La musique polonaise est partagée entre ses origines slaves et chrétiennes depuis le Xe siècle. Elle s’est enrichie à la Renaissance par l’influence des Cours européennes et après 1569, quand la Lituanie fut unifiée au pays, apportant nombre de minorités nationales ou religieuses (Allemands, Ukrainiens, Biélorusses, Scandinaves, Tartars, et catholiques, juifs, orthodoxes, protestants et musulmans). De 1772 à 1918, le pays disparaît, disloqué entre ses puissants voisins, la Russie, l’Autriche et la Prusse, ce qui entraîne une raréfaction de l’activité musicale, mais aussi une réaction et un regain de sentiment nationaliste qui devait susciter la vocation de Chopin et à sa suite, une succession de compositeurs de dimension internationale.
Aujourd'hui, bien que marqués par la culture européenne, classique ou actuelle, on retrouve en Pologne des styles propres tels poezja śpiewana et disco polo qui ne remplacent néanmoins pas totalement le folklore bien plus vivant qu'en Europe occidentale, notamment en zone rurale (sauf à l'Ouest du pays, où la population est issue de régions polonaises diverses).
Musique classique
Les premières traces de musique en Pologne remontent au XIIIe siècle ; il s’agit de manuscrits contenant des polyphonies liturgiques latines liées à l’École de Notre-Dame de Paris. L’hymne marial Bogurodzica est le premier noté en polonais et est considéré comme le premier hymne national. Bien que le pays foisonne de compositeurs, ce n’est qu’au XVe siècle, que Mikołaj z Radomia parvient à une stature internationale.
À partir du XVIe siècle, deux formations musicales de Cracovie (celles du roi et de l’archevêque de Wawel) vont peu à peu jeter les bases de la musique classique polonaise, avec notamment les compositeurs Wacław z Szamotuł, Mikołaj Zieleński et Mikołaj Gomółka. En ce temps des musiciens de Hongrie, d’Italie, de France et d’Allemagne séjournent à la Cour royale et dans les chapelles des aristocrates. Diomedes Cato était en ce temps un luthiste fameux à la Cour.
Au XVIIIe siècle, quelques compositeurs s’essaient encore à l’opéra malgré les troubles politiques : Jan Stefani et Maciej Kamieński). Les danses paysannes (chodzony et mazurka) intègrent la musique classique dans les salons européens.
Des compositeurs se distinguent alors selon qu'ils adhèrent à une vocation d’exaltation nationale tel encore Stanislaw Moniuszko, créateur du Recueil de chants domestiques qui le fait comparer à Schubert, ou à une virtuosité internationale tels Henryk Wieniawski, violoniste d'exception dont les Caprices et Concerti sont encore en vogue ou Maria Szymanowska, une pianiste renommée alors.
Les pianistes polonais ont un destin parfois inattendu. En 1919, Ignacy Jan Paderewski, musicien célèbre à l'époque, présida le premier gouvernement d'une République de Pologne indépendante. Arthur Rubinstein et Mieczysław Horszowski étaient tous les deux presque centenaires quand ils donnaient encore des concerts brillants. L'école polonaise du piano a produit d'autre part nombre de grands pianistes: Jozef Hofmann, Witold Malcuzynski, Henryk Sztompka, Ignacy Friedman, Józef Turczyński, Jan Ekier, Adam Harasiewicz, Krystian Zimerman, Rafal Blechacz.
Musique traditionnelle
On peut faire remonter au XIIIe siècle la musique folklorique avec la tradition du Hejnał, sorte d'appel musical joué au cor ou à la trompette du haut d'une tour.
La musique folklorique est très variée selon sa distribution géographique :
la région centrale de Mazovie est considérée comme la forme standard, avec ses nombreuses danses qui eurent tant de succès en Europe (polonaise, chodzony (polonaise archaïque), mazurka, oberek (mazurka rapide), polka, kujawiak (mazurka lente en deux versions : ksebka, lente et odsibka, plus rapide).
le genre polyphoniquegoralska muzyka (« musique des Gorale ») rencontré dans les montagnes Tatra au répertoire varié : air de bergers wierchoa, air de danse ozwodnas ou krezanys, danses goralski ou encore zbojnicki (danse des « brigands »)...
la région de Rzeszow, dans le sud, où l'on retrouve une musique de cymbalum exécutée par des musiciens juifs.
Alors que les danses à trois ou cinq temps sont communes dans le Nord, dans le Sud, polka et krakowiak (ou « cracovienne ») sont à deux temps. Par ailleurs, les cérémonies de mariage sont ritualisées, et les chants interprétés suivent un ordre immuable.
C’est au XIXe siècle que débute la collecte de ce matériel ethnomusicologique grâce à Oskar Kolberg. Comme dans tous les anciens pays communistes, la musique traditionnelle a été le fer de lance de la propagande culturelle anti-américaine. Des ensembles folkloriques tels Mazowsze, Slowianki et Śląsk ont ainsi bénéficié de cette opportunité, bien qu’il ne s’agisse que de fakelore ou « folklorisation ».
Aujourd’hui ces traditions tendent à se réduire sauf dans la région touristique de Podhale, notamment à Zakopane.
On y rencontre des styles vocaux particuliers (lidyzowanie). Les ensembles sont formés de cordes (premier violon (prym), seconds violons (sekund) et un violoncelle à trois cordes (bazy) tenu en bandoulière. Des danses particulières à deux temps s’y retrouvent aussi telles krzesany, zbójnicki et ozwodna.
Malgré le régime communiste, la scène pop polonaise a toujours été active et sous l’influence de la musique occidentale (rock 'n' roll, heavy metal, new wave, etc.). Depuis 1989 ce phénomène est très amplifié et le pays compte plusieurs festivals importants. Parmi la scène underground on peut noter les groupes Vader, Myslovitz, Behemoth, Yattering, Decapitated, et Indukti.
La Pologne est l’un des rares pays où le rock polonais et le hip-hop dominent la musique pop. Les chanteuses Edyta Górniak et Anna Maria Jopek sont aussi connues par delà les frontières.