Le Maître du Retable Beaussant, appelé aussi parfois Maître du Cœur d'Amour épris BNF Fr.24399, désigne par convention un enlumineur actif vers 1480 et 1490 en Anjou. Il doit ce nom à un retable aujourd'hui conservé dans la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Plusieurs manuscrits enluminés lui sont attribués.
Éléments biographiques et stylistiques
Très peu d'éléments sont connus sur cet artiste redécouvert dans les années 1990. Son style a été repéré pour la première fois dans un manuscrit du Livre du cœur d'Amour épris conservé à la Bibliothèque nationale de France (Fr.24399). Il est situé dans l'entourage de René d'Anjou, d'après le style de ce manuscrit très proche de l'autre manuscrit de ce texte attribué à Barthélemy d'Eyck (Bibliothèque nationale autrichienne, cod.vid.2597), mais dans un premier temps, son activité est localisée en Provence. La redécouverte d'un retable du XVe siècle dans le trésor de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers et l'identification d'un de ses commanditaire, Pierre de Laval, qui passe la fin de sa vie à Angers, font relocaliser son activité en Anjou. Le style des miniatures et les vêtements portés par les personnages font dater ses manuscrits des années 1480[1].
Son style est marqué par une attention aux mouvements, des compositions originales et une place importante donnée aux figures ainsi qu'aux détails évocateurs[2].
Identification
Frédéric Elsig a proposé de l'identifier à Pierre Garnier, un peintre de la cour de René d'Anjou attesté par les archives dès 1471 : il effectue à cette date un voyage à Rome pour son maître en compagnie de Georges Trubert. En 1480, il se déplace entre Paris et Nancy. Il est à Angers en 1486 et se trouve peut être encore sur place en 1526[3].
Œuvres attribuées
Manuscrits et feuillets isolés
Trésor de Sapience ou Chronique de Baudoin d’Avesnes, 77 miniatures, BNF, Fr.1367
Code de Justinien, destiné à Pierre de Laval, archevêque de Reims, vers 1480, fragmentaire et dispersé : 123 feuillets dans une collection particulière, anc. coll. Chandon de Briailles, passé en vente chez Tajan à Paris le (lot 17)[10], un feuillet dans une collection particulière à Angers et 3 miniatures au musée du Louvre : L'empereur Justinien (RF54636)[11], la Trinité (RF54637)[12] et une scène de mariage (inv.20696)[13]
Retable Beaussant, Crucifixion, pietà et donateur, peinture sur bois, 149 × 241 cm, donné par le général Beaussant en 2004. Il était recouvert par une peinture de l'Assomption datée de 1699. Cette peinture a été dégagée lors d'une restauration pour laisser apparaître la peinture originelle, cathédrale Saint-Maurice d'Angers[14].
Cartons de vitraux
Plusieurs dessins de vitraux en Anjou lui sont attribués[15] :
Crucifixion et Vie du Christ, conservées dans l’église Notre-Dame de Sablé-sur-Sarthe
Crucifixion avec la Vierge, saint Jean, Marie-Madeleine et un donateur, 1521 provenant de l'église Saint-Martin de Soulaire, musées d'Angers.
Crucifixion, église de Sablé-sur-Sarthe
Jean de Rély en prière devant une Pietà, cathédrale d'Angers
Voir aussi
Bibliographie
François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier (dir.), Les Enluminures du Louvre, Moyen Âge et Renaissance, Paris, Hazan - Louvre éditions, , 384 p. (ISBN978-2-7541-0569-9), p. 201-204 (notices 102-104 par François Avril)
Marc-Édouard Gautier (dir.), Splendeur de l'enluminure. Le roi René et les livres, Angers/Arles, Ville d'Angers / Actes Sud, , 416 p. (ISBN978-2-7427-8611-4), p. 304-305 (notice 28 rédigée par Rose-Marie Ferré)
François Avril, « La Vie de saint François illustrée », Art de l'enluminure, no 27, , p. 4-65
Frédéric Elsig, « Hypothèses sur René d'Anjou et l'Ars nova en Provence », dans Andreas Bräm et Pierre-Alain Mariaux, À ses bons commandements... La commande artistique en France au XVe siècle, Neuchâtel, , p. 135-146
Hortense de Reviers, Le Maître du retable Beaussant : redécouverte d'un peintre angevin du XVe siècle (Thèse de l'école nationale des chartes), , 273+190
↑(en) Sandra Hindman, « Saint Anthony - Leaf from a Book of Hours », dans The Robert Lehman Collection (IV - Illuminations), New York, Metropolitan Museum of Art, (ISBN0870998390, lire en ligne), p. 46-52 (notice 6)