Oliver Lekeaka
Oliver Lekeaka, dit Field Marshall, né en à Azi dans la région du Sud-Ouest du Cameroun[1] et mort le à Menji[2], est un soldat[1] puis commandant séparatiste camerounais, chef du groupe armé Red Dragon. Son groupe armé fait partie du Conseil d'autodéfense de l'Ambazonie, faiblement structurée, et est fidèle au gouvernement intérimaire de l'Ambazonie[3]. Tout au long de sa carrière de commandant séparatiste, les forces armées camerounaises ont rapporté à tort qu'il avait été tué à trois reprises. Il a été tué le 12 juillet 2022, sans que l'on sache s'il a été tué par les forces armées camerounaises ou dans le cadre d'une lutte intestine entre séparatistes[4]. BiographieEnfance et engagement dans l'armée camerounaiseOliver Lekeaka naît en décembre 1968 à Azi, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Selon des proches, c'était un « garçon obéissant », mais il n'a pas terminé sa scolarité en raison de mauvaises notes. Il finit par s'engager dans l'armée camerounaise[1], faisant partie du Bataillon d'intervention rapide (BIR), une unité d'élite de l'armée camerounaise[5]. En revanche, son frère Chris Anu commence à travailler comme ingénieur informatique aux États-Unis[1]. Crise anglophone au CamerounAvec le déclenchement de la crise anglophone au Cameroun en septembre 2017, Oliver Lekeaka déserte son poste dans l'armée et rejoint le camp séparatiste[6], étant le premier combattant à attaquer des positions militaires, dans la région du Sud-Ouest[5]. En devenant un commandant aguerri[7], il devient le chef de guerre le plus puissant du Lebialem. En raison notamment de la topographie du Lebialem, le département devient un champ de bataille déterminant du conflit. Les forces armées camerounaises éprouvent des difficultés à affronter les séparatistes sur ce territoire. Ainsi, Oliver devient un général éminent pour les séparatistes ainsi qu'une cible prioritaire pour le Cameroun[6]. Le journaliste du Journal du Cameroun, Nana Kamsukom, le décrit comme la « bête noire » de l'armée camerounaise[5]. Son frère rejoint également les séparatistes en tant que porte-parole et coordinateur politique[1]. Le 31 décembre 2018, le Cameroun affirme avoir tué Oliver Lekeaka. Ces rapports se révèlent erronés lorsque ce dernier réapparaît dans une vidéo une semaine plus tard[8]. En août 2019, sa mère et sa sœur sont arrêtées à Yaoundé. Les autorités affirment qu'elles ont caché l'argent des rançons, obtenues par la milice du Red Dragon grâce aux prises d'otages. Leurs avocats affirment qu'elles n'ont plus aucun contact avec Oliver Lekeaka. Ce dernier déclare que le gouvernement a emprisonné son meilleur ami et sa femme[1]. La mère d'Oliver est libérée le 20 novembre, tandis que sa sœur est transférée à la prison centrale de Kondengui[9]. Le 1er octobre 2019, après avoir chassé les chefs traditionnels du Lebialem, Oliver Lekeaka s'autoproclame « Chef suprême »[10] ou « Roi » du Lebialem. En outre, il se prend en photo avec des vêtements semblables à ceux portés par les chefs traditionnels locaux. Cet acte provoque l'indignation des loyalistes camerounais et des autres rebelles. Un porte-parole séparatiste, Tapang Ivo Tanku, le qualifie d'« abus de pouvoir excessif et de viol de la culture »[11]. L'auto-proclamation d'Oliver Lekeaka en tant que monarque provoque également des raids camerounais dans la région pour le capturer ou le tuer. Bien qu'ils n'aient pas permis de retrouver Oliver Lekeaka, les raids font des victimes des deux côtés[10]. Lorsque la crise du leadership ambazonien éclate la même année, la milice d'Oliver Lekeaka plaide sa loyauté envers le gouvernement intérimaire de Samuel Ikome Sako. À un certain moment, Oliver Lekeaka devient le chef de l'ensemble du Conseil d'autodéfense de l'Ambazonie (plus connu sous le nom de Forces de restauration de l'Ambazonie)[12]. Oliver Lekeaka affirme que son groupe est la plus grande milice séparatiste active[5]. Le chercheur des Réseaux d'information régionaux intégrés, R. Maxwell Bone, le décrit comme le « principal atout militaire » des loyalistes de Sako[7]. Cependant, à mesure que le conflit entre les rebelles s'intensifie, Oliver est de plus en plus critiqué par les séparatistes anti-Sako, comme avec l'activiste Mark Bareta[13]. Déclin de la milice Red DragonEn janvier 2022, les Forces de restauration de l'Ambazonie commencent à se fracturer, des conflits éclatent entre ses membres. Plusieurs commandants du groupe de coordination, dont le général No Pity et le général Mad Dog, commencent à s'affronter avec d'autres membres de la coalition[14]. Les luttes internes s'intensifient en février 2022, lorsque le gouvernement provisoire se scinde après la destitution de son chef Samuel Ikome Sako. Le général Mad Dog commence alors à attaquer les forces d'Oliver Lekeaka[12]. Dans les semaines qui suivent, la milice Red Dragon perd de nombreux combattants. Le groupe est réduit à une trentaine de combattants selon Bareta News[15]. Au cours de ces affrontements, Oliver Lekeaka aurait été blessé au combat et se serait caché[16] au Nigeria ou dans le Lebialem[5]. MortLes forces armées camerounaises, dont le Bataillon d'intervention rapide, auraient localisé Oliver Lekeaka à Menji, et organisé un raid le 12 juillet 2022. Selon le gouvernement camerounais, Oliver Lekeaka et l'un de ses gardes sont tués au cours de l'attaque, tandis que les autres combattants du Red Dragon prennent la fuite. Des photos d'un cadavre sont ensuite publiées, qui semblent correspondre à Oliver Lekeaka. Cependant, le site d'information Camerooon Info met en évidence qu'Oliver Lekeaka a été déclaré mort trois fois avant ce raid, ce qui amène certains séparatistes à mettre en doute sa mort[17]. Les séparatistes confirment finalement sa mort. Selon son frère Chris Anu, Oliver Lekeaka a été tué par un initié qui a ensuite informé les forces camerounaises de l'emplacement du cadavre[4]. Le gouvernement camerounais expose ensuite le cadavre d'Oliver Lekeaka en public pour « dissuader les rebelles et mettre en garde les jeunes contre l'adhésion à leur cause »[18]. Références
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