Pierre de Cortone (en italien : Pietro da Cortona, de son vrai nom Pietro Berrettini), né à Cortona le et mort à Rome le , est un peintre et un architecteitalien du baroque commençant, considéré comme le premier représentant authentique du nouveau style[1].
Il noua aussi très tôt des relations avec les milieux romains passionnés d'antiquités, notamment Cassiano dal Pozzo qui le pousse à étudier l'art antique, et l'amateur Marcello Sacchetti pour qui il peignit à plusieurs reprises dans les années 1620 : Le Sacrifice de Polyxène, Le Triomphe de Bacchus, L'Enlèvement des Sabines (Rome, musées du Capitole). Ces œuvres témoignent aussi de son étude de la peinture vénitienne du XVIe siècle[2].
Il poursuit sa carrière au service de la famille Sacchetti qui lui confie en 1623 le chantier de la villa du Pigneto(en). Au palais Sacchetti, il rencontre le Cavalier Marin et le cardinal Mafeo Barberini, futur Urbain VIII, qui devient son protecteur. Par son intermédiaire, il obtient sa première grande commande de peinture, le cycle de décors à fresque de l'église Santa Bibiana à Rome (1624-1626), dont la façade a été réalisé par Le Bernin. Le succès qu’il rencontre lui ouvre une carrière active : en 1629, il peint L’Enlèvement des Sabines qui devient le manifeste de la peinture baroque romaine.
En 1633-1639, il exécute pour le pape Urbain VIII sa fresque la plus célèbre : La Gloire des Barberini, qui orne le plafond du grand salon du palais Barberini à Rome. Ce décor peint est aussi appelé Le Triomphe de la Divine Providence. Il s’agit d’une allégorie de la Providence et du pouvoir divin des Barberini. Cette grande fresque est mouvementée, abonde de personnages vus dans une contre-plongée extrême (sotto in su), qui caractérise ses effets illusionnistes.
En 1637, durant un voyage en Italie du nord, il s'arrête à Florence et à la demande de Ferdinand II, commence à peindre une petite pièce du piano nobile appelée Sala della Stufa ou salle du Poêle au palais Pitti. Sa série de fresques décrivant Les quatre âges de l'homme reçut un accueil très favorable. L'Âge d'or et L'Âge d'argent furent peints en 1637, puis il retourna à Rome pour achever la voûte Barberini et en 1640 il était à nouveau à Florence pour terminer l'œuvre commencée trois ans avant et peignit L'Âge du bronze et L'Âge du fer. On lui demanda alors les fresques des salles de réception du grand-duc, enfilade de cinq pièces sur le devant du palais. Dans ces cinq salles « des Planètes », la suite hiérarchique des divinités est fondée sur la cosmologie ptolémaïque : Vénus, Apollon, Mars, Jupiter (la salle du trône des Médicis), et Saturne. De 1641 à 1647 il peignit les salles de Vénus, Jupiter et Mars. Ces plafonds rendent essentiellement hommage à la lignée des Médicis et à leur capacité à être des dirigeants vertueux[4]. Il commença celle d'Apollon qui fut terminée par son élève Ciro Ferri en 1660[2]. Le thème des plafonds de ces salles devaient inspirer plus tard la décoration des Grands Appartements du château de Versailles, conçus par Charles Le Brun.
Rentré définitivement à Rome en 1647, il reçut sans cesse de nouvelles commandes des grandes familles et des ordres religieux, soit comme architecte soit comme décorateur et peintre. Il contribua à modifier le visage de Rome[3], et il y deviendra principe (prince) de l'Accademia di San Luca.
Avant de devenir célèbre comme architecte, Pietro dessina des planches anatomiques qui ne sont publiées qu'un siècle après sa mort en 1741. Les planches de Tabulae anatomicae ont été sans doute composées vers 1618. Les poses dramatiques et finement étudiées sont dans le style des autres artistes du genre de la Renaissance et du baroque, mais sont particulièrement expressives.
Saint Martine refuse d'adorer les idoles (1656), huile sur toile, 100 × 78 cm, palais Pitti de Florence. Serait un tableau préparatoire d'un retable pour Saint-François de Sienne
Les Prophètes (1657-1660), stucs et fresques du plafond, Chiesa Nuova, Rome
Des Anges avec les instruments de la Passion (1657-1660), stucs et fresques de la voûte, Chiesa Nuova, Rome
↑ a et bCommune di Roma, Les musées capitolins, guide, Milan, Mondadori Electa S.p.A., , 221 p. (ISBN978-88-370-6260-6), pp. 172-173.
↑ ab et cElena Fumagalli, « Biographies », dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires, (ISBN2-84459-006-3), p. 641.
↑ a et bEva Bensard, « Pierre Cortone, virtuose baroque », Muséart, no 78, , p.53.
↑Emmanuelle Brugerolles, Baroque à Rome, 2022, cat. 6, p. 42-45.
↑Dessin préparatoire Homme vu de face, les bras levés et les jambes écartées, pierre noire, craie blanche sur papier beige, 0,136x0,245 m, Paris, Beaux-Arts de Paris, voir Emmanuelle Brugerolles (dir.), Baroque à Rome, 2022, cat. 7, p. 46-48.
André Félibien, Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes, t. 5e partie - 9e entretien, Paris, (lire en ligne), p. 6-14.