La protéine C réactive (abrégée CRP, de l'anglais C-reactive protein) est une protéine de phase aiguë synthétisée principalement par le foie mais aussi par le tissu adipeux[5]. Elle joue un rôle important dans les réactions inflammatoires, et sert de marqueur biologique à celles-ci.
Historique et nomenclature
La protéine C réactive a été isolée par Tilett(en) et Francis en 1930 à Rockefeller University, dans le sérum de patients présentant une inflammation aiguë[6].
La CRP est une protéine constituée de cinq sous-unités comportant chacune 206 acides aminés[7]. Elle fait partie de la famille des pentraxines. Elle joue un rôle dans le système immunitaire, pouvant se fixer sur les immunoglobulines G et pouvant activer le système du complément. Sa demi-vie est de 18 h et elle se trouve essentiellement dans le sérum sanguin[8].
La CRP est un marqueur précoce, sensible et spécifique de la réaction inflammatoire, et proportionnel à son intensité.
Elle apparaît dans les six heures suivant l'inflammation aiguë. Son taux augmente et est maximal après deux jours. Il peut baisser en moins de 6 heures après éradication de la source d'inflammation.
En présence de calcium, la CRP se lie spécifiquement aux résidus phosphocholine. On trouve la phosphocholine dans les polysaccharides microbiens.
Le gène responsable de sa synthèse est situé sur le chromosome 1 humain (long bras proximal)[12]. Ce gène a de nombreuses mutations décrites, pouvant être responsables en partie de la variation inter-individuelle de sa concentration basale[13]. Il existe, par ailleurs, 18 autres gènes, dont les mutations entraînent une modification du taux de CRP[14].
Dosage
La concentration sanguine de CRP est normalement inférieure à 6 mg/l. Elle varie cependant selon l'ethnicité, sa valeur étant sensiblement plus basse chez les Asiatiques[15].
Elle est utilisée depuis 1977 dans le diagnostic et la surveillance de l'évolution des infections, la normalisation de son taux étant un indice que le phénomène infectieux est maîtrisé. La CRP joue un rôle important dans le myélome multiple : son augmentation est un marqueur important de prolifération tumorale.
Marqueur cardiovasculaire
L'élévation de la CRP est un facteur de risque de l'athérome, maladie obstruant les vaisseaux[16]. D'après certains auteurs, quand son taux (à mesurer par méthodes « ultrasensibles » permettant de détecter des taux de 0,2 à 5 mg/l) augmente et dépasse 3 mg/l dans le plasma sanguin[17], elle serait l'un des marqueurs les plus fiables[18] tandis que pour d'autres la corrélation semble faible[19]. Des arguments indirects semblent montrer que cette élévation n'est qu'un marqueur et n'interviendrait pas directement dans la genèse de l'athérome[20]. Selon d'autres études, en revanche, la CRP réduirait la synthèse d'oxyde nitrique et empêcherait l'angiogenèse, jouant ainsi un rôle direct dans les maladies cardiovasculaires[21]. Il a aussi été montré qu'un taux de CRP inférieur à 2 mg/l sous statine diminue le risque d'infarctus du myocarde et de morts par accident coronarien[22].
Marqueur métabolique
Le taux de CRP peut être discrètement augmenté en cas d'obésité et cette élévation semble être un marqueur de risque de la survenue d'un diabète de type 2[23].
Interactions
La supplémentation en vitamine C peut réduire de manière significative le taux de CRP, voire l'annuler[24],[25].
↑Jennifer K. Pai, M.H.S., Tobias Pischon, M.D., M.P.H., Jing Ma, M.D., Ph.D., JoAnn E. Manson, M.D., Dr.P.H., Susan E. Hankinson, Sc.D., Kaumudi Joshipura, B.D.S., Sc.D., Gary C. Curhan, M.D., Sc.D., Nader Rifai, Ph.D., Carolyn C. Cannuscio, Sc.D., Meir J. Stampfer, M.D., Dr.P.H., and Eric B. Rimm, Sc.D. (2004) Inflammatory Markers and the Risk of Coronary Heart Disease in Men and Women, N Engl J Med ; 351:2599-2610December 16, DOI: 10.1056/NEJMoa040967
↑Paul M. Ridker, Nader Rifai: C-Reactive Protein and Cardiovascular Disease MediEdition Inc. (27 février 2006) (ISBN0978009002)
↑Paul M Ridker, M.D., Christopher P. Cannon, M.D., David Morrow, M.D., Nader Rifai, Ph.D., Lynda M. Rose, M.S., Carolyn H. McCabe, B.S., Marc A. Pfeffer, M.D., Ph.D., and Eugene Braunwald, M.D. (2005) [C-Reactive Protein Levels and Outcomes after Statin Therapy] ; for the Pravastatin or Atorvastatin Evaluation and Infection Therapy–Thrombolysis in Myocardial Infarction 22 (PROVE IT–TIMI 22) Investigators ; N Engl J Med 2005; 352:20-28January 6, 2005DOI: 10.1056/NEJMoa042378 (résumé)
↑Vajihe Biniaz, Mehdi Sadeghi Shermeh, Abbas Ebadi et Ali Tayebi, « Effect of Vitamin C Supplementation on C-reactive Protein Levels in Patients Undergoing Hemodialysis: A Randomized, Double Blind, Placebo-Controlled Study », Nephro-urology Monthly, vol. 6, no 1, (ISSN2251-7006, PMID24719806, PMCIDPMC3968960, DOI10.5812/numonthly.13351, lire en ligne, consulté le )