Un mycoparasite, ou champignon fongicole, est une espèce de champignonsparasites d'une autre espèce fongique qui se développe sur son mycélium ou son corps fructifère. Un animal se nourrissant de champignons est un mycophage, quand une plante parasite de champignons est dite « mycohétérotrophe ». Les mycoparasites sont essentiellement des parasites obligatoires, dépendant alors totalement de leurs hôtes pour leur survie. La grande majorité de ces parasites rendent leur hôte non comestible, à l'exception notable de l'espèce Nord-américaine Hypomyces lactifluorum qui transforme la fade Russule à pied court en un mets prisé au goût de homard.
Biologie
D'un point de vue biologique, les mycoparasites sont divisés en deux groupes principaux : les champignons biotrophes, qui obtiennent leurs nutriments sans causer de dommages létaux à leurs hôtes ; et, inversement, les champignons nécrotrophes qui, excrètent une substance toxique létale et se nourrissent des nutriments ainsi libérés. D'un point de vue général, ces mycoparasites ont des cycles biologiques complexes et sont peu étudiés[1].
Mycoparasitisme biotrophe
Certains taxons tels que le genre Squamanita et Syzygospora mycetophila induisent leur hôte à produire une excroissance et s'en servent ensuite comme base de développement. Ces galles particulières rendent leur hôte méconnaissable au point où le parasite et l'hôte ont longtemps été confondus et leur biologie tardivement comprise. En effet, cette difformité dans laquelle se développe le mycélium a reçu de nombreuses dénominations au fil des années : « organe sclérotique[2] » (par rapport à la sclérote), « tubercule protocarpique[2] » (du grec ancien καρπός (karpos) « fruit ») ou encore « galle » et ses dérivés étymologiques « cécidiocarpe » et « mycocécidie ». Les premiers termes montrent l'incompréhension des premières études face à ce qui était interprété comme un organe de réserve. Depuis les années 2000, le terme consacré est « mycocécidie », traduisant une excroissance tumorale induite par un parasitisme déformant sur un être vivant[3],[4],[5].
Mycoparasitisme nécrotrophe
Des microchampignons mycoparasites nécrotrophes peuvent être utilisés comme agents de contrôle biologique contre les champignons phytopathogènes des cultures agricoles, réduisant ainsi l'utilisation de produits phytosanitaires et la pollution engendrée. C'est notamment le cas de nombreuses espèces du genre Trichoderma dont, par exemple, Trichoderma stromaticum, qui est utilisé contre un pathogène du cacaoyer[6]. Avec Clonostachys rosea, ce sont les mycoparasites les plus étudiés, car les plus utiles aux activités humaines[7].
Le développement de mycoparasites nécrotrophes tels que Trichoderma commence par une croissance de leurs hyphes en direction du champignon hôte et sa reconnaissance. Viennent ensuite une adhésion et un enroulement de l'hyphe qui se conjuguent à la lyse de la paroi cellulaire des hyphes de l'espèce parasitée grâce à la sécrétion d'exoenzymeslytiques, responsables de la déliquescence des tissus fongiques. Enfin, ils introduisent leurs propres hyphes afin de se nourrir et de libérer des métabolites fongicides, les mycotoxines, qui causent la mort de l'hôte[6],[8]. Cependant, certains Trichoderma et Clonostachys rosea sont également capables de coloniser et de s'établir sur des racines de plantes vivantes, leur stratégie mycoparasite nécrotrophe leur permettant alors d'éliminer les concurrents occupant la même niche écologique[7].
↑ a et b(es) Saúl De La Peña-Lastra, « Hongos parásiticos de otros hongos », Mikologi - ERROTARI, vol. 16, , p. 51-55 (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bBas C. 1965. « The genus Squamanita. » Persoonia Molecular Phylogeny and Evolution of Fungi. 3(3) : 331–359
↑S. A. Redhead, J. F. Ammirati, G. R. Walker et L. L. Norvell, « Squamanita contortipes , the Rosetta Stone of a mycoparasitic agaric genus », Canadian Journal of Botany, vol. 72, no 12, , p. 1812–1824 (DOI10.1139/b94-223)
↑Raymond Boyer, « Trémelles et analogues », sur Les champignons de Sept-Îles (Québec) (consulté le )
↑(en) Nicolas Mondiet, Marie-Pierre Dubois et Marc-André Selosse, « The enigmatic Squamanita odorata (Agaricales, Basidiomycota) is parasitic on Hebeloma mesophaeum », Mycological Research, vol. 111, no 5, , p. 599–602 (DOI10.1016/j.mycres.2007.03.009)
↑ a et b(es) Infante & al., « Mecanismos de acción de Trichoderma frente a hongos fitopatógenos », Revista de Protección Vegetal, vol. 24, no 1, , p. 14-21 (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en) Karlsson M, Atanasova L, Jensen DF, Zeilinger S., « Necrotrophic mycoparasites and their genomes », Microbiology Spectrum (American society of microbiology press), vol. 5, no 2, , p. 1-21 (DOI10.1128/microbiolspec.FUNK-0016-2016, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Christian Archambault, Giuseppina Coloccia, Selim Kermasha, Suha Jabaji-Hare, « Characterization of an endo-1,3-β- D -glucanase produced during the interaction between the mycoparasite Stachybotrys elegans and its host Rhizoctonia solani », Canadian Journal of Microbiology, vol. 44, no 10, , p. 989-997 (DOI10.1139/w98-088).