Le racisme anti-asiatique est composé de croyances à propos des personnes d’origine asiatique, souvent présentées comme positives qui contiennent, par retournement, une face négative (exemples : « Ils sont discrets parce qu’ils s’intègrent sans faire d’histoires » versus « Ils sont discrets parce qu’ils conspirent », « Ils réussissent bien (positif) » versus « Ils sont avantagés (négatif) », etc.) qui engendrent des actes de violence (physiques ou verbales) et de discriminations en société.
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Pour Vincent Geisser, « Les « Asiatiques », modèle d’intégration pour les uns, symbole d’un communautarisme sournois pour les autres : admirateurs et dénonciateurs de la success story asiatique en France participent d’une même configuration mythologique, où l’« Autre jaune » est représenté simultanément comme doté d’une énergie créatrice et d’une puissance malfaisante[5] ».
Gregory B. Lee de l’Institut d'études transtextuelles et transculturelles, dans une intervention à un congrès à Valence, au Centre du patrimoinearménien, en 2013, relève une profonde ignorance de l’Asie et un imaginaire social construit à partir de quelques images biaisées et stéréotypées (confusion entre les différents pays asiatiques, « mangeurs de chiens et de chats » et « envahisseurs » concernant les Chinois, confusion entre "Indien" et "Hindou" pour les Indiens, Sri-lankais Bangladais et Pakistanais, etc.)[6].
Mai Lam Nguyen-Conan, déclare en que le racisme anti-asiatique « est finalement assez proche de l’antisémitisme. L’idée qu’ils sont «partout», alors que leur logique est finalement celle de l’autonomie économique »[7].
D’après Daniel Tran, de l’Association des jeunes chinois de France (AJCF), interviewé par France TV Info, en : « Il y a beaucoup de clichés qui circulent sur les personnes asiatiques, des clichés propres aux hommes et propres aux femmes. La femme plutôt « gentille, docile », qui doit dire « oui » à tout. L’homme, aussi ce cliché de « gentil », mais aussi qui n’est pas viril, qui est informaticien, qui fait du kung-fu, qui fait des nems, alors que les nêms ce n’est même pas chinois pour ceux qui ne le savent pas. ». Il rappelle également qu’il : « [...] y a des clichés qui vont dire, par exemple, que les Chinois se baladent avec beaucoup d’argent sur eux. Il y a eu une agression en d’un couturier chinois à Aubervilliers qui s’appelle Zhang Chaolin. Trois agresseurs ont essayé de voler l’argent qu’il avait sur lui. Malheureusement, il a succombé à ses blessures. [...] C’est un racisme qui est vu comme moins grave parce qu’il est banalisé, parce qu’on ne l’a pas assez dénoncé.»[8] Les stéréotypes concernant les Chinois et le Sud-Est asiatique peuvent également s'appliquer aux personnes du sous-continent indien, où les gens s'expriment bien plus difficilement sur le sujet en raison de la différence de langue et de culture.
Concernant les agressions, « Très peu de plaintes sont déposées, parce qu’il y a une méconnaissance du droit français, la barrière de la langue et une forme de fatalisme, analyse Mathilde Pinson. Les victimes acceptent ces agressions, en se disant que les autorités ont mieux à faire »[9].
Histoire
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Afin d'apporter son soutiens lors de la guerre 14-18, la Chine a envoyé plus de 40 000 ouvriers afin de soutenir l'effort de guerre. Ils ont été enrolés par l'armée britannique dans la Somme pour des travaux difficiles, surnomés péjorativement "coolies" en référence à leur comportement jugé obéissant et docile. Exploités dans des conditions médiocres, beaucoup sont morts et n'ont jamais pu rentrer dans leurs pays. 842 d'entres eux reposent dans le cimetière chinois de Nolette, situé sur la commune française de Noyelles-sur-mer[10].
La représentation des asiatiques dans le monde cinématographique français est largement stéréotypé[13]. Les personnages joués par des Asiatiques sont des figurants qui n'ont pas de prénom, pas le droit à la parole. Et quand ils apparaissent, ils incarnent alors des rôles d'étranger, restaurateur, maître d'arts martiaux[14], les serveuses, les masseuses, les prostituées, les travailleurs clandestins, avec un accent stéréotypé[15].
La diffusion d'un sketch intitulé « Les chinois » le sur la chaine M6 et la rediffusion sur la chaîne W9 de Gad Elmaleh et Kev Adams, amène de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux[16],[17],[18]. Il est critiqué notamment par la journaliste Doan Bui[19] et Dominique Sopo, président de SOS Racisme[20]. À ces voies de presses s'ajoutent une centaine de saisines du CSA[21],[22]. Face à ces critiques, le comédien s'excuse dans l'émission Touche pas à mon poste ! et déclare : « Je suis avec vous dans le combat contre le racisme ». Il explique ensuite qu'il s'agit d'un malentendu[23] : « Ce sketch s’appuie volontairement sur des clichés, y’a aucune malice, aucune intention de blesser une communauté […] c’est presque un sketch sur les sketchs sur les Asiatiques »[24],[25].
Les organisations anti-racistes déplorent de nombreux exemples d'allégations anti-asiatiques dans les médias comme le cas du , était écrit dans Le Parisien : «Il ne faudrait pas que le virus venu de Chine préfigure le règne des échoppes de cuisine chinoise à emporter. Demain, nous voulons encore manger avec des fourchettes, pas seulement avec des baguettes.» La SDJ du journal s'est publiquement désolidarisée de la « formulation aux relents sinophobes »[14].
L'association ASIAGORA créée en 2013 par des Français d'origine asiatique vise à lutter contre ce racisme trop souvent minoré par les médias ou les associations.
Le 4 septembre 2016 ils étaient présents lors de la manifestation en mémoire de Zhang Chao Lin, ce couturier tué par des voyous.
En 2020 lors de l'apparition du Covid ils ont mené des actions avec SOS Racisme.
Asiagora, sa présidente Zhang Lin et son porte parole Martial Beauville sont fréquemment interviewés par les médias à propos du racisme anti asiatique.
Un visuel de cette association figure par ailleurs dans l'exposition permanente du musée de l'Immigration qui s'est ouverte en juin 2023.
Dans une exposition intitulée ' Migrations Asiatiques " qui aura lieu en octobre 2023 plusieurs photographies réalisées par Asiagora figurent dans cette exposition au musée de l' Immigration à Paris.
Agressions anti-asiatiques
Le , victime de violences, agressions physiques et vols, la communauté asiatique de Belleville manifeste sa colère à Paris contre des bandes qui les ciblent, réunissant quelque 10 000 manifestants[26],[27].
Le le porte parole du Conseil représentatif des associations asiatiques de France, alerte les médias sur « la flambée de violences dont les Asiatiques sont la cible ». Selon lui les asiatiques sont particulièrement ciblés « parce qu'on dit qu'ils ont de l'argent sur eux »[28],[29],[30]. En 2016, la communauté chinoise d'Aubervilliers est victime d'un grand nombre d'attaques[31]. Après de nouvelles agressions une manifestation de protestation est organisée en août[32]. De à , plus de cent agressions violentes sont recensées à Aubervilliers[33].
Le , Chaolin Zhang, un couturier albertivillarien[34], d'origine chinoise, de 49 ans meurt des suites d'une agression à Aubervilliers[35]. Près de 2 000 personnes d’origine chinoise se rassemblent en à Aubervilliers[36] et des voix se font aussi entendre sur les réseaux sociaux[37] avec des hashtags comme #RacismeAntiAsiatique.
Ce décès provoque une vive émotion parmi les habitants d'Aubervilliers et l'indignation de sa maire, Meriem Derkaoui, qui dénonce un « crime odieux » d'autant « que son mobile crapuleux se double d’un ciblage raciste »[38]. Le , avec les maires de Stains, Saint-Denis, La Courneuve et Pantin, elle appelle au renforcement des effectifs de police sur le territoire et ce, au nom de « l'égalité républicaine »[39].
Une demande réitérée lors d'un entretien avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en présence de la famille de Chaolin Zhang[40],[41].
Pour honorer la mémoire de Chaolin Zhang, la maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui, décida de lui dédier une plaque commémorative, sur les lieux du drame, est sur laquelle est mentionné : « ciblé en raison de son origine chinoise »[42].
Le , le comité Sécurité pour Tous, réunissant quarante-six associations principalement asiatiques en France[43][source secondaire nécessaire] a organisé une manifestation pour réclamer plus de sécurité. Celle-ci a réuni plus de 13 500 à 14 000 manifestants selon la police, 100 000 selon les organisateurs, dont plusieurs élus comme le premier adjoint à la maire de Paris, le président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, ou encore la présidente du conseil régional d'Ile-de-France[44],[45],[46]. Quinze élus locaux se définissant comme « d'origine asiatique » et de tous bords politiques signent une tribune dénonçant un « racisme anti-asiatique », une « image fantasmée »[47].
Les agressions visant les asiatiques se sont multipliées aussi à Ivry, Vitry et le 13e arrondissement de Paris, où « Se faire un Chinois » est devenu une expression adoptée par les agresseurs pour qualifier leur ciblage raciste[48]. Des condamnations historiques retenant le caractère raciste de ces agressions anti-asiatiques ont été prononcées en [49] et confirmées en [50],[51].
En 2020, l'apparition de l'épidémie de covid-19 s'accompagne d'un recrudescence des actes de haine raciste anti-asiatique. Les Asiatiques sont indûment désignés comme personnellement responsables de l'épidémie et sont stigmatisés publiquement comme tels. Dès , on voit circuler des vidéos sur les réseaux sociaux montrant des passagers du métro parisien qui s'en prennent à des touristes asiatiques, les contraignant à sortir du wagon à la prochaine station. Le , l'actrice Grace Ly publie sur Slate un article où elle raconte qu'en 2020 des journalistes français lui demandent encore si le racisme anti-asiatique existe réellement[52]. Sur Twitter, le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus recense de nombreux témoignages d'agressions verbales et physiques[53]. En , la sociologue d'origine chinoise de Wuhan Simeng Wang, chargée de recherche au CNRS, membre du CERMES3[54] et coordinatrice du réseau de recherche pluridisciplinaire MAF (Migrations de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France), analyse cette exacerbation des manifestations racistes dans le contexte des mutations au sein de la diaspora chinoise en France, et en quoi ces mutations modifient le rapport à l'épidémie[55],[56].
Depuis le début de la seconde vague de la pandémie de Covid-19, on[Qui ?] assiste à une hausse du racisme anti-asiatique[57]. Sans que ces agressions n'aient jamais réellement cessé, en , elles repartent de plus belle à l'occasion du second confinement en France. Des appels ouverts à agresser physiquement les « Chinois », en pratique les Asiatiques, circulent sur différents réseaux sociaux, que l'Association des jeunes chinois de France (ACJF) a alerté[58], publie un article relatant ces faits d'appels publics à l'agression[59]. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) signale aussi les faits sur son site[60] et annonce saisir la justice. Le parquet de Paris ouvre une enquête du « chef de provocation publique à commettre une atteinte à l'intégrité physique d'une personne à caractère raciste ». Un signalement est réalisé sur la plateforme Pharos du ministère de l'Intérieur, chargée de détecter les contenus en ligne illicites. Des comptes de réseaux sociaux ayant publié les appels illicites les plus virulents sont suspendus[61].
S'appuyant sur des interviews et sondages et se concentrant sur la diaspora chinoise en France, une étude scientifique met en lumière les différentes formes de ce racisme pendant la pandémie du Covid-19 et le rôle que cette diaspora joue dans la construction sociale du mouvement anti-raciste[62].
La fusillade du 16 mars 2021 à Atlanta dans laquelle six Asiatiques sont tués dans des salons de massage, médiatise le développement du racisme anti-asiatique aux USA. Selon un rapport de Stop AAPI Hate, association américaine de lutte contre le racisme anti-asiatique, 3 795 cas d'agressions ont été enregistrés dans le pays, entre le et le [63].
En France, de telles statistiques n'existent pas pour des raisons légales. Néanmoins, des voix s'élèvent pour dénoncer le même développement et le manque de considération pour ce racisme dans la société de manière générale mais également dans « les milieux militants décoloniaux »[64]
Réaction politique
L'assemblée nationale, dans le cadre de sa Mission d'information sur l'« émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter » aborde la question du racisme anti-asiatique lors de son audition du avec une table-ronde réunissant Antonya Tioulong, vice-présidente du Haut conseil des Asiatiques de France[65] et Pascal Liu, membre ; Laetitia Chhiv, présidente de l’Association des jeunes Chinois de France (AJCF) et Daniel Tran, vice-président ; Représentants de l’Union des jeunes Chinois en France (UJCF)[66].
À la suite de l'escalade des agressions racistes en 2020, plus de 100 députés signent une tribune pour soutenir les « compatriotes d’origine asiatique »[67],[68].
↑Asiatique travailleur versus arabe fainéant ?, De l’essentialisme présidentiel à la réversibilité des mythologies migratoires, par Vincent Geisser dans Migrations Société 2010/2 (no 128), pages 3 à 10 doi.org/10.3917/migra.128.0003
↑« Le camp de concentration oublie de montreuil-bellay », Les Echos, (lire en ligne)
↑Hélène Lam Trong, Benjamine Jeunehomme, Luis Marques et Bérengère Lafont, « Frédéric Chau la révolte tranquille », France 2, (lire en ligne [archive])
↑Steve Tenré, « Racisme anti-asiatique : un appel à «agresser chaque Chinois» circule sur les réseaux sociaux », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Une enquête ouverte après des appels à la violence contre les Asiatiques », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑Simeng Wang, Xiabing Chen, Yong Li et Chloé Luu, « ‘I'm more afraid of racism than of the virus!’: racism awareness and resistance among Chinese migrants and their descendants in France during the Covid-19 pandemic », European Societies, vol. 0, no 0, , p. 1–22 (ISSN1461-6696, DOI10.1080/14616696.2020.1836384, lire en ligne, consulté le )
Documentaire « Je ne suis pas chinetoque - Histoire du racisme anti-asiatique » d'Émilie Tran Nguyen, Troisième Œil Productions et Mediawan, 2023, 90 min.
Bibliographie
Hélène Le Bail, « Actions culturelles engagées : discours et mobilisations contre le « racisme anti-asiatique » en France », Migrations Société, no 183, , p. 47-64 (DOI10.3917/migra.183.0047)
Ya-Han Chuang, Une minorité modèle ? Chinois de France et racisme anti-Asiatiques, La Découverte, , 248 p.