Il débute au théâtre comme acteur stagiaire en 1919 sous le pseudonyme de Max Ophüls, afin de ne pas embarrasser son père au cas où il échouerait[réf. nécessaire], avant de se consacrer à la production en 1924. Deux ans plus tard, il devient directeur de création du Burgtheater à Vienne. Il y rencontre l'actrice Hilde Wall[3] (1894-1980), qu'il épouse la même année. Leur fils Marcel, futur réalisateur de documentaires (notamment Le Chagrin et la Pitié), naît le à Francfort-sur-le-Main.
Après avoir monté près de deux cents pièces, il se tourne en 1929 vers le cinéma, en devenant chef-dialoguiste sous la direction d'Anatole Litvak à la Universum Film AG (UFA), à Berlin. Il dirige son premier film en 1931, le court-métrageDann schon lieber Lebertran. Le meilleur de ses films allemands est sans doute Liebelei (1932) ; on y trouve un certain nombre de thèmes qui ont fait sa célébrité : pureté des femmes (qui ne va pas sans une certaine frivolité, et parfois une grande naïveté), cruauté, violence des hommes et d'une façon générale, de la société qui, sous des dehors brillants, scintillants, se révèle être une machine à broyer les plus faibles, etc.[réf. nécessaire]
Anticipant la menace que fait courir la montée du nazisme, Max Ophüls, qui est de confession juive, se réfugie en France en 1933 après l'incendie du Reichstag. Il y réalise entre autres Werther, adaptation du roman homonyme de Goethe avec Pierre Richard-Willm, et deux films avec Edwige Feuillère, Sans lendemain et De Mayerling à Sarajevo. Devenu citoyen français en 1938, il gagne les États-Unis après la défaite de 1940, en passant par la Suisse et l'Italie. Réfugié à Hollywood, il n'y trouve pas de travail, et il doit attendre 1948 pour réaliser, avec l'aide du réalisateur et producteur Preston Sturges, qui admire son travail depuis longtemps, l'un des films les plus remarquables de cette période : Lettre d'une inconnue, librement adapté de la nouvelle de Stefan Zweig.
Il revint en Europe en 1950, pour tourner une série de chefs-d'œuvre : La Ronde (1950), Le Plaisir (1952), Madame de... (1953), avec son actrice fétiche, Danielle Darrieux, ainsi que Lola Montès (1955). Ce dernier film ne rencontra pas le succès, et fit l'objet d'un nouveau montage de la part des producteurs, malgré l'opposition d'Ophuls et celle des « jeunes turcs » de la naissante Nouvelle Vague, avant de connaître finalement une résurrection en 2008.
Dans toutes ses œuvres, on retrouve les mouvements sans heurts de la caméra qui le caractérisent, l'utilisation complexe des grues et des dollys, et les travellings, qui ont influencé Stanley Kubrick ou, en France, Jacques Demy (dont le premier film, Lola, est dédié à celui qu'il considérait comme son maître).
Le festival Max Ophüls de Sarrebruck (Filmfestival Max Ophüls Preis) présente chaque année depuis 1980 les œuvres de jeunes cinéastes germanophones, en provenance principalement d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse. Un prix Max-Ophüls est attribué au réalisateur d'un film de fiction ou d'un documentaire d'une durée d'environ 60 minutes.
Notes et références
↑Par naturalisation. Journal Officiel du 5 juin 1938.
↑Il supprima le tréma (Umlaut) à son arrivée en France. Les génériques de ses films américains Lettre d'une inconnue et de Les Désemparés le citent sous le nom de « Max Opuls » [sic].
Max Ophuls, Souvenirs, traduit de l'allemand par Max Roth, préface et notes de Marcel Ophuls, Paris, Cahiers du cinéma - Cinémathèque française, 2002 (ISBN2866423267)