Le village de Pierre-la-Treiche est situé sur la rive gauche de la Moselle, qui coule d'ouest en est en traversant le ban communal.
Topographie
Situé à 278 mètres d'altitude moyenne (minimum de 206 mètres et un maximum de 350 mètres), le ban communal, d'une superficie de 1 285 hectares, s'étire le long de la Moselle.
Karstologie
C'est la plus riche commune de Meurthe-et-Moselle sur le plan karstique ; on y trouve 39 grottes, les deux tiers étant sur la rive droite de la Moselle.
Hydrographie
La commune est dans le bassin versant du Rhin, au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la Bouvade, la Moselle, la Moselle canalisée, le ruisseau de Chaudeau et le ruisseau de l'Arot[2],[Carte 1].
La Bouvade, d'une longueur de 20 km, prend sa source dans la commune de Bagneux et se jette dans la Moselle à Bicqueley, après avoir traversé sept communes[3].
Le ruisseau de Chaudeau[6] et le ruisseau de l'Arot[7] (autres graphies rencontrées : de Larot (cartes IGN), de Larrot ou de l'Arrot ; prend sa source aux confins nord du massif forestier d'Ochey, commune voisine, au lieu-dit Fontaine de la Deuille) sont les principaux cours d'eau qui traversent la commune de Pierre-la-Treiche.
Une résurgence située sur la propriété dite de la Rochotte permet la libération dans le Chaudeau de l'Aroffe dont le cours souterrain débute à Gémonville (30 km) et transite par un vaste système karstique au sud du village[8],[9].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,8 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,7 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 830 mm, avec 12,2 jours de précipitations en janvier et 9,4 jours en juillet[10]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Nancy-Ochey », sur la commune d'Ochey à 7 km à vol d'oiseau[12], est de 10,5 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 810,4 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 39,6 °C, atteinte le ; la température minimale est de −19,1 °C, atteinte le [Note 2],[13],[14].
Au , Pierre-la-Treiche est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[17].
Elle est située hors unité urbaine[18]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Nancy, dont elle est une commune de la couronne[Note 3],[18]. Cette aire, qui regroupe 353 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[19],[20].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (83,1 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (83,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (77,9 %), terres arables (5,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (5,2 %), eaux continentales[Note 4] (4,8 %), zones agricoles hétérogènes (3,3 %), zones urbanisées (2,8 %)[21]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Protection
L'arrêté de biotope (AB54073A) du vallon de l’Arot protège sur 367 ha « un vallon forestier froid qui abrite des espèces végétales menacées ». Quatre espèces protégées sont observables dans le vallon :
Le nom de la localité est attesté sous les formes Villa quæ dicitur Petra (836) ; Pierre ou Pierre-la-Treiche[22].
Le toponyme fait référence au relief qui domine la localité, du latin petra « pierre , roche », peut-être pour désigner un gros rocher[23].
En 1510 apparaît l'adjonction de Trexe, terme lorrain qui désigna d'abord un terrain en friche, puis une parcelle sans arbre entourée de bois[24] ou de l'oiltreche « pile , culée d'un pont »[25]. L'article sur le droit de parcours indique que la treixe, treiche ou trice du domaine lorrain était à l'origine un lieu de connexion ou de confluence de différents parcours de vaine pâture. Également, ancienne ferme et ermitage, carrières de pierre déjà exploitées au commencement du XVIe siècle[26].
Histoire
Préhistoire
Des indices de présences humaines aux paléolithique, néolithique et protohistorique ont été mis en évidence dans les diverses grottes de la région.
À 1 200 mètres à l'est du village, se trouve une grotte dite le Trou des Celtes, qui a servi de sépulture à l'époque de la pierre polie. MM. Husson père et fils et après eux M. R. Guérin y ont recueilli des pointes de flèches en silex et divers instruments de l'époque de la pierre, accompagnés d'ossements humains ; une partie de ces trouvailles figure au musée lorrain et au musée de Toul.
La ferme de Gimeys à Pierre-la-Treiche appartenait à l'abbaye de Clairlieu[27] et la forêt domaniale de Bois l'Évêque rappelle l'existence des possessions temporelles épiscopales (le revenu de ces terres allait à l’évêque de Toul).
Au lieu-dit Champ du cercueil, existent des vestiges d'anciennes fortifications, près desquelles furent exhumés[28], en 1835, à un mètre de profondeur, 15 ou 20 squelettes avec épées et poignards, alignés autour d'un cercueil en pierre, scellé d'agrafes de fer. Il contenait un squelette portant un anneau de bronze sur la poitrine, une épée, un poignard, une bague d'argent portant un onyx sur lequel était gravée une tête de Mercure ou d'Apollon[29].
Lepage identifiait cette sépulture comme celle d'un chef franc « environné de ses Leudes », morts, selon l'usage, en couvrant de leur corps le maître qu'ils s'étaient donnés et auquel ils ne pouvaient survivre sans honte.
En 1896, des ouvriers, en décapant une carrière, ont trouvé des médailles romaines en argent et en bronze et dans une sorte de cavité des débris de poteries.
On a remarqué sur la colline une enceinte de type éperon barré, mentionnée dans la revue « Recherches Culturelles en Lorraine », à Bois l’Evêque, déjà citée dans Sexey-aux-Forges et qui dut être un castrum gallo romain[30].
Jean Forget, au titre d’abbé de Saint-Léon de Toul, a fait remanier la chapelle gothique du prieuré Saint-Nicolas de la Rochotte, et bâtir, en 1541, le château[33], son logis abbatial, dans le style pur de la Renaissance[34].
Le village fut, entre 1886 et 1896, le lieu de production du monocorde à clavier[35], instrument de musique inventé par Joseph Poussot (°1861-†1891) en 1886.
Le village a souffert de la crue centennale de 1947, la localité étant recouverte de 1,5 à 2 m d'eau[36].
Industrie fluviale
Au début du XXe siècle les frères Mourlon lancent des chantiers navals à Pierre-la-Treiche. Situés au lieu-dit le Quart de Sable, ils construisent des péniches en bois de type Freycinet dans deux cales sèches. Aujourd'hui l'association « La péniche Pierre-la-Treiche » restaure l'une d'entre elles en préservant le patrimoine industriel local[37].
Plus tard, une usine de moteurs de péniches s'est d'ailleurs installée dans la commune.
Le calcaire extrait du plateau était chargé sur des bateaux pour être dirigé vers les usines Solvay (Dombasle-sur-Meurthe) grâce à un quai de chargement aujourd'hui disparu.
Xavier Colin[38],[39] Réélu pour le mandat 2020-2026
Conseiller Pôle Emploi
Population et société
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[40]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[41].
En 2022, la commune comptait 474 habitants[Note 5], en évolution de −5,2 % par rapport à 2016 (Meurthe-et-Moselle : −0,13 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
Le secteur primaire comprend, outre les exploitations agricoles et les élevages, les établissements liés à l’exploitation de la forêt et les pêcheurs.D'après le recensement agricole 2010 du Ministère de l'agriculture (Agreste[44]), la commune de Pierre-la-Treiche était majoritairement orientée[Note 6] sur la production de céréales et d'oléagineux sur une surface agricole utilisée[Note 7] d'environ 191 hectares (en deçà de la surface cultivable communale) stable depuis 1988 - Le cheptel en unité de gros bétail s'est réduit de 64 à zéro entre 1988 et 2010. Il n'y avait plus que 1 exploitation agricole ayant son/leur siège dans la commune employant 1 unité de travail[Note 8].
Secteur secondaire et tertiaire ou Industrie, commerces et service
Selon l'INSEE, le nombre de postes salariés par type d’activité est le suivant en 2015 :
CEN T2 - Postes salariés par secteur d'activité au [45]
Ancien prieuré Saint-Nicolas de la Rochotte avec chapelle (classé aux monuments historiques par arrêté du [47]). Fondé vers 1094 par Lutulphe, doyen du chapitre de la cathédrale, le prieuré de Saint-Nicolas dépendait de l'abbaye Saint-Léon de Toul. L'évêque Pibon en fît la dédicace. Relevé en 1537 par Jean Forget, il se compose de deux bâtiments : le logis (1541), et la chapelle de la même époque. Dans la chapelle, présence en soubassement de peintures murales du XIXe siècle, et dans les tympans des arcs figure une œuvre de 1946 exécutée par un prisonnier allemand, Spychalski. Dans le logis, l'escalier est le seul vestige apparent des dispositions du XVIe siècle (cage de plan carré intégrant un escalier en vis au noyau central constitué d'une colonne sur haut socle).
L'ermitage de Sainte-Reine bâti sous un rocher sur le bord de la Moselle.
Site spéléologique
Pierre-la-Treiche est la commune de Meurthe-et-Moselle sur le territoire de laquelle se développe le plus grand nombre de cavités souterraines naturelles (39) et avec le plus important développement cumulé du département[48]. Au départ endokarst situé sous le fond de la vallée de la Moselle, celui-ci a été recoupé lorsque la rivière s'est encaissée, présentant aujourd'hui un paléokarst sous-alluvial[49]. Avant sa capture par la Meurthe, la Moselle a participé à la création et à l'élargissement de l'ensemble des grottes puis à leur comblement avec ses alluvions[50]. 3 des 7 plus grandes grottes de la commune ont été découvertes par Christian Chambosse (°1914 - †2004) dans les années 1930.
Grotte Carrière Deux Ouvertures, 10e plus grande grotte, en terme développement connu, du département de Meurthe-et-Moselle.
Grotte des Excentriques, 7e plus grande grotte du département inventée par Christian Chambosse en 1935.
Grotte Jacqueline, 4e plus grande grotte du département inventée par Jean Colin en 1948.
Grotte des Puits, 5e plus grande grotte du département inventée par Christian Chambosse en 1934.
Grotte Sainte-Reine, 2e plus grande grotte du département inventée par Nicolas Husson en 1863 ; le porche de Sainte-Reine abrita un ermitage au XVIIIe siècle ce qui lui vaut d'être classé aux monuments historiques par arrêté du [51].
Grotte des Sept Salles, 3e plus grande grotte du département inventée par Christian Chambosse en 1937.
À Pierre-La-Treiche l'abbé Guyot qui était désireux d'implanter une industrie locale proposa un vaste atelier à J. Poussot et il vint donc s'y établir en 1884. Un nouveau brevet fut déposé le . Plus de mille monocordes ont été fabriqués, de différents modèles. Malheureusement Joseph Poussot se noie à 29 ans dans la Moselle le alors qu'il était promis à un brillant avenir…
Le Chalet Beaurivage, en bord de Moselle, existe depuis 1937. Il a été créé à l'initiative de Pierre et Jeanne Colin (1904-1996). Pendant de longues années l'établissement a constitué un véritable lieu de détente et de loisirs, où l'on pouvait à la fois se restaurer et se baigner ; la canalisation de la Moselle et la destruction de l'ancien barrage ont cependant profondément changé le cadre de cette célèbre « guinguette lorraine », faisant ainsi disparaître les bassins et les plongeoirs.
Parti d'argent à trois fasces bretessées de gueules et d'argent maçonné de sable au pal d'azur chargé d'une bâton d'or brochant sur la partition.
Détails
Les fasces bretessées symbolisent les galeries des grottes avec leurs différentes chambres. Le maçonné rappelle les carrières de pierre exploitées à Pierre la Treiche depuis le XVIe siècle. Le bâton indique que c'est saint Christophe qui est le patron de la paroisse. Le statut officiel du blason reste à déterminer.
Voir aussi
Bibliographie
G. Hamm, Carte Archéologique de la Gaule. 54. La Meurthe-et-Moselle, Paris, 2005.
« Pierre », Monographies communales de Meurthe-et-Moselle réalisées pour l'exposition universelle de 1889 et conservées par les Bibliothèques de Nancy, sur galeries.limedia.fr
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Orientation technico-économique de la commune : production dominante de la commune, déterminée selon la contribution de chaque surface ou cheptel de l'ensemble des exploitations agricoles de la commune à la production brute standard.
↑Superficie agricole utilisée : superficies des terres labourables, superficies des cultures permanentes, superficies toujours en herbe, superficies de légumes, fleurs et autres superficies cultivées de l'exploitation agricole.
↑Unité de travail annuel : mesure en équivalent temps complet du volume de travail fourni par toutes les personnes intervenant sur l'exploitation. Cette notion est une estimation du volume de travail utilisé comme moyen de production et non une mesure de l'emploi sur les exploitations agricoles.
↑Alain Kientz, « Les deuilles en pays de Colombey », Études touloises, Toul, CELT, no 135, , p. 15-32 (lire en ligne).
↑Alain Kientz, « Les deuilles en pays de Colombey », Spéléo L, Tomblaine, LISPEL, no 20, , p. 5-30 (en particulier et notamment « Complexe de l'Aroffe » p. 7-11) (ISSN0758-3974).
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Henri Lepage, Dictionnaire topographique de la France : Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, Impr. impériale, , p. 108.
↑Ernest Nègre, Toponymie générale de la France : Formations pré-celtiques, celtiques, romanes, Genève, Droz, , p. 321.
↑Aude Wirth, Les Noms de lieux de Meurthe-et-Moselle, Dictionnaire étymologique, Haroué, Gérard Louis, .
↑Ernest Nègre, Toponymie générale de la France : Formations non-romanes, formations dialectales, Genève, Droz, , p. 1298.
↑Henri Lepage, Dictionnaire topographique de la France : Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, Impr. impériale, (lire en ligne), p. 144.
↑Benoit de Toul, L'Origine De La Tres Illustre Maison De Lorraine ; Avec Un Abregé De L'Histoire De Ses Princes, Laurent, (OCLC833132336, lire en ligne), p. 90.
↑Édouard Salin, « Caractères généraux, nomenclature et carte archéologique des cimetières du haut moyen âge du département de Meurthe-et-Moselle », Bulletin Monumental, vol. 96, no 2, , p. 216 (DOI10.3406/bulmo.1937.8528, lire en ligne, consulté le ).
↑Jules (1859-1921) Auteur du texte Beaupré, Répertoire archéologique pour le département de Meurthe-et-Moselle, époques préhistoriques, gallo-romaines, mérovingiennes, par le Cte J. Beaupré,..., (lire en ligne), p. 113-114.
↑Calmet,, Notice de la Lorraine, qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évêchés, Metz, Toul et Verdun; l'histoire... des villes, bourgs, villages... Nouvelle édition., 1835, 1836 (OCLC558042145, lire en ligne), p. 222
« Pierre, le village de Petra, est annexe de Bicquilley... »
↑Ravenel B. (1993) - « Pierre-la-Treiche et le monocorde de Joseph Poussot », Études touloises no 66, CELT, Toul, p. 3-14, p. 15-23
↑Nouveau R. (1975) - « La crue de la Moselle en décembre 1947 », p. 31-33 dans : « Notre temps », Études touloises no 66, Cercle d'études locales du toulois, Toul, p. 25-34
↑Benoît Losson, Karstification et capture de la Moselle (Lorraine, France) : vers une identification des interactions (Thèse de doctorat de géographie, Université de Metz), , 510 pages + annexes (196 pages) et planches (94 pages) (lire en ligne)