Le Grand Pardon est un film français d'Alexandre Arcady, sorti en 1982.
Synopsis
Le film raconte l'histoire du clan Bettoun — avec à sa tête Raymond Bettoun (le patriarche), Maurice Bettoun (le fils), Jacky Azoulay (le neveu), Roland Bettoun (le neveu), Albert Zécri (le cousin de Raymond), Pépé (l'ami de Raymond) et Samy (le garde du corps) — un clan familial de la mafia juive pied-noir française qui évolue dans le milieu du crime organisé.
Le clan Bettoun a la mainmise sur la gestion de casinos, l'organisation de matchs de boxe et de jeux clandestins, le proxénétisme, le racket, et ne craint pas de maintenir son influence par des règlements de compte sanguinaires contre d'autres clans arabes et français.
Raymond Bettoun, qui cultive « l'esprit de famille méditerranéen » et protège son clan mafieux, veut évincer Manuel Carreras du casino de Biarritz. Il y parvient en faisant évader de prison le truand surnommé « le Sacristain », qui a juré la mort de Carreras car ce dernier l'avait « balancé » aux flics, mais aussi en achetant les hommes de main de Carreras. Raymond Bettoun s'impose alors dans le milieu.
Mais, dans l'ombre, l'ambitieux Pascal Villars a juré la perte des Bettoun, cherchant à les supplanter. Aidé du « Sacristain », il parvient à dresser le clan des Arabes contre celui des Juifs. Pour cela, il soudoie Jacky, un proxénète, pour faire travailler des prostituées de Raymond Bettoun dans son dos. Freddy Ambroisi (un ancien chanteur de charme sur le retour, ami de Raymond) tente de prévenir le caïd. Dans le même temps, une autre personne est au courant des manigances de Jacky, William Benamou. Alors que Benamou tente de faire chanter Jacky, celui-ci l'abat dans des toilettes.
Le plan de Pascal Villars semble fonctionner. Raymond pense que ce sont les arabes qui ont fait le coup. Voulant en avoir le cœur net, il sollicite un entretien avec Bouli, le caïd du clan des mafieux arabes de la ville. Mais lors de l'entrevue, Bouli lui jure qu'il n'est pour rien dans l'assassinat de Benamou.
Parallèlement, le commissaire Duché, surveillant ce panier de crabes, essaye de démanteler tous ces clans et d'en incarcérer les membres. L'étau se resserre autour de Jacky Azoulay. Quand Roland interroge Jacky au sujet des filles et de Freddy, Jacky prend peur et enlève la femme de Freddy, Colette, dans un parking pour faire pression sur ce dernier. Mais à la sortie du parking, Jacky est pris en chasse par une voiture. C'est « le Sacristain » qui, avec l'aide de Bobiack, les intercepte.
Freddy sollicite l'aide de Raymond pour retrouver sa femme enlevée mais Raymond refuse de faire quoi que ce soit. Peu après, Colette est retrouvée morte, étranglée. Tout le monde accuse Jacky. Le commissaire Duché propose à Freddy de témoigner contre Raymond pour des faits de proxénétisme et de racket, en l'accusant du meurtre de Colette. Raymond est arrêté et confronté à Freddy, qui confirme ses accusations. Parallèlement, Jacky Azoulay est retrouvé égorgé dans le coffre de sa voiture. Les Bettoun ont été prévenus par Pascal Villars.
Constatant la situation qui s'aggrave, Roland remet en doute la direction de la famille exercée par le fils de Raymond, Maurice, qu'il juge faible. Ce dernier riposte en lui mettant un coup de tête au visage, lui cassant le nez. Peu après, une guerre éclate entre les arabes et les juifs : Roland, agissant de sa propre initiative, abat Larbi, le frère de Bouli. En représailles, les arabes coincent le boxeur du clan Bettoun dit « la Guêpe », et le tuent en le noyant dans un tonneau d'huile. Peu après, Roland, qui se cache, appelle « Pépé » pour organiser un rendez-vous afin de mettre fin aux hostilités. « Pépé » s'y rend avec sa fille Viviane, mais c'est Villars qui les intercepte avec « le Sacristain » et Bobiack, et qui leur tirent dessus. Pépé meurt sur le coup ; Viviane est grièvement blessée. Le commissaire Duché consent à relâcher temporairement Raymond pour qu'il tente de ramener le calme dans la ville.
Aux obsèques de « Pépé », Roland réapparaît et explique à Raymond la situation. Bouli va chez Raymond avec comme prisonnier Bobiack. La situation devient claire pour les deux parties : Pascal Villars a tenté de les doubler, autant Raymond que Bouli. La vengeance se met en place. Le premier à être abattu est « le Sacristain » dans une auberge espagnole de flamenco, tué par Roland. Mais ce dernier, pour avoir déclenché les hostilités avec les arabes sans l'accord de Maurice, est victime d'un lancer de couteau à cran d'arrêt dans le dos et laissé pour mort surplace, juste après avoir descendu « le Sacristain ». Viviane quitte l'hôpital pour la résidence des Bettoun. Raymond se rend à son chevet, mais elle meurt peu de temps après.
Juste avant de retrouver le commissaire Duché et d'aller en prison, Raymond règle son compte avec Pascal Villars. Le clan Bettoun a obtenu son adresse grâce à l'aveu de Bobiack. Cernant la maison, Raymond s'introduit jusque dans la chambre à coucher, où il surprend Pascal endormi avec un autre homme. Juste avant de le tuer, Raymond dit à Pascal Villars : « Tu n'as pas peur, au moins ? T'as aucune raison d'avoir peur. Tu sais pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui chez les Juifs, c'est le Kippour. Tu te rends compte de la chance que tu as ? C'est le Grand Pardon... Ce jour-là, le Grand Pardon, on peut rien faire ; ni travailler, ni recevoir de l'argent, ni... rien quoi. Sinon on est rayé du Livre. Aujourd'hui, dans le monde entier, tous les Juifs ils pardonnent à ceux qui leur ont fait du mal. Tous les Juifs. Sauf un, moi. Moi, je pardonne pas ! »[1]. Raymond lui met alors le canon de son revolver dans la bouche et le tue.
Raymond se rend ensuite à la synagogue pour commémorer le jour de Yom Kippour avec ses proches, puis sort pour être interpellé par le commissaire Duché sous l'œil malicieux et étonné du petit Alexandre qui le regarde partir par la porte entrebâillée.
Fiche technique
Distribution
Autour du film
- On peut aisément comparer cette histoire à celle du film Le Parrain (1972) de Francis Ford Coppola[1] et également la rapprocher de celle des frères Zemour[1]. D’ailleurs, ces derniers, se sentant visés par le film, menacèrent le réalisateur Alexandre Arcady au moment du tournage. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gaston Defferre, usera de son influence pour que le tournage du film se déroule sans incident[1],[2].
- On peut également rapprocher la scène finale de celle du film Le Clan des Siciliens (1969) d'Henri Verneuil ; en effet, Raymond Bettoun (Roger Hanin) est arrêté sous les yeux du fils de Viviane par le commissaire Duché (Jean-Louis Trintignant), comme Vittorio Manalese (Jean Gabin) par le commissaire Le Goff (Lino Ventura) l'est sous ceux de son petit-fils. Par ailleurs, la première scène du film — l'évasion du Sacristain d'un fourgon cellulaire organisée par le clan Bettoun — n'est pas sans rappeler celle de Roger Sartet (Alain Delon) au début du Clan des Siciliens.
- L'acteur Jean-Louis Trintignant a accepté de jouer dans le film car Alexandre Arcady lui rappelait physiquement Jacques Laffite, un célèbre pilote automobile de l'époque[3].
- Le rôle du commissaire Duché a été initialement proposé à Lino Ventura, qui déclina l'offre. L'acteur Thierry Lhermitte fut également pressenti pour le rôle de Pascal Villars. Il tournera avec Alexandre Arcady cinq ans plus tard dans Dernier Été à Tanger.
Citations
- Manuel Carreras à Raymond Bettoun : « Arrête tes salamalecs, Bettoun. »
- Raymond Bettoun à Manuel Carreras : « Tu vois comme elles évoluent les choses dans la vie, Manuel. Il y a cinq minutes, tu arrivais avec tes hommes, tu flambais, tu étais numéro un, regarde maintenant tu es numéro zéro, t'es rien. »
- Raymond Bettoun au commissaire Duché : « Vous inquiétez pas commissaire ; chez nous, quelques olives, un petit bout de pain, on remercie Dieu. »
- Raymond Bettoun au commissaire Duché : « Je vais vous dire une chose, commissaire : vous faites pitié ! »
- Le commissaire Duché à Raymond Bettoun : « Entre vous et moi, la pitié, ça n'existe pas ! »
- Le commissaire Duché à Raymond Bettoun : « Je ne vous aime pas Bettoun. Vous sentez l'huile. Et j'ai l'odorat délicat. »
- Raymond Bettoun à Pascal Villars : « Tu n'as pas peur, au moins ? T'as aucune raison d'avoir peur. Tu sais pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui chez les Juifs, c'est le Kippour. Tu te rends compte de la chance que tu as ? C'est le Grand Pardon... Ce jour-là, le Grand Pardon, on peut rien faire ; ni travailler, ni recevoir de l'argent, ni... rien quoi. Sinon on est rayé du Livre. Aujourd'hui, dans le monde entier, tous les Juifs ils pardonnent à ceux qui leur ont fait du mal. Tous les Juifs. Sauf un, moi. Moi, je pardonne pas ! »[1].
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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