Louis-Felix Guinement, chevalier de Kéralio (né le à Rennes et décédé le à Paris) est un militaire et un académicien français. Il est l'époux de Marie-Françoise Abeille de Kéralio et le père de Louise-Félicité de Kéralio, femme de lettres, rédactrice en chef et militante républicaine.
Famille
Louis-Felix Guinement est un fils cadet de l'écuyer François Fiacre Guinement, seigneur de Keralio et directeur du bureau des consignations de Rennes et Marguerite Rose Bodin, fille de Guillaume-Alexis Bodin, procureur au parlement et maire de Rennes en 1734. Il est le jeune frère d'Auguste, Agathon et Alexis de Keralio.
En 1755, il a une relation avec Marie-Françoise Abeille, fille de l'ingénieur Joseph Abeille et de sa seconde épouse, Madeleine de Labat. De leurs amours naît à Paris en août 1756 Louise-Félicité de Kéralio, qui est ondoyée, puis baptisée à Valence le 19 janvier 1757. Le mariage suit de peu en février 1757[1]. Il devient le beau-frère de Louis Paul Abeille.
Il est réformé en 1749. Néanmoins il décide de servir à ses frais dans le régiment pendant 18 mois. Il est de nouveau intégré en 1751, puis nommé aide-major. Chargé seul en 1754 et 1755 des détails et exercices du régiment régiment d'infanterie d’Anjou, il est nommé capitaine en 1755. Dès le début de la guerre de Sept Ans, il était retiré des cadres pour une blessure alors que le régiment était en camp d’observation à Calais pendant l'été 1756.
Louis-Félix est nommé le sous-directeur des études et professeur de tactique de l’école royale militaire de Paris.
Le , Louis Félix est nommé aide-major de l’école militaire puis il est nommé major.
En 1759, il est nommé aide-major général de l'infanterie et devient l'aide de camp du Maréchal de Broglie pendant les campagnes militaires en Allemagne de 1760 et 1761. À ce poste, il propose au Maréchal de Broglie de supprimer la peine de mort pour les maraudeurs de l'armée et de la remplacer par des peines plus douces mais systématiquement appliquées.
Keralio introduit une action en justice devant le roi pour faire reconnaître la paternité du canal de Bourgogne à son beau-père Joseph Abeille : un arrêt du Conseil d'État du Roi du met fin à la procédure en lui reconnaissant tout son mérite.
Louis Félix est élu premier commandant du 3e bataillon de la garde nationale – bataillon des Filles-Saint-Thomas - lors de sa création le 16 juillet 1789 et resta à sa tête jusqu'à la fin de l'année 1790 date où il se retira pour maladie. Le second commandant du bataillon fut Gabriel Tassin de l'Etang.
Il est nommé le 25 juillet 1789 au 4e bureau des députés des districts de la garde nationale chargé de l'armement et l'habillement des troupes tant à cheval qu'à pieds et représente ce bureau au bureau central. En ce qui concerne l'habillement, il propose ainsi le 27 juillet 1789 "quant à la cocarde, la couleur blanche étant la couleur nationale, il est proposé de la faire de ruban blanc de basin, liseré bleu et rouge, pour indiquer les couleurs de la Ville."[2]
Le comte de Gisors, fils du maréchal de Belle-île, fut un des premiers Français qui, ayant voyagé en Prusse, rapporta dans sa patrie quelques connaissances de la tactique prussienne. Peu de temps après son retour, un mémoire imprimé à l'insu de son auteur, (Auguste de Keralio, colonel d'infanterie) qui avait accompagné le comte de Gisors dans ses voyages, donna une idée générale des manœuvres prussiennes. Cette brochure, de 56 pages, est intitulée Tactique et manœuvre des Prussiens. Elle excita l'attention et l'émulation de tous les militaires ; plusieurs cherchèrent des moyens d'obtenir les effets annoncés dans cet écrit.
Louis-Félix enseigna aux élèves de l'école royale militaire de 1758 jusqu'en 1778 les principes qu'il s'était formé d'après l'idée générale qu'il avait reçue des manœuvres prussiennes et les élèves de cette école les firent ensuite connaître à leurs troupes. En 1769, après les avoir enseignés et fait pratiquer pendant dix ans, il crut pouvoir les publier sous le titre de Recherches sur les principes généraux de la tactique. Ce petit ouvrage fut soumis par le duc de Choiseul, à l'examen du comte de Guibert. II voulut, avec la bonté qui lui était ordinaire, en rendre au ministre un compte avantageux, et l'ouvrage fut publié.
Il enseigne ainsi la tactique militaire à une grande partie des futurs généraux et maréchaux de la Révolution et de l'Empire (Armand Samuel de Marescot, Louis-Alexandre Berthier, Jean-Baptiste Bernard de Vaublanc…). Il est très apprécié des élèves officiers et fut l'instigateur des manœuvres publiques de ces derniers au Champ-de-Mars.
Il enseigne notamment le système des tirailleurs suivi des charges à baïonnettes qui feront le succès des armées révolutionnaires [3]. Le spectateur militaire du 1er novembre 1865 indiquait également que "le système de guerre de la République est caractérisé par l'emploi des tirailleurs en grande bande et des petites colonnes mobiles arborant la position à la baïonnette et au pas de charge, au cri de "Vive la Nation !". Dumouriez, Custine, Pichegru, Jourdan n'eurent pas d'autre tactique. Sous le règne de Louis XVI, les leçons du chevalier de Keralio, à l'école militaire de Paris avait vulgarisé cette méthode de combat parmi nos jeunes officiers. Elle était si bien appropriée au tempérament français, si facile à apprendre et si commode à pratiquer, que les fantassins improvisés de la Révolution l'adoptèrent naturellement."
Blason : de sable à trois rencontres de cerf d'argent.
Œuvres et traductions
« Projet d'évolution présenté au comte d'Argenson", 1750.
« Projet d'un ouvrage sur l'art de la guerre à l'usage des élèves de l'École royale militaire » 1756.
« Mémoire concernant l'École royale militaire », non daté.
« Règlement pour l'infanterie prussienne », traduction, 1757.
« Éléments de l'art de la guerre », 1761.
« Recherches sur les principes généraux de la tactique », 1769.
« Collection de différents morceaux sur l’histoire naturelle et civile du Nord et sur l’histoire naturelle en général », traduction, 1763.
« Voyages en Sibérie, contenant la description des mœurs et des usages des peuples, les noms des rivières, la situation des montagnes », traduction 1767.
« Les penchants de la nature », 1768, discours qui obtient l'accessit à l'académie du prix de l'académie royale des belles-lettres de Prusse.
« L’histoire naturelle des glacières de Suisse », traduction, 1770.
« Observations élémentaires pour la tactique moderne », 1771.
« Recherches sur les premiers fondements généraux de la tactique », 1771.
« Mémoires de l’académie des Sciences de Stockholm concernant l’histoire naturelle, la physique, la médecine, l’anatomie, la chimie, l’économie, les arts… », traduction, 1772.
« Recueil de lettres de S.M le Roi de Prusse pour servir à l'histoire de la dernière guerre », 1772.
Jean Sgard, « Louis Félix Guynement de Keralio traducteur, académicien, journaliste, intermédiaire », Dix-huitième siècle, vol. 40, no. 1, 2008, p. 43-52. Numérisé sur cairn.
Références
↑AN, MC, XCIII 45, 13 février 1757, contrat de mariage Louis Felix Guinement de Keralio - Marie Françoise Abeille (découverte de Nicolas Lyon-Caen, juin 2021).
↑ Procès-verbal de la formation et des opérations du comité militaire, établi à l'hôtel-de-ville de Paris, pour la composition et organisation de la Garde-nationale-parisienne sous le commandement de M. le marquis de La Fayette. [16-31 juillet 1789.], https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6264180z.texteImage
↑Baron Joachim Ambert, Réponse aux attaques dirigées contre l'arme de cavalerie, 1863.