoires de l'empire du Mali

À la fin du XVIe siècle, les rois saadiens, forts de la réunification du Maroc et de leur victoire à la bataille des Trois Rois, mais ayant des besoins financiers importants, désirent contrôler les pistes sahariennes et les mines d'or et de sel qui dépendent de l'Empire songhaï. Face à un Askia Ishaq II récalcitrant à céder les mines de Teghazza, les Saadiens décident de diriger leur extension territoriale vers le sud et de les annexer. Ainsi, en 1577, les forces marocaines atteignirent Teghazza et obtiennent des Songhaïs l'exploitation des salines. En 1582, une expédition mal préparée échoue devant Tombouctou. Les deux armées se confrontent le lors de la bataille de Tondibi, à 50 km au nord de Gao, et les Songhaïs sont mis en déroute par les Marocains, équipés d'armes à feu. L'établissement du pachalik se fait par la destruction complète du pouvoir politique songhaï. Ishak II est alors forcé à quitter le pays pour s'établir en pays Gourmantché, où il trouvera la mort. Dans le Dendi, les dernières poches de la résistance songhaï menée par le successeur d'Ishak II, Muhammad-Gao, sont vaincues entre 1592 à 1594. Une fois l'opposition militaire songhaï éliminée, l'élite lettrée est à son tour éliminée en tant que force politique : des dizaines de oulémas sont massacrés ou exilés comme le célèbre Ahmed Baba. Les pachas échouent toutefois devant Djenné, qui n'est conquise qu'en 1599.

L'intervention du dernier Mansa régnant de l'Empire du Mali Mahmud Keita IV eu pour objectif de récupérer ces territoires perdus par la dynastie Keita se traduisant par une contre attaque contre la ville de Djenné en 1599 avec des alliés peuls, espérant profiter de la défaite de l'empire Songhaï. Des fusiliers marocains, déployés depuis Tombouctou, les ont rencontrés au combat, exposant le Mali à la même technologie ( armes à feu ) qui avait détruit l'Empire Songhaï. Malgré de lourdes pertes, l'armée du Mansa n'a pas été découragée et a presque prévalue. Cependant, l'armée à l'intérieur de Djenné intervint, forçant Mansa Mahmud Keita IV et son armée à se retirer à Kangaba. Niani Mansa Mahamadou est considéré comme le dernier Empereur de la longue lignée de Soundjata Keita à avoir régné officiellement sur les territoires connu comme l'Empire du Mali. À sa mort, ses descendants se disputèrent la succession résultant d'un fractionnement entre les différentes branches de la famille Keita en clans, encore observable de nos jours en Afrique de l'Ouest.

Bibliographie

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  • Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, Soundjata, la gloire du mali - Karthala - Hommes et Sociétés - Histoire
  • Youba Bathily, les Parties prenantes des Kouroukanfouga, Editions Mieruba, Bamako, 2022 (ISBN 979-8866991938)
  • Youba Bathily, Après l'Empire du Ghana: Entre les Empires du Ghana et du Mali, 13 février 2019, 173 pages (ISBN 978-1796800616)

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

  1. Hadrien Collet, « L’introuvable capitale du Mali. La question de la capitale dans l’historiographie du royaume médiéval du Mali », Afriques. Débats, méthodes et terrains d’histoire, no 04,‎ (ISSN 2108-6796, DOI 10.4000/afriques.1098, lire en ligne, consulté le )
  2. Smith Hempstone, Africa, Angry Young Giant, Kessinger Publishing, 2007.
  3. .Youba Bathily, « Les ancêtres de l'empire du Mali: Sossodaga et Sosso », dans Après l'Empire du Ghana: Entre les Empires du Ghana et du Mali, (ISBN 978-1796800616), p. 114–122
  4. .Youba Bathily, « Première et deuxièmes parties », dans Les parties prenantes de Kouroukanfouga, (ISBN 979-8866991938), p. 72–74
  5. a et b « Sous Kanku Musa, l’empire du Mali s’étendait de l’Océan Atlantique à Takedda à l’est, de la zone forestière au sud aux salines de Teghezza. L’empire contrôlait alors les placers aurifères du Buré, du Banbuk, de la Falémé et les salines du nord » Boubacar Séga Diallo (Flash, Université de Bamako, L’empire du Mali, 28 septembre 2007, Histoire de l’Afrique de l’Ouest [1]
  6. Jean Gallais, « Signification du groupe ethnique au Mali », Homme, vol. 2, no 2,‎ , p. 106–129 (DOI 10.3406/hom.1962.366487, lire en ligne, consulté le )
  7. Cuoq, J, Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIIIe au XVIe siècle, Paris, Centre national de la recherche scientifique, 1975, 490 p (Pour toutes les sources arabes consulter ce même ouvrage).
  8. voir les articles de Meillassoux, Delafosse, et Hunwick signalés dans l'historiographie
  9. Voir référence complète dans la bibliographie.
  10. C'est-à-dire toutes les études parues après cette première hypothèse, voire les références dans la bibliographie
  11. voire les références dans la bibliographie sur Kouroukanfouga à la page 58
  12. Hirsch, Fauvelle-Aymar, « La correspondance entre Raymond Mauny et Wladislaw Filipowiak au sujet de la fouille de Niani (Guinée), capitale supposée de l'empire médiéval du Mali », in Mélange offert à Jean Boulègue, 2009 à paraître
  13. On peut citer notamment Conrad et Green, voir les références pour leurs articles dans la bibliographie
  14. SOUNDIATA KEITA (MARI DIATA) ET L'EMPIRE DU MALI SELON IBN KHALDOUN, La Dynastie des Niakaté (, 16:28 minutes), consulté le
  15. Livre Les parties prenantes de Kouroukanfouga, pages 29-31 voire les références dans la bibliographie
  16. a et b Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, Soundjata, la gloire du mali - Karthala - Hommes et Sociétés - Histoire
  17. Livre Après l'Empire du Ghana: Entre les Empires du Ghana et du Mali, pages 18-34 voire les références dans la bibliographie
  18. Livre Après l'Empire du Ghana: Entre les Empires du Ghana et du Mali, pages 114-139 voire les références dans la bibliographie
  19. a et b Ibn Fadl Allah Al ‘Omari, Masalik el Absar fi mamalik el Amsar, Traduit par Gaudefroy-Demombynes, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris 1927
  20. Voir les ouvrages d'Ivan Van Sertima, en particulier They Came Before Columbus : The African Presence in Ancient America, Hardcover, Random House, 1976. Où l'auteur soutient que des membres des équipages d'Aboubakry II auraient bel et bien atteint l'Amérique du Sud, laissant des traces dans certaines cultures précolombiennes.
  21. Hugh Thomas, La traite des Noirs, éditions Robert Laffont, 2006, p. 27
  22. Elikia M'Bokolo, Afrique noire, Histoire, tome 1, éditions Hatier, 1995, p. 174
  23. François Renault et Serge Daget, Les traites négrières en Afrique, éd. Karthala, 1985, page 25, note no 34 :

    « Al Omari affirme que le souverain [Mansa Moussa] était accompagné « de quatorze mille jeunes esclaves affectés à son service particulier » [Cf. Masalik el Absar, traduction de 1927, p. 90]. Le même chiffre est retenu par Makrizi, mais il précise que c'était des esclaves femmes [Cf. Joseph Cuoq, Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIIIe au XVIe siècle, Paris CNRS, 1975, p. 390]. Al Omari, toutefois, deux pages après la citation précédente, réduit le chiffre à dix mille et ne mentionne plus que des « sujets ». Le Tarikh el Fettach, (traduction) Paris, 1964, de son côté mentionne « huit mille personnes » »

  24. I. Wilks, « Wangara, Akan, and Portuguese in the Fifteenth and Sixteenth Centuries », in P. Bakewell, Mines of Silver and Gold in the Americas., Ashgate (en), Aldershot, 1997.
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