Matanzas est une ville portuaire et municipalité de Cuba, capitale de la province de Matanzas. Elle est appelée la « ville des ponts » et parfois « la Venise » de Cuba.
Grande ville industrielle, elle est aussi le quatrième port mondial pour l'exportation de sucre de canne.
Elle doit son surnom de « ville des ponts » ou « la Venise » de Cuba aux dix-sept ponts enjambant les trois rivières qui traversent la ville : Rio Yumuri(en), San Juan, et Canímar.
Matanzas est fondée en 1693 sous le nom de San Carlos y San Severino Matanzas à la suite d'un décret royal (real cédula) publié le , qui stipule que la baie et le port de Matanzas seraient colonisés par trente familles venant des îles Canaries. Le but des espagnols est de renforcer la ligne de défense de l'île et de l'espace marin au nord de Cuba — un projet commencé en 1681. Ils suivent alors les ordonnances de Philippe II émises en 1573 et c'est à cela que la ville doit son agencement, unique à Cuba, selon de strictes lignes droites autour des grands éléments naturels[5] (en particulier les trois fleuves qui s'y déversent dans la baie[1]).
Le nom de Matanzas ferait référence à une rivière homonyme où un combat entre Espagnols et Amérindiens aurait eu lieu en 1510, le mot matanzas signifiant littéralement en espagnol « massacres », selon une légende locale[6].
La région de Matanzas connaît un développement rapide des plantations de canne à sucre durant la période coloniale. En conséquence, de nombreux esclaves africains sont importés pour fournir la main-d'œuvre nécessaire à cette activité, notamment pendant la première moitié du XIXe siècle. On compte ainsi 1 900 esclaves à Matanzas en 1792, soit environ 30 % de la population. En 1817 leur nombre est passé à 10 773, soit près de la moitié de la population totale. En 1841, Matanzas compte 53 331 esclaves (62,7 %) et 104 519 selon les chiffres du recensement de 1859. Matanzas connaît plusieurs insurrections d'esclaves, dont le complot d'Escalera(es) en 1843. En raison du nombre élevé à la fois d'esclaves et d'Afro-Cubains libres à Matanzas[7], le maintien des traditions africaines y est demeuré particulièrement fort.
En 1898, Matanzas est le théâtre de la première action de la guerre hispano-américaine : la ville fut bombardée par la Marine américaine le , au commencement de la guerre.
Matanzas en 1918
Matanzas et sa baie
Fondations du téléscope (observatoire) en cours de construction sur les collines de Monserrate
Du 5 au , un incendie ravage ce qui est alors le plus grand dépôt de pétrole de Cuba. Quatre réservoirs pouvant contenir jusqu’à 52 millions de litres de pétrole brut ou de mazout, ont brûlé, sur les huit principaux que comptait le dépôt - celui-ci ayant également 6 autres petits réservoirs - ; le bilan humain est de 16 pompiers tués[8] et 132 blessés[9].
Points d'intérêt
Musée pharmaceutique (Museo Farmacéutico), créé en 1882
Musée d'histoire de la province de Matanzas(en) (Museo Historico Provincial de Matanzas). C'est un exemple exceptionnel de maisons du XIXe siècle de Matanzas. Ses arcades à deux niveaux, au sol et au premier étage, rappellent les maisons du XVIIIe siècle autour de la Plaza Vieja à La Havane. Au niveau de la toiture, un parapet avec des urnes ornementales, est typique de l'architecture coloniale cubaine du XIXe siècle.
Galerie Pedro Esquerré(en), musée du Centre provincial du patrimoine culturel de Matanzas, expositions d'art contemporain.
Théâtre Sauto(en) (Teatro Sauto). Ouvert en 1863, le théâtre propose pièces de théâtre, opéras, ballets et concerts symphoniques. Il fait partie des monuments nationaux de Cuba et est l'un des symboles de la ville.
Cathédrale de San Carlos de Borromeo(en). Édifice achevé en 1750. Considérée comme une très belle église avec ses fresques élégantes sur les murs, les plafonds et dans la grande coupole. Mais après des années de négligence faute de moyens financiers, le déclin semble irréparable. Sa nécropole(en) est très renommée.
↑[Lopez-Hernandez 2018] (es) Ignacio J. Lopez-Hernandez, « Proyectos y procesos para la fundación y defensa de la ciudad cubana de San Carlos de Matanzas. Fortificación y urbanismo entre 1681 y 1693 », Anuario de Estudios Atlánticos, vol. 64, no 2, , p. 1-15 (lire en ligne [sur academia.edu], consulté en ).
↑[Maura 2005] (es) Juan Francisco Maura, « Cuarta parte: Mujeres de armas en las letras y en la historia », dans Españolas de ultramar en la historia y en la literatura, Publicacions Universitat de València, coll. « Parnasseo », (lire en ligne [PDF] sur parnaseo.uv.es), p. 188.
↑[Bergad 1990] (en) Laird W. Bergad, Cuban Rural Society in the Nineteenth Century: The Social and Economic History of Monoculture in Matanzas, Princeton University Press, (OCLC19970944, résumé).