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Profil cultural

Le profil cultural est une méthode d’observation du sol qui fournit des données de terrain pour l'agriculteur ou l'agronome.

Qu’est-ce que le sol ?

Le sol a des fonctions multiples qui sont aujourd'hui mieux prises en compte par les agriculteurs, par conviction ou intérêt bien compris, ou par obligation réglementaire.

D’un point de vue agronomique, la fonction de production est néanmoins toujours présente et nous amène à prendre en compte, en particulier, les besoins des plantes cultivées sur la parcelle. On peut alors définir le sol dans sa dimension verticale comme l’ensemble des horizons explorés par les racines des différentes cultures (et inter cultures) du système de culture.

La dimension temporelle devient de plus en plus importante et va maintenant au-delà de la succession de cultures pour intégrer les notions de durabilité des systèmes agricoles, et la question même de la conservation du sol préoccupe de plus en plus d’agriculteurs.

Qu’est-ce que le profil cultural ?

Le profil cultural est un outil de diagnostic agronomique qui permet à partir de l'examen d'une couche de sol (1,50 m de profondeur et 3 à 4 m de long) de tirer des principes d'action pour la pratique agricole[1]. L'originalité principale de la méthode consiste en une double partition[2] :

  • verticale : les horizons anthropiques H et pédologiques P
  • horizontale, résultant d'une partition latérale L liée aux actions culturales.

Les strates ainsi définies font l'objet d'une description très méthodique :

  • structure du sol : état interne des mottes et modes d'assemblage de ces mottes avec la terre fine
  • état hydrique du sol
  • répartition du système racinaire
  • localisation et évolution des matières organiques

Comment réaliser un profil cultural ?

Après avoir choisi une zone représentative de la parcelle, Il faut d’abord définir les dimensions et l’orientation de la fosse en fonction de la question posée et choisir la face d’observation pour la préserver de tout compactage ou piétinement pendant le creusement. La fosse doit être perpendiculaire au sens de travail du sol (ce qui suppose de connaître précisément l’itinéraire technique de la parcelle) et suffisamment grande et profonde (surtout si on la creuse au tractopelle), pour permettre une bonne prise en compte de la variabilité spatiale. Pour l’observation du profil, quelques outils sont indispensables : une fourche à bêcher, un couteau avec une lame de 15 cm environ et arrondie à son extrémité (type couteau à désosser), un ou deux double mètres, et si possible un bon soufflet. Dans un premier temps, on va chercher à repérer les partitions verticales et latérales, indispensables pour une compréhension de l’origine des différents états structuraux et une interprétation correcte du profil. Pour ce qui concerne la structure, on décrira ensuite chaque strate en caractérisant successivement :

  • le mode d’assemblage des mottes et de la terre fine. État « o », comme « ouvert » pour des mottes peu soudées entre elles et avec la terre fine. État « b », comme blocs, pour des mottes décimétriques avec cavités. État « c », comme « continu » s’il n’y a pas de mottes discernables.
  • l’état interne des mottes (on casse chaque motte en deux pour observer la face de fragmentation).
    • Mottes delta, face plane sans aspérité, pas de porosité visible, généralement pas de racine ni vers de terre, résulte d’un tassement sévère.
    • Mottes gamma, rugosité et porosité importantes, absence de tassement.

Mottes delta zéro, état intermédiaire, face de fragmentation plane mais rugueuse, porosité faible mais non nulle, quelques racines et galeries de vers de terre. Mottes phi, seulement si présence d’argiles gonflantes, amorce de fissures, facettes anguleuses. Mottes delta plus, face parfaitement plane avec traces de «plissement », résultent d’un tassement très sévère.

Il est également très intéressant d’observer les galeries de vers de terre visibles sur la face d’observation (galeries vides et brillantes, ou partiellement remplies de déjections, présence de cavités sphériques, etc.), et de procéder au comptage des orifices ouverts de galeries de vers de terre, sur un plan horizontal comme le fond de labour[3]. Une mise en relation de toutes ces observations (sans oublier les racines) permettra de forger progressivement un diagnostic à l’échelle du profil et donc pour la zone étudiée sur la parcelle. Cette étape est complexe et nécessite un savoir-faire qui s’acquiert avec l’expérience.

Vers une approche globale du sol

L'examen du profil cultural a pour but d'établir un diagnostic de la situation et de déboucher sur des modifications éventuelles des pratiques de l'agriculteur. Cette démarche peut aussi avoir d’autres objectifs comme l’évaluation des potentialités agronomiques, ou servir de base à une expertise agronomique des pratiques agricoles[4]. Mais les préoccupations de certains agriculteurs (en particulier ceux en agriculture biologique) ont conduit à la rénover en développant des outils d’observation de la composante biologique[5].

Sur le terrain, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à cette démarche "profil cultural rénové" où le sol est considéré comme un milieu complexe et vivant, et où on prend en compte une approche intégrée des composantes physique, chimique et biologique du sol.

Le profil cultural concerne le sol (principalement les composantes physique et biologique) et l’analyse de terre ne concerne que le matériau (la terre, et principalement la composante chimique), ces deux outils sont complémentaires[6].

Le comptage des orifices (ouverts) de galeries de vers de terre au niveau du fond de labour s'avère une information intéressante même si son interprétation est un peu complexe (l’abondance des vers de terre dépend autant de la quantité de matières organiques présentes dans le sol ou sur le sol que des qualités physique et biologique du sol. Et les agriculteurs apprécient beaucoup cet indicateur qu’ils espèrent (parfois de manière excessive) mettre en relation avec leurs pratiques de travail du sol et de gestion des matières organiques.

Notes et références

  1. Hénin S., Gras R., Monnier G., 1969, Le profil cultural (2°édition), Masson Ed. Paris.
  2. Manichon H., 1982, L'action des outils sur le sol : appréciation de leurs effets par la méthode du profil cultural, Sciences du sol 3, 203-219.
  3. Fayolle L., Gautronneau Y., 1998, Vers de terre et profil cultural, Poster Congrès mondial Sciences du sol, Montpellier.
  4. Gautronneau Y., Manichon H., 1987, Guide méthodique du profil cultural, CEREF-ISARA/GEARA-INAPG, 70p.
  5. Gautronneau Y., Gigleux C., 2002, Towards holistic approaches for soil diagnosis in organic orchards, Proceedings of the 14th IFOAM Organic World Congress, Victoria, p. 34.
  6. Gautronneau Y., 2005, L’observation du sol incontournable surtout en non labour, Oléoscope no 84, 22-26.

Voir aussi

Bibliographie

  • Yvan Gautronneau, Hubert Manichon, Guide méthodologique du profil cultural, Geara et Ceref, 1987, 71 p
  • Manichon H., 1982, L'action des outils sur le sol : appréciation de leurs effets par la méthode du profil cultural, Sciences du sol 3, 203-219.
  • Gautronneau Y., 2000, Réapprendre le sol, à l'aide du profil cultural, Conférence pour les 10 ans du GEETA de Pithiviers, 4p.
  • Juan M., 2002, Le profil cultural révèle des trésors cachés, PLM no 324, 74-77.
  • Gautronneau Y., Labreuche J., 2002, Évaluer la structure avec un profil cultural, Perspectives Agricoles no 282, 24-26.
  • Bulot S., 2004, Le profil cultural : un outil incomparable pour parler du sol aux agriculteurs, Semences et Progrès no 119, 228-232.

Liens externes

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