Le Lion et le Moucheron
Le Lion et le Moucheron est la neuvième fable du livre II de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668. Cette œuvre a été choisie pour le Brevet 2022 Iconographie
TexteLE LION ET LE MOUCHERON [Ésope[1]] " Va-t-en, chétif Insecte, excrément de la terre ! " (1) C'est en ces mots que le Lion Parlait un jour au Moucheron. L'autre lui déclara la guerre. " Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de roi Me fasse peur ni me soucie (2) ? Un bœuf est plus puissant que toi, Je le mène à ma fantaisie. " À peine il achevait ces mots Que lui-même il sonna la charge, Fut le trompette et le héros. Dans l'abord (3) il se met au large, Puis prend son temps (4), fond sur le cou Du Lion, qu'il rend presque fou. Le Quadrupède écume, et son œil étincelle ; Il rugit, on se cache, on tremble à l'environ ; Et cette alarme universelle Est l'ouvrage d'un Moucheron. Un avorton de Mouche en cent lieux le harcèle : Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau, Tantôt entre au fond du naseau. La rage alors se trouve à son faîte montée. L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir. Le malheureux Lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, Bat l'air qui n'en peut mais (5) ; et sa fureur extrême Le fatigue, l'abat : le voilà sur les dents (6). L'Insecte du combat se retire avec gloire : Comme il sonna la charge, il sonne la victoire, Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin L'embuscade d'une araignée : Il y rencontre aussi sa fin.
Quelle chose par là nous peut être enseignée ? J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire, Qui périt pour la moindre affaire.
Vocabulaire (1) La Fontaine s'inspire sans doute d'un vers de Malherbe composé contre le Maréchal d'Ancre (titre donné à Concini, dont Louis XIII commanditera l'assassinat) : " Va-t-en à la malheure, excrément de la terre " (Prophétie du Dieu de Seine) (2) m'inquiète. A l'époque, le verbe n'était pas seulement pronominal comme maintenant (3) dans la façon d'aborder, d'attaquer (4) choisit son moment (5) qui n'en peut plus, qui n'y peut rien. "Mais" vient du latin magis (6) On dit que le grand travail a mis quelqu'un sur les dents pour dire qu'il est las et fatigué, qu'il n'en peut plus (dictionnaire de Furetière) Notes et références
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