Lesley Head, née le est une géographeaustralienne spécialisée dans les relations entre l'être humain et son environnement. Elle est active dans les débats géographiques sur la relation entre l'humain et la nature, en utilisant des concepts et des méthodes d'analyse issus de la géographie physique, de l'archéologie et de la géographie culturelle. Elle est professeure émérite à l'université de Melbourne depuis 2021.
Biographie
Lesley Head naît le 11 septembre 1957 et grandit dans la banlieue de Melbourne en Australie[1]. Elle soutient son doctorat à l'université Monash de Melbourne[2]. Elle travaille ensuite dans la fonction publique pendant deux ans, puis comme tutrice à Monash avant de se voir proposer un poste de maîtresse de conférence puis de professeure de géographie à l'université de Wollongong. Elle y travaille durant 28 ans, avec un passage comme cheffe du département. Elle dirige un temps le Centre australien de recherche sur l'environnement culturel et l'Institut des géographes australiens.
En 2016, elle déménage à Melbourne pour présider l'École de géographie de l'université de Melbourne ; elle devient professeure émérite en 2021 lorsque l'école est dissoute et fusionnée.
Elle est connue pour son soutien et ses conseils auprès des femmes dans le milieu universitaire[1].
Travaux
Lesley Head commence sa carrière de chercheuse en utilisant la paléoécologie et l'archéologie pour étudier les changements à long terme du paysage australien[4]. Ses recherches montrent la tension entre d'une part une volonté de l'être humain de se rapprocher d'un paysage naturel, alors que de par l'action humaine depuis la préhistoire, ce concept est inexistant[5]. Elle rappelle combien dans la pensée occidentale, la différence entre nature et culture est ancrée, que l'on retrouve dans plusieurs concepts de géographie, comme « systèmes socio-écologiques »[6]. Elle s'est ensuite davantage intéressée aux relations humain-environnement et s'est tournée sur l'utilisation des terres aborigènes et leur gestion de l'eau[7],[8],[9]. Lesley Head revient sur le mythe colonisateur et de pureté des aborigènes, montrant au contraire que leur mise en valeur de l'espace a été sous-estimée, ce qui a ouvert la voie à la pensée d'une terre vide à accaparer[10],[11]. Pour elle, ce concept de « seconde nature » perdure dans les parcs nationaux ou la place accordée actuellement aux aborigènes en Australie[10]. Dans ce prolongement des apports des cultures aborigènes, ses recherches portent également sur la sécheresse, les feux en Australie où elle montre les impacts du changement climatique, rejetant comme seule origine le climat australien[12],[5],[13].
Elle s'est ensuite centrée sur les relations entre les humains et les plantes, comme les jardins potagers[14],[15]. Elle s'intéresse ensuite aux questions de durabilité et de changement climatique à travers le concept d'anthropocène, où nous vivons, pour elle, tout en étant dans un « déni collectif » sur son existence[16]. Dans une étude, elle s'intéresse à l'état émotionnel des scientifiques travaillant sur le changement climatique, notant leur anxiété, les insultes et menaces reçues et en même temps la haute qualité attendue sur leurs travaux[17].
Hommages et récompenses
Médaille Vega de la Société suédoise d'anthropologie et de géographie en 2015[18] ;
Pat Muir et Lesley Head, Backyard : nature and culture in suburban Australia [« Arrière-cour. Nature et culture dans la banlieue australienne »], University of Wollongong Press, (ISBN978-1-920831-51-6 et 1-920831-51-7, OCLC184885849, lire en ligne)
Lesley Head, Second nature : the history and implications of Australia as Aboriginal landscape [« Seconde nature. L'histoire et les implications de l'Australie en tant que paysage aborigène »], Syracuse University Press, (ISBN0-585-29376-7 et 978-0-585-29376-9, OCLC45731372, lire en ligne)
Lesley Head, Katarina Saltzman, Gunhild Setten et Marie Stenseke, Nature, temporality and environmental management : Scandinavian and Australian perspectives on peoples and landscapes [« Nature, temporalité et gestion de l'environnement : perspectives scandinaves et australiennes sur les hommes et les paysages »], (ISBN978-0-367-66815-0 et 0-367-66815-7, OCLC1198589090, lire en ligne)
↑Ian G. Simmons, « Review of Cultural Landscapes and Environmental Change. », The Geographical Journal, vol. 168, no 3, , p. 282–283 (ISSN0016-7398, lire en ligne, consulté le )
↑Nicole de Lalouvière, « Conceptualiser les « paysages culturels en commun » : reconstituer l’évolution de la réflexion écologique, des études du paysage alpin suisse jusqu’aux systèmes socio-écologiques », Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, nos 109-1, (ISSN0035-1121, DOI10.4000/rga.8414, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bLuc Vacher, « Head L, Second nature. The history and implications of Australia as aboriginal landscape, », Annales de géographie, vol. 110, no 618, , p. 210–210 (lire en ligne, consulté le )
↑Richard Howitt, « Review of Second Nature: The History and Implications of Australia as Aboriginal Landscape », Economic Geography, vol. 77, no 4, , p. 397–398 (ISSN0013-0095, DOI10.2307/3594113, lire en ligne, consulté le )
↑Amanda Claremont, « Review of Backyard: Nature and Culture in Suburban Australia », The Geographical Journal, vol. 175, no 2, , p. 162–162 (ISSN0016-7398, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Harriet Bulkeley, Georgina Drew, Richard Hobbs et Lesley Head, « Conversations with Lesley Head about "Hope and Grief in the Anthropocene: Reconceptualising Human-Nature Relations": Book Panel Paper », Geographical Research, vol. 56, no 3, , p. 325–335 (DOI10.1111/1745-5871.12292, lire en ligne, consulté le )