La musique belge comporte à l'image du pays un double héritage linguistique selon que l'on considère la Communauté flamande ou la Communauté francophone de Belgique. La musique de Belgique est actuellement un métissage culturel où les traditions des différentes communautés se mêlent à celles des communautés immigrées qui vivent dans le pays.
De riches heures de musiques classiques ont agrémenté la culture du pays depuis la Renaissance, alors que la musique traditionnelle a quasi disparu au profit d'une musique populaire très en vogue.
Le début du XIXe siècle est dominé par François-Joseph Fétis (1784 – 1871), directeur du Conservatoire Royal de Musique, musicologue, chef d’orchestre et compositeur. À la fin du siècle, Henri Vieuxtemps, César Franck, Guillaume Lekeu et Eugène Ysaÿe suivent et redonnent à la musique belge de grandes heures. Le compositeur André Devaere, mort prématurément comme Lekeu, portait lui aussi la promesse d'une grande œuvre[1], influencée par l'impressionnisme français. Peter Benoit représente la tendance nationaliste, non dépourvue de charme, pourtant.
La situation de la musique classique belge contemporaine à partir de 1960 a été documentée par le Centre de Documentation CeBeDeM en collaboration avec l'Union des compositeurs belges
Musique folklorique
Il existe encore en Belgique une riche tradition de musique basée sur des cliques ou des fanfares locales.
Les chants traditionnels qui accompagnent les fêtes historiques (comme la Ducasse de Mons, ou les carnavals) sont encore actuellement repris avec ferveur par leurs publics, perpétuant des mélodies et des textes anonymes issus de passés médiévaux, ou de siècles de folklore populaire. En outre, une musique folklorique très spécifique à la Flandre a su prolonger sa popularité jusqu'à nos jours.
Par ailleurs, il faut mentionner, à partir des années 1970 (à l'image de ce qui se faisait aux États-Unis et au Royaume-Uni) l'existence de nombreux groupes et chanteurs «Folk» (dans le sens Protest song du terme), dont Ferre Grignard, ‘t Kliekske, Rum, Het Brabants Volksorkest, Baden Skiffle, les Zûnants Plankets, etc.
Aujourd'hui une nouvelle génération de groupes folkloriques (ou d'inspiration folklorique) apparait sous l'impulsion d'un retour aux bals «Folks» dans certaines couches de la jeunesse. Des groupes comme Embrun[3], Turdus Philomelos[4], les Cré Tonnerre, Cave Canem [5]! ou Naragonia se sont appuyés sur les centaines de soirées Folk qui se déroulent aux quatre coins du pays (dont les célèbres Boombal depuis le début des années 2000).
Avec le renouveau folk des années 1960 est venu un nouvel intérêt pour la chanson dialectale. Le pionnier Wannes Van de Velde a rapidement été suivi, principalement dans les styles folk et traditionnels, mais s'est finalement étendu au rock parodique de The Clement Peerens Explosition[6] et au hip-hop de Flip Kowlier. D'autres, tout en se produisant principalement en néerlandais standard, incluront une phrase occasionnelle ou même une chanson complète en dialecte (ex. Johan Verminnen, Rue des Bouchers et Raymond van het Groenewoud, Je veux de l'amour).
Après de nombreux essais électro-acoustiques par Henri Pousseur (qui avait créé les Studios Électroniques de Bruxelles dès 1958), la Belgique a très rapidement saisi la main tendue par le groupe allemand Kraftwerk à la fin des années 1970. C'est d'abord la formation du groupe Telex créé par Marc Moulin, Dan Lacksman et Michel Moers. Puis très rapidement après, l'apparition d'un style musical répétitif et pointu : l'electronic body music, symbolisée par les groupes Front 242 et Snowy Red. La new beat (une variante "downtempo" minimaliste et ludique de la techno) apparaît brusquement en 1987 et provoque des remous médiatiques (notamment parce qu'elle popularise largement la culture techno et ses stupéfiants travers). Des noms comme Confetti's, A Split Second, Bassline Boys, Technotronic, Public Relation, Lords of Acid, Amnesia, Zsa Zsa Laboum et Miss Nikki Traxx, parmi des dizaines d'autres. Par la suite, la Belgique se fera remarquer pour ses artistes de house music (Mugwump, Junior Jack, Swirl People (alias de Raoul Belmans[8]), Milk Inc., Kate Ryan, Stromae), techno (Marco Bailey, Yves Deruyter, Filterheadz, Fabrice Lig), trance (Dance Opera, Bonzai, Push), electro (Dada Life, Vive La Fête, Soldout, Dr. Lektroluv), sans interruption durant 20 ans. Cette tendance se poursuit dans les années 2000-2010 avec la musique électronique très radicale (appelée breakcore) de Jan Robbe, Droon, ou Sickboy Milkplus, et une scène drum and bass très active (Netsky). Dans les années 2020, l'électro se fait un peu plus pop avec Rex Rebel ou encore Critiks Music.
World music
Depuis les années 1980, la world music joue un rôle important avec des musiciens issus de l'immigration congolaise (Princesse Mansia M'Bila) ou rwandaise (Cécile Kayirebwa et Dieudonné Kabongo). Zap Mama est sans doute l'un des groupes les plus connus de ce genre avec Urban Trad.Gabriel Rios et TiiwTiiw qui depuis 2015 se fait connaitre au niveau international[10]. Belgian Worldwide Music Network est une association a pour objectif de représenter et promouvoir le secteur des musiques du monde en Belgique en organisant entre autres une rencontre annuelle[11]. Le Théâtre Molière, le Senghor et Art Base dans la capitale belge[12],[13],[14].
(en) Paul Rans, "Flemish, Walloon and Global Fusion", in World Music, Vol. 1: Africa, Europe and the Middle East, Broughton, Simon and Ellingham, Mark with McConnachie, James and Duane, Orla (Ed.), Rough Guides Ltd, Penguin Books, 2000. (ISBN1-85828-636-0)
Robert Wangermée, La musique belge contemporaine, La Renaissance du Livre, 1959
Robert Wangermée, La musique flamande dans la société des XVe et XVIe siècles, Arcade, Bruxelles, 1965
Robert Wangermée et Philippe Mercier (éd.), La Musique en Wallonie et à Bruxelles (2 vol.), La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1980-82