La première production du Caïd à l'Opéra-Comique fut dirigée par Théophile Tilmant et mise en scène par Ernest Mocker[1]. L’œuvre reçut des critiques très favorables et fut le premier grand succès populaire d'Ambroise Thomas[3].
Le travail est emblématique de la vogue des spectacles évoquant le pouvoir colonial français, à la suite de la conquête de l'Algérie en 1830[4]. Il fut recréé par l'Opéra-Comique le , date de sa 100e représentation avec Caroline Miolan-Carvalho dans le rôle de Virginie[1]. Il fut à nouveau monté pour la dernière fois à l'Opéra-Comique, le , cumulant un total de 422 représentations par cette compagnie[5].
Hors de France, l'opéra a été joué pour la première fois à Bruxelles le ; il est donné à Londres, au St. James's Theatre, le [6] et à la Nouvelle Orléans le [1]. Il fut interprété en anglais au Theatre Royal Haymarket à Londres le (sous le titre The Cadi, ou Amours parmi les Maures [7]) et à Manchester le . Il fut interprété en allemand à Vienne en 1856, Berlin en 1857, et Prague en 1860, et en italien à Milan en 1863, Barcelone en 1865, Florence en 1877 et Naples en 1889[8].
Aboul-y-far, le caïd d'une ville algérienne sous administration coloniale française, fait régulièrement face aux critiques virulentes de ses sujets concernant les impôts et taxes qu'il leur impose. Birotteau, un coiffeur français de la ville, propose au caïd un "talisman secret" qui le protégera des violences et attaques de ses sujets. Son prix est de 20 000 boudjou. Le caïd, avare notoire, offre en paiement la main de sa propre fille Fathma. Birotteau est flatté de la proposition et accepte l'offre, oubliant qu'il est déjà engagé avec Virginie, qui possède une meunerie en ville.
Pendant ce temps, Ali-Bajou, intendant et factotum du caïd, a un plan différent pour protéger son maître. Il entretient une romance passionnée entre Fathma et Michel, tambour-major dans l'armée française. Quand Michel et Virginie prennent connaissance de l'accord de Birotteau avec le caïd, ils sont furieux. Devant le vœu de vengeance de Virginie et la menace de Michel de lui couper les oreilles, Birotteau refuse d'épouser Fathma en échange du « talisman secret ». Le caïd paie les 20 000 boudjous à contrecœur à Birotteau et découvre que le talisman est une recette pour une lotion capillaire censée guérir la calvitie. À la fin, Ali-Bajou s'enivre joyeusement de vin français. Virginie et Birotteau se marient, ainsi que Fathma et Michel. Michel devient le garde du corps du caïd, ; le seul regret du caïd est que toute l'affaire lui ait coûté 20 000 boudjous.
« On ne peut nier que cet ouvrage ne soit amusant et la musique très-agréable. Cependant, à notre avis, l'ensemble a un caractère de vulgarité, de familiarité et de parodie qui n'est pas celui de l’opera-bufa, ni même de l'ancien opéra-comique. La partition fourmille de motifs charmants. On retrouve dans l'harmonie, sous des dehors piquants, les formes scientifiques les plus pures ; l'instrumentation est ravissante. D'où vient donc l'impression dont nous avons parlé plus haut ? Probablement de la disparate des costumes et de ce genre de pièces dont les gens de goût ont vu avec peine le succès toujours croissant en France ; pièces dans lesquelles aucun sentiment vrai et pris au sérieux ne vient reposer l'esprit du spectateur des bouffonneries et des cascades des acteurs. Une alliance aussi continuelle du plus noble des arts avec les côtés infimes du caractère humain nous paraît regrettable »
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Le caïd » (voir la liste des auteurs).
↑Article repris dans le recueil Les musiciens et la musique en 1903, p. 241–251 [lire en ligne].
↑Félix Clément et Pierre Larousse, « Caïd (le) », dans Dictionnaire lyrique, ou Histoire des opéras. Paris, Auguste Royer, Liepmannssohnn et Dufour, 1869, p. 129–130 [lire en ligne]
Annexes
Bibliographie
Hector Berlioz, Les musiciens et la musique, 3e éd., publiée avec une introduction d'André Hallays. Paris, Calmann-Lévy, 1903. [lire en ligne].
(en) Arthur Hervey, Masters of French Music. London: Osgood, McIlvaine & Company, 1894 [lire en ligne].
Stéphane Wolff, Un demi-siècle d'Opéra-Comique (1900-1950). Paris, André Bonne, 1953 (OCLC44733987 et 2174128).
(en) Alfred Loewenberg, Annals of Opera 1597–1940 (3e éd. revue), Totowa, New Jersey, Rowman and Littlefield, 1978 (ISBN978-0-87471-851-5).