Il est principalement connu pour avoir incarné Roland Marci, l'un des rôles principaux de la série Plus belle la vie entre 2004 et 2022. Il a également mis en scène et joué au théâtre dans de nombreuses pièces en occitan, ce qui lui a valu d'être un fervent défenseur de la langue occitane tout au long de sa carrière[2],[3].
Michel Cordes a également mené une activité de sculpteur.
Biographie
Jeunesse et études
Michel Yves Cordes naît le à Siran[1] (Hérault) dans le Minervois, où il vit jusqu'à l'âge de cinq ans, puis à Montpellier jusqu'à sept ans et enfin à Lattes jusqu'à sa majorité[4]. Son père, Léon Cordes, est un écrivain et militant occitan.
Il partage son enfance et sa jeunesse entre l'école, le lycée et les travaux dans l'exploitation paternelle. Il souhaite entrer aux Beaux-Arts à quinze ans, mais ses parents refusent. Il va alors chercher dans le théâtre un moyen d'expression et suit les cours du conservatoire de Montpellier.
Après avoir obtenu son baccalauréat, il s'inscrit en faculté de lettres. Mais il ne suit pas longtemps les cours et préfère se consacrer à son activité de comédien au théâtre du Hangar. Décidé à en faire son métier, il veut « monter » à Paris, ce qu'il fait après ses obligations militaires en .
En , il entame sa carrière professionnelle au CDN Languedoc-Roussillon / théâtre du Midi avec Jean Deschamps. Il continue dans la décentralisation et l'action culturelle dans diverses structures : Maison de la Culture de Chalon-sur-Saône, Comédie de La Rochelle, théâtre des Amandiers, Cyrano-Théâtre… En 1972, il est engagé à la Comédie de Lorraine à Nancy où il reste huit ans. Cette troupe devient le CDNEJ en 1979. Il totalise déjà au cours de longues tournées un millier de représentations et des centaines d'heures d'animation et de formation. Durant ces onze ans, et notamment à la Comédie de Lorraine, il approfondit sa connaissance du théâtre en participant à la création des spectacles à tous les niveaux ; c'est là qu'il développe aussi son expérience et ses pratiques d'animateur et de formateur. Il souhaite se frotter au travail d'auteur et metteur en scène à la Comédie de Lorraine, mais on ne le lui permet pas. Il la quitte donc en 1980.
1980-2004 : entre théâtre, cinéma, télévision et son métier d'ébéniste
À la suite de bouleversements dans sa vie privée[Lesquels ?], il décide de réaliser un vieux rêve : travailler le bois. Il retourne à Paris pour cultiver cette passion. Il fait tout d'abord une formation pour adulte d'ébénisterie et obtient son CAP en 1981, formation qu'il complète par la pratique auprès d'artisans. Il fréquente un atelier de sculpture de la ville de Paris. Alliant sa connaissance de l'art dramatique et des arts plastiques, il apprendra aussi la création et la fabrication de masques de théâtre (qu'il utilisait déjà beaucoup en tant que comédien). Puis, pendant un an encore, il profitera de son séjour parisien pour continuer ces activités et fréquenter les puces, les antiquaires, les fabricants et participer à la construction de décors de théâtre.
En , il revient au théâtre, à Saint-Étienne, au théâtre de l’Échelle où il crée les masques de Les Plaideurs et met en scène des pièces de Jean Tardieu puis participe au Théâtre Action (Grenoble), enfin, il se fixe à Lyon, joue avec le TJA et le théâtre la Renaissance à Oullins.
En 1985, l'ODAC de l'Hérault lui propose de mettre en scène Menerba 1210 de Léon Cordes en occitan dans le cadre du festival du Minervois à Minerve (Hérault) dont il deviendra de fait directeur artistique[6]. Après une reprise de ce spectacle en 1986, il met en scène en 1987 L'Enfestolida (fête de village) puis écrit et met en scène 1907 : Les Gueux de la Saint-Jean (1988) et La Fleur de l'eau (1990). La DRAC ayant décidé de subventionner l'évènement et de l'écarter pour cause d'« occitano - catharisme », il quitte le festival cette année-là[réf. nécessaire]. Dans la Cesse, la pièce 1907 : Les Gueux de la Saint-Jean rencontre un succès important et attire plus de 1 000 spectateurs lors de chaque représentation à la fin des années 1980[7].
Parallèlement, il écrit et met en scène Et si… ?! à Saint-Genis-Laval (Rhône) pour la célébration du bicentenaire de la Révolution.
En 1991, il se fixe dans l'Hérault où il continue son travail d'acteur et de metteur en scène dans divers spectacles et fait de nombreuses lectures sur divers thèmes, auteurs ou personnages. Il écrit et met en scène Coop Épopée, Le Moulin du Falhet et Espanhol d'aqui. Ce dernier spectacle produit par le théâtre de la Rampe et créé en 2003 est joué de nombreuses fois jusqu'en 2018 dans toute la région Occitanie. Il écrit également Jean Moulin, la conscience rebelle et Le Prêcheur des platanes.
Dans ses pièces, il traite de thèmes sociaux (la révolte, la coopérative, l'exode rural ou encore l'immigration) ou plus philosophiques (la quête de l'amour…). Dans son écriture comme dans ses mises en scène, il recherche un théâtre populaire, évoquant des problèmes universels tels qu'ils sont vécus dans la culture du sud. Pour cela, il utilise parfois l'occitan (seule langue dans laquelle son père, Léon Cordes, auteur occitan, lui parlait) et même l'espagnol. Dans la plupart de ses mises en scène, il conçoit et parfois construit lui-même le décor.
Parallèlement à ses diverses activités au théâtre, il joue également dans quarante-deux téléfilms et séries télévisées. Il apparaît pour la première fois à la télévision dans V comme vengeance en 1989 puis notamment dans des séries à succès telles que L'Instit, Le Camarguais, Tramontane ou encore Une femme d'honneur. En 2003 il joue dans un épisode de la série espagnole Cuéntame[8].
2004-2023 : Plus belle la vie et retour à l'Occitan
De 2004 à 2022, il incarne le personnage emblématique de Roland Marci dans le feuilleton Plus belle la vie sur France 3, le jouant dans 2 029 épisodes quotidiens et dans les téléfilms spéciaux diffusés en première partie de soirée. Ce rôle lui fermera les portes des castings pour d'autres tournages en le cantonnant dans le rôle du « Marseillais de service », très restrictif dans l'intelligentsia française[8].
En 2014, il joue Nono dans le prime-time Un Noël presque parfait de la série Nos chers voisins sur TF1.
Il est présent une dernière fois dans Plus belle la vie en octobre 2022 où son personnage meurt. Il quitte ainsi la série, un mois avant l'arrêt de celle-ci[10].
Défenseur de la langue occitane, il « a souffert du mépris de certains pour son accent »[12].
Sculpture
À partir de 1981, Michel Cordes s'adonne à sa passion, la sculpture, de façon plus ou moins régulière selon la disponibilité que lui laisse son métier. Il signe et expose ses œuvres sous le pseudonyme de « Gaspard »[13]. Il expose à partir de 2018 aux Caudalies à Mudaison et au Salon des arts plastiques de Cazouls-lès-Béziers, et créé dans son atelier de Maraussan[14].
Décès
Michel Cordes est retrouvé mort par arme à feu le à son domicile de Grabels dans l'Hérault[15]. Son corps est découvert par ses voisins, ainsi que trois lettres adressées à sa fille, aux gendarmes et à l'administration fiscale[16]. Une enquête est ouverte par le parquet de Montpellier, qui privilégie l'hypothèse d'un suicide de l'acteur[17],[12]. La majorité des comédiens de la série Plus belle la vie lui rendent hommage après sa disparition[18].
L'Élysée évoque dans un communiqué « la mémoire d’un comédien de cœur, qui marqua l’histoire de notre télévision populaire » et souligne « les deux passions intangibles de l'acteur, à savoir la sculpture et le sud de la France, qualifié de « refuge perpétuel » pour Michel Cordes »[17]. Les obsèques de l'acteur ont lieu le à Montpellier et sont célébrées dans l'intimité familiale[19].