Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
Il est délicat de se faire une image précise, car les faits imaginés se mélangent aux faits historiques : sa légende a été créée par Jean Trithème, Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Symphorien Champier (1520), qui en ont fait un mage, ce qui ne semble pas objectivement exact.
Pierre d'Abano est né Pietro de Sclavione vers 1250 à Abano Terme, fils de Costanza de Sclavione.
Il étudie la médecine et la philosophie à Padoue et à Paris, entre 1270 et 1285-1290. Il s'en fut ensuite à Constantinople, apprendre le grec. En 1295, à Paris, il écrit une Compilatio physiognomiae. En 1298 il a peut-être rencontré Raymond Lulle à Paris. Déjà, les dominicains du monastère Saint-Jacques de Paris l'accusent d'hérésie. Il s'établit en 1302 à Padoue, où il enseigne la philosophie, l'astrologie et la médecine. Il se fait une réputation comme médecin. Comme astrologue, il est accusé de pratiquer la magie. Une deuxième fois, en 1294, il est accusé, il passe en procès devant le tribunal de l'Inquisition (1304-1315) : l'accusation d'hérésie lui reproche de nier l'existence des démons et des esprits, de condamner (au point de nier le surnaturel) les pratiques d'astrologie cérémonielle et nécromantique fondée sur des images ou sur des amulettes, et enfin de soutenir que la repopulation de la Terre après le Déluge ne venait pas de l'action de Noé mais de phénomènes naturels.
D'autre part, Pierre d'Abano attribuait la mélancolie, non à l'œuvre de démons, mais à la bile noire.
Ainsi, Pierre d'Abano apparaît moins comme un mage que comme un esprit rationnel. D'ailleurs, dans ses écrits, il expose et promeut le système philosophique d'Avicenne qui ne tient plus les planètes pour des esprits.
En astrologie, comme les auteurs arabes (notamment Albumasar), il affirme un déterminisme astral, celui des grandes conjonctions de planètes qui expliqueraient l'apparition des religions : c'est certes astrologique, mais déterministe, en opposition avec la doctrine officielle de l'Église sur la liberté.
De 1303 à 1310 il affine son grand livre, Conciliator differentiarum philosophorum et medicorum, mais aussi Lucidator dubitabilium astrologiae et De motu octavae sphaerae.
En 1314 on le trouve comme enseignant, lecteur, à Trévise, payé par l'université de Padoue.
Accusé d'hérésie, il fut traduit deux fois devant le tribunal de l'Inquisition. Au premier procès il fut acquitté. Lors du second, il mourut en prison, où il se trouvait depuis deux ans, avant le prononcé de la sentence. Son procès se poursuivit néanmoins et il fut reconnu coupable, son corps condamné à être exhumé et brûlé. Mais l'un de ses amis ayant secrètement emporté son cadavre, l'Inquisition dut se contenter de la proclamation de la sentence avec un simulacre d'exécution : il fut brûlé en effigie[1].
Philosophie
Dans son Conciliator, il s'efforce de réaliser une synthèse des apports théoriques grecs et arabes à la médecine, tout en mettant l'accent sur certains faits moraux.
Certains historiens en font le fondateur de l'averroïsme padouan, c'est-à-dire d'un courant aristotélicien hostile à la scolastique, favorable à l'expérience.
Bibliographie
Œuvres
Lucidator dubitabilium astronomiae (Éclaircissement sur les points douteux de l'astronomie) (1303, révisé en 1310) et De motu octavae sphaerae (Du mouvement de la huitième sphère), édi. par Graziela Federici Vescovini, Padoue, Programma, 1988 : Trattati di astronomia ; rééd. Padoue, Esedra, 2008
Conciliator differentiarum philosophorum et medicorum (Conciliateur des différences entre philosophes et médecins) (1310), Venise. — Première édition imprimée : 1476 (sur Archive, éd. de 1548). Reproduction récente de l'édition 1565 par E. Riondato et L. Olivieri, Padoue, éd. Antenote, 1985.
De singulis venenis (De chaque poison), trad. fr. 1593.
Expositio problematum ou Problemata (1302), Mantoue, 1474. Commentaire des Problèmes d'Aristote ou du Pseudo-Aristote.
Liber compilationis phisionomie (1295), Padoue, 1474.
Pseudo-Pietro d'Abano
Heptameron ou Elementa magica, édi. Joseph H. Peterson (1998) en avec trad. an. [1] Ajouté au De occulta philosophia de Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim. Très probablement un faux selon Lynn Thorndike
Lucidarium artis nigromantice (ou Elucidarium nigromantie)
Annulorum experimenta (selon Jean Trithème, Antipalus maleficiorum [1508], I, 3, n° 26).
Études
Gabriel Naudé, Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement soupçonnés de magie (1653)
Lynn Thorndike, History of magic and experimental science, Columbia University Press, t. II, 1923, p. 874-946. [2]
E. Paschetto, Pietro d'Abono, medico e filosofo, Vallechi, Florence, 1984.
Graziella Federici Vescovini, "La place privilégiée de l’astronomie-astrologie dans l’encyclopédie des sciences théoriques de Pietro d’Abano", in : Burckhard Mojsisch & Olaf Pluta, éd., Historia Philosophiae Medii Aevi. Studien zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Amsterdam ; Philadelphia : R.B. Grüner, 1991, p. 259-269.
Danielle Jacquart, "L'influence des astres sur le corps humain chez Pietro d'Abano", in B. Ribémont (édi.), Le corps et ses énigmes au Moyen Âge, Caen, 1993, p. 73-86.
Graziella Federici Vescovini, "La médecine, synthèse d'art et de science selon Pierre d'Abano", in R. Raashed et J. Biard (édi.), Les doctrines de la science, de l'Antiquité à l'âge classique, Peeters, Leuven, 1999.
D. Ottaviani, "La méthode scientifique dans le Conciliator de Pietro d'Abano", in C. Grellard (dir), Méthodes et statuts des sciences à la fin du Moyen Âge, Villeneuve-d'Ascq, Septentrion, 2004, p. 13-26.
W. Hanegraaff (édi.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Leyde, Brill, 2005, t. II, p. 944-947.
Jean-Patrice Boudet, Franck Collard et Nicolas Weill-Parot, Médecine, astrologie et magie entre Moyen Âge et Renaissance: autour de Pietro d'Abano, Firenze, Sismel - Edizioni del Galluzzo, 2013 (Società internazionale per lo studio del Medioevo latino).