Sa densité est faible (1,03) par rapport à d'autres polymères techniques ; sa température de transition vitreuse vaut ~45 °C et son point de fusion ~185 °C. Les températures d'utilisation se situent entre −40 °C (−60 °C pour un grade spécial) et 100 °C (pointes à 150 °C tolérées) : le PA 11 est le seul polyamide capable de résister à des environnements difficiles[3].
En 1938, Joseph Zeltner et son collaborateur Michel Genas sont deux chimistes à Organico, une petite entreprise basée à Nanterre et rachetée quelques années auparavant par la Fabrique de produits chimiques Thann et Mulhouse. Inspirés par les résultats de Wallace Hume Carothers à DuPont de Nemours sur le nylon et par leur expérience avec les composants de l'huile de ricin, ils posent les premières bases de la synthèse du polyamide 11. Toutefois, ils ne parviennent pas à produire de grandes quantités, d'autant plus que l'arrivée de la seconde guerre mondiale les force à déménager leur laboratoire en zone libre, à Salindres, chez la Compagnie des produits chimiques d'Alais, Froges et Camargue, compagnie financièrement liée à Thann et Mulhouse. De premiers fils sont réalisés en 1942, quelques mois avant l'arrestation et la déportation sans retour de Zeltner à Auschwitz[6]. Le projet continue néanmoins, avec Genas et son collègue Marcel Kastner à l'École normale supérieure et un premier brevet est déposé le . Après la Libération, le projet est soutenu par des recherches universitaires (notamment grâce à Georges Champetier à l'École supérieure de physique et de chimie industrielles) et par la société Pechiney, qui reprendra les activités chimiques de ses prédécesseurs et dédiera une filiale, reprenant le nom d'Organico, à la chimie des polymères et qui s'installera à Serquigny dans l'Eure. Dès lors, la plupart des investissements dans le polyamide 11 sont liés de près ou de loin à Organico, qui deviendra, après plusieurs changements de nom, regroupements et acquisitions, le groupe Arkema. En 1947, une tonne de polyamide 11 est produite, les essais mécaniques et thermoplastiques sont concluants et des avantages par rapport au polyamide 6.6 et au polyamide 6 (respectivement produits par DuPont et IG Farben) sont mis en évidence. La production commerciale peut commencer et le nom « Rilsan PA11 » est déposé. Ce nom évoque à la fois le ricin et la Risle, rivière à Serquigny[7].
Le produit final dépend au départ de l'approvisionnement en graines de ricin, et donc des aléas de la production agricole. Pour contrôler au mieux la chaîne de production, une nouvelle usine produisant le monomère (acide 11-aminoundécanoïque) est construite à Marseille (quartier Saint-Menet) en 1955, et une autre à la fin des années 1950 à Osasco, au Brésil, au plus près des plantations de ricin[8].
En 1953, un partenariat avec la filature italienne Snia Viscosa permet de développer des applications textiles, en particulier pour la fabrication de sous-vêtements haut de gamme. Une filature est construite en , à Valence, dans la Drôme et une autre à Cesano Maderno, en Italie. Cependant la concurrence des polyesters et d'autres polyamides, notamment en termes de coût de revient, ne permettront pas au Rilsan textile de devenir commercialement viable. La fabrication de fil, à Valence, est arrêtée en 1972[9]. La production de polyamide 12, appelé « Rilsan B » ou « Rilsamid », aux caractéristiques très similaires mais synthétisé à partir d'un produit pétrolier, le butadiène, est initiée en parallèle.
Cependant, les applications nécessitant des plastiques à haute technicité semblent plus adaptées au polyamide 11 que le textile ; le produit reste donc compétitif. Une usine de production, jumelle de Serquigny, ouvre à Birdsboro en Pennsylvanie (États-Unis) en 1971. Une autre est prévue pour 2023 sur l'île de Jurong à Singapour. Des campagnes de production de polyamide 11 ont également vu le jour à Changshu (Chine).
↑Nom et abréviation selon la norme EN ISO 1043-1, Plastiques - Symboles et termes abrégés - Partie 1 : Polymères de base et leurs caractéristiques spéciales.