Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
Lorenzo de Nevers est le huitième fils d’Abraham Boisvert et de Marie Biron, il était de la neuvième génération au Québec. La généalogie nous révèle qu’à la cinquième génération, le nom de Nevers a changé en celui de Boisvert. Monsieur Ernest Laforce dont la grand-mère était la sœur de la grand-mère de Lorenzo de Nevers, explique ainsi le changement de nom : Trois de Nevers s’étaient fixés à la Baie Saint-Antoine dite Baie-du-Febvre. L’un d’eux choisit comme établissement un domaine du Côteau du Bois Vert. Pour le distinguer des autres lorsqu’on parlait de lui on disait : de Nevers du bois vert; puis ce fut de Nevers dit Boisvert, et finalement à la cinquième génération, Boisvert tout court.
Ce n’est que vers 1896, alors que la famille Boisvert avait émigré à Central Falls, Rhode Island, qu'Edmond de Nevers[1], le fils aîné, avocat, entreprit les démarches appropriées pour récupérer le nom véritable de la famille, à savoir celui de « de Nevers », par le truchement d’une loi à caractère privé passée à la législature du Rhode Island. Lorenzo devint ainsi de Nevers.
Ses études
Ses parents l’inscrivirent aux cours de dessin de la Rhode Island School of Design. Quand il eut atteint l’état d’homme, soit 17 ans, son frère Edmond de Nevers, déjà aux études à Paris, persuada ses parents d’envoyer Lorenzo étudier la peinture en Europe. Les parents consentirent pour une durée d’un an. Lorenzo ne rentra au pays que quinze ans plus tard.
Selon Rosaire Dion-Lévesque, c’est en 1902 que Lorenzo fut admis aux Beaux-Arts de Paris. Il y passe dix ans sous la direction des grands maîtres de la peinture (Gabriel Ferrier et Léon Bonnat). Concourant au Grand Prix de Rome, il se porta neuvième sur 400 candidats. Il avait présenté sa première toile marquante : Fuite en Égypte.
C’était pratique courante à cette époque plus qu’aujourd’hui encore pour les artistes en herbe et aussi pour les artistes formés, de copier les chefs-d'œuvre des grands maîtres, les premiers pour se faire la main, les seconds pour reproduire des toiles qui répondaient à un besoin sur le marché des œuvres d’art. Ils devaient cependant se conformer strictement à une simple règle absolue: la copie ne devait en aucun cas être de même dimension que l’original[3].
Lien avec l'art canadien
Dans les annales d’histoire de l’art canadien, publiées par Owl’s Head Press pour le compte de l’Université Concordia (Volume II, no 1, été 1975), une étude présentée par Monsieur Laurier Lacroix de l’université de Paris X-Nanterre, nous renseigne sur Les artistes canadiens copistes au Louvre (1838-1908)[4].
Parmi les noms d’artistes canadiens qui ont ainsi copié des œuvres au Louvre avant ou à la même époque que Lorenzo de Nevers, on relève : Maurice Cullen (1866-1934), Ludger Larose (1868-1915), John Lyman (1886-1967), le couple Dubé, Cornelius Krieghoff (1815-1872), Joseph-Charles Franchère (1891).
Doué également d’une voix de baryton, Lorenzo a joué des rôles et chanté à l’Odéon et à l’Opéra Comique, jouant l’Escamillo dans Carmen et Valentin dans Faust.
Ayant donc quitté l’Europe de façon définitive en 1914 en raison de la guerre, Lorenzo de Nevers s’est d’abord installé à Central Falls où demeuraient ses frères, puis à Providence, à New York, Central Park South, où il est demeuré 17 ans, et à Montréal quelques années. Vers 1952, il revenait à Central Falls. Il voyageait souvent à Montréal et aussi à Saint-Hyacinthe où il avait de nombreux amis dont M. et Mme Henri Duprat et la sœur de Madame (Rollande), l’artiste peintre Irène Legendre.
Selon Philippe A. Lajoie, aux États-Unis, en plus des portraits des anciens présidents Franklin D. Roosevelt et Dwight D. Eisenhower, de Thomas E. Dewey, gouverneur de New York, et Aram J. Pothier, gouverneur du Rhode Island, il a peint les portraits de :
Hugo A. Dubuque, premier magistrat franco-américain de la Cour Supérieure de Massachusetts, portrait commandé par le Club Calumet, et qui reste aujourd’hui () en la possession de l’indépendant de Fall River, dont il fut en 1885, l’un des fondateurs :
portraits grandeur nature qui ornent les murs du salon de réception au bureau principal de l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique à Woonsocket : M. Henri T. Ledoux, de Nashua, N.H., troisième président général; J. Adélard Philias I. Jalbert, deuxième directeur de la Caisse de l’Écolier de la Société;
portraits de maires franco-américains de Manchester, N. H.;
portraits des quatre premiers présidents de l’Association Canado-Américaine; Théophile B. Biron, Dr. Armand A.E. Brien, le juge Elphège J. Daignault et Adolphe Robert.
Au Capitole de l’État du Rhode Island et sur les murs des quartiers généraux de l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique et de l’Association Canado-Américaine, le public peut admirer une trentaine des œuvres de M. De Nevers.
Dans l’ouest canadien, à l’évêché de Prince-Albert en Saskatchewan, il a décoré la cathédrale, ainsi que la chapelle privée de Mgr Prudhomme.
À Montréal, il a peint les portraits des anciens premiers ministres Sir Wilfrid Laurier et Louis Stephen Saint-Laurent; Jacob Nichols, le cardinal Léger[6], le père Pierre Smet[7], le lieutenant-gouverneur Esioff Patenaude (toile disparue dans l’incendie à Bois-de-Coulonge le , et l’ancien maire de Montréal, Camilien Houde.
Lorenzo de Nevers excellait également dans les paysages. Au cours de sa longue carrière qui s’étend sur une cinquantaine d’années, il a peint quelque mille cinq cents scènes qui ornent les murs de centaines de résidences en France, en Belgique, au Canada et aux États-Unis d’Amérique.
Le dimanche à Pawtucket, R.I. Lorenzo de Nevers était décoré de la médaille de l’Ordre du Mérite Franco-Américain.
En 1965 il alla rejoindre son frère Wilfrid à l’hospice Saint-Antoine à Woonsocket, et le , il mourait à l’hôpital Fogarty à North Smithfield, à l’âge de 89 ans.
Notes et références
↑(en) Karel, David., Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord : peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes, et orfèvres, Québec, Musée du Québec, , 962 p. (ISBN2-7637-7235-8 et 9782763772356, OCLC28178086, lire en ligne), p. 594-595
↑Samuel Montiège, « L'Académie Julian et ses élèves canadiens : Paris, 1880-1900 », Thèse, , p. 247-248 (lire en ligne, consulté le )