Radio-Quinquin est une radio libre disparue. Des membres des Unions départementales CGT du Nord et du Pas-de calais ont été à l'initiative en 1979 de la création de Radio-Quinquin en collaboration avec Radio Campus.
Le , la suppression de 6 000 emplois est annoncée à Usinor-Denain, marquant la fin de la sidérurgie dans la région[1] Daniel Pollet, alors secrétaire de l'Union Départementale de la CGT du nord, lance les premières émissions de la radio le depuis l'appartement d'un syndicaliste à Thiant[2]. Le but de la radio est de communiquer sur la grande manifestation organisée à Paris le pour la défense de la sidérurgie[3]. Puis elle se base à Auby avec le soutien de son maire Aldebert Valette[4].
Le même combat est lancé simultanément avec six radios pirates et militantes[5].
Premières répressions en application de la loi de 1978
La radio émet ensuite tous les jours à compter de la date le à partir d'un studio installé à la mairie d'Auby, dans le Douaisis[6].
Dès le jeudi , quatre responsables de la CGT du Nord, dont François Dumez, secrétaire général, sont entendus dans le cadre d'une enquête sur Radio-Quinquin, dont les émissions sont brouillées dans certains secteurs[6]. Ils sont poursuivis en application de la décision constitutionnelle du 27 juillet 1978[7], renforçant le monopole de l'État sur la radiotélévision[8], après une saisine du Conseil constitutionnel par Georges Fillioud.
La police saisit le matériel à plusieurs reprises
Le succès de Radio-Quinquin va grandissant, Le Monde observe que c'est une radio très écoutée, mais son matériel est saisi le par la police[9].
Les portes, fermées à clé, sont fracturées, les émetteurs, puis l'antenne, enlevés, au cours d'une opération qui a duré sept heures[10].
En , la radio est de nouveau saisie par la police[8]. Le Monde observe alors « une irritation bien perceptible, sur fond de sagesse et responsabilité populaires »[8] tandis que l'édition magazine dominicale du quotidien communiste Liberté publie des photographies de l'intervention policière[8] et relate que les militants ouvriers ont « dressé le barrage de la vérité devant plusieurs cordons de gendarmes mobiles »[8], en précisant que « l'un des adjoints au maire », ancien mineur victime de la silicose, « devait être gravement intoxiqué par les gaz lacrymogènes »[8]. Le maire d'Auby, Aldebert Valette, décide alors de poursuivre en justice les responsables de l'opération policière, qui a entrainé des déprédations dans sa mairie[8].
Course poursuite au Pays des Mines
Les militants CGT vont plusieurs fois reconstruire un émetteur et la cacher en différents endroits du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, qu'ils connaissent comme leur poche, dans« l'imbroglio urbain formé par les communes du bassin »[8]. Le gouvernement maintient alors la pression et « ce sont des dizaines de cars de police qui ont tourné autour des terrils », observe Le Monde[8], qui reconnaît que "Radio-Quinquin" « a mené la vie dure à ses poursuivants (...) au gré d'un jeu de piste improvisé », obligeant les cars de police à « franchir en tous sens les innombrables passages à niveau et couper au plus court dans les corons qui marquent ce pays »[8] mais finalement « en pure perte »[8].
Le succès de Radio-Quinquin va grandissant mais son matériel est saisi le par la police[9]. Après cet épisode, Radio-Quinquin est déplacée à Avion. Les CRS se déploient à nouveau dans le quartier de la République pour démanteler et saisir les antennes et les émetteurs installés illégalement le mois précédent par Radio-Quinquin[2].
Après 1981
Après le changement de majorité en mai-, le nouveau pouvoir socialiste considère pourtant avec une certaine méfiance l’essor anarchique des radios libres. Il supprime l'interdiction d'émettre, mais des difficultés demeurent. Par ailleurs, la presse quotidienne régionale défend avec vigueur son monopole des ressources publicitaires locales auprès du premier ministre Pierre Mauroy.
Les premières propositions de libéralisation imposent aux stations indépendantes des puissances d’émission limitées à quelques dizaines de watts et l’interdiction de toute ressource publicitaire.
En , Ipsos classe 3e Radio-Quinquin en taux d'audience. Radio-Quinquin est autorisée à émettre le . En 1993, cette autorisation est prorogée[11].
En 1983, le brouillage est imposé à quelques stations qui ne respectent pas ces règles, notamment la populaire et puissante RFM, également sur Radio K émettant en français depuis San Remo sur le sud de la France). Le brouillage est parfois imposé sur d'autres secteurs, ainsi le , Radio-Quinquin réémet mais subit un brouillage sur Lille selon l'interview de François DUMEZ secrétaire de la CGT [12].
En , Ipsos classe 3e Radio-Quinquin en taux d'audience. Radio-Quinquin est autorisée à émettre le .
Le , Radio-Quiquin faisant l'objet d'un plan de continuation, son autorisation d'émettre à Saint-Omer est abrogée par le CSA[13]. En , le CSA met en demeure Radio Quinquin de diffuser au moins 4 heures de ses programmes propres par jour, la radio ne faisant que relayer les programmes de Radio Contact[14]
Le CSA, par sa décision n° 2002-1125 du portant reconduction de l'autorisation délivrée à l'Association des amis de Radio Quinquin pour l'exploitation d'un service de radiodiffusion sonore par voie hertzienne terrestre en modulation de fréquence dénommé Radio Quinquin programme Contact FM[15].
Le , dans le cadre de la rénovation urbaine le local contenant la salle Jules Valin et Radio-Quinquin est démoli[16].
↑ a et b"Enquête sur Radio-Quinquin", dans Le Monde du 1er mars 1980 [1]
↑"Le contrôle des lois promulguées dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel, un mystère en voie de dissipation ?" par Wanda Yeng Seng
dans la Revue française de droit constitutionnel en 2005 [2]