MyōeMyōe Myōe. Kakemono sur soie, XIIIe siècle.
La tombe de Myōe au temple Kōzan-ji Myōe (明恵 , 1173–1232) est un moine bouddhiste japonais de l'école Shingon, également connu sous le nom Kōben (高弁 ), contemporain de Jōkei et de Honen. Il a cherché à revitaliser l'école Kegon au Japon. BiographieJeunesseNé dans la province de Kii (aujourd'hui préfecture de Wakayama), au sein de la famille Yuasa (湯浅 ), qui se disait descendante d'une branche du clan Fujiwara, il se retrouve orphelin à l'âge de huit ans[1]. Il vécut alors chez un oncle maternel qui était moine Shingon au Jingo-ji, temple situé au nord-ouest de Kyoto. En 1188, il est ordonné moine au Todai-ji, à Nara, prenant le nom de Jōben, qu'il changera plus tard pour celui de Kōben. Après cela, il étudie le Shingon, le Kegon et le Mikkyō dans l'un des temples qui dépendaient de Tōdai-ji[1]. Par deux fois, il tente de se rendre en Inde, en 1203 et 1205. Mais ces voyages restent à l'état de projet: pour le premier, le kami du sanctuaire Kasuga-taisha associé au clan Fujiwara le presse, par le biais d'un oracle, de ne pas quitter le Japon; et au moment de sa seconde tentative, il tombe malade[1]. Mais Myoe pense que cette fois également Kasuga lui déconseille de partir, et il renonce donc à ce voyage. Abbé du Kōzan-ji.En 1206, l'empereur Gotoba lui offre un terrain pour bâtir un temple dans la région de Kyoto, lui enjoignant d'y revivifier l'étude de la doctrine Kogen: ce sera le Kōzan-ji (高山寺 ). Un an plus tard, l'empereur le nomme responsable du Sonshō-ji, dans l'espoir que Myoe se fasse l'avocat du Kegon. Tout en acceptant ces offres, Myoe se montrera peu diligent, et vivra plusieurs années dans un ermitage. Ce n'est qu'en 1219 qu'il bâtira le bâtiment principal du Kozan-ji[1]. MortEn 1231, le clan Yuasa l'invite à inaugurer le temple de Semui-ji dans sa ville natale de la province de Kii. Le lendemain de la cérémonie, le 19 janvier 1232, il meurt, à l'âge de 58 ans. PenséeMyoe est ordonné à la fois dans l'école du bouddhisme Shingon et dans l'école Kegon[réf. nécessaire]. Dans le Japon médiéval il n'est pas rare pour les moines d'être ordonnés dans de multiples lignées confessionnelles, et pendant la plus grande partie de sa carrière, il signe indifféremment ses traités et sa correspondance en tant que moine d'une ou l'autre école. Le mantra de la lumièreMyōe est sans doute surtout connu pour ses contributions à la pratique et la vulgarisation du mantra de la lumière[2], mantra associé au bouddhisme Shingon mais largement utilisé dans d'autres sectes bouddhistes. Il croit fermement à la théorie de la fin du dharma, et promeut donc la pratique du mantra de la lumière, sur la signification et l'utilisation duquel il écrira beaucoup durant les dernières années de sa vie[2]. Il donne cependant de ce mantra une interprétation assez peu orthodoxe, car il voit dans ce mantra comme un moyen de renaissance dans la terre pure d'Amitabha, plutôt que comme une pratique visant à atteindre l'éveil dans sa vie, comme l'enseignent Kūkai et d'autres RevivificateurMyōe est également célèbre pour le journal de ses rêves, qu'il a tenu pendant plus de quarante ans (texte qui fait l'objet de traductions et d'études approfondies menées par des spécialistes du bouddhisme[3]), ainsi que pour ses efforts, avec Jōkei, visant à relancer la discipline monastique. Un moine critique et exigeantMyoje s'est montré très critique envers les nouvelles écoles de bouddhisme qui apparaissaient à cette époque au Japon, et particulièrement envers Hōnen, fondateur de l'école Jodo shū, et sa relecture de la doctrine de la Terre pure[1]. Face à à la popularité croissante de la pratique exclusive de l'invocation du Bouddha (nenbutsu ou nianfo), Myōe écrit en 1212 le Zaijarin (摧邪輪 , « Réfutation du faux Véhicule »)[4] qui attaque réfuter l'enseignement de Hōnen exposé dans le Senchakushū (en) « Anthologie de sélections [sur le Nenbutsu et le vœu originel] », qui fut un des textes les plus influents sur la pratique du nenbutsu[5]. Myōe s'associe à la critique de l'establishment par Hōnen, mais estime que la pratique exclusive du nianfo est trop restrictive et méconnaît d'importantes notions du bouddhisme Mahayana tels que la bodhicitta et l'upāya. Néanmoins, Myōe déplore qu'il faille rédiger des traités comme le Zaijarin , déclarant à ce propos[6] : « Par nature, je suis peiné par ce qui est nuisible. C'est ce que je ressens en écrivant le Zaijarin. » Myōe est tout aussi critique envers la discipline laxiste et de la corruption de l'establishment bouddhiste, et autant que possible, il reste à l'écart de la capitale Kyoto. Un jour, afin de prouver sa détermination à suivre la voie bouddhique, Myoe s'agenouilla devant une image du Bouddha à Kōzan-ji et se trancha une oreille. La tache de sang serait encore visible dans le temple aujourd'hui. Discipline et pragmatismeLes archives de l'époque montrent que les pratiques quotidiennes des moines de Kozan-ji, sous de l'administration de Myōe, comprenaient la méditation zazen, la récitation des sutras et le mantra de lumière. Ces mêmes documents montrent que même des activités telles que le nettoyage des salles d'eau et des toilettes sont très régulières. Une tablette de bois portant le titre Arubekiyōwa (阿留辺畿夜宇和 , « approprié ») est encore accrochée dans le coin nord-est de la salle Sekisui'in au temple Kōzan-ji, détaillant diverses réglems. Dans le même temps, Myōe est aussi pragmatique, et il adoptait souvent des pratiques d'autres sectes bouddhiques, notamment zen, si elle s'avéraient utiles. Il croiyait fermement en l'importance des « moyens habiles » (upāya) et cherchait à fournir un ensemble varié de pratiques pour les moines et les laïcs. Par ailleurs, il a développé de nouvelles formes de mandalas qui n'utilisaient que la calligraphie japonaise et l'écriture sanskrite appelée siddham. Des styles similaires sont utilisés par Shinran et Nichiren. Le style particulier du mandala qu'il conçoit et les rituels de dévotion qui l'entourent, sont enregistrés dans son traité, le Sanji Raishaku (« Culte trois fois par jour ») écrit en 1215[7]. Réglementation monastique promulguée par MyōeSur la tablette en bois du temple Kōzan-ji mentionnée plus haut, Myōe énumère les règles suivantes, destinées à tous les moines et divisées en trois sections[8] :
Notes et références
Voir aussiBibliographie
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