Lorsqu'il était jeune, Ratko Mladić voulait devenir enseignant, mais il finit par s'engager dans une carrière militaire au sein de l'Armée populaire yougoslave (JNA). Après être allé au lycée dans la banlieue de Belgrade, il entre à l'École militaro-industrielle de Zemun le . Il est admis à l'Académie militaire puis à l'Académie des officiers dont il sort diplômé, le , avec la mention « remarquable ». La même année, il adhère au parti communiste[11].
Sa première affectation en tant qu'officier (sous-lieutenant) est à Skopje, où il est le plus jeune militaire de l'unité qu'il dirige. Il se révèle comme un officier capable et il commande différentes unités jusqu'à prendre en charge un bataillon de chars puis une brigade. Le , il devient lieutenant-colonel et le , colonel. Le , il est nommé chef du service Préparation militaire de la 3e région militaire de RFS Yougoslavie.
Le siège de Sarajevo a duré 44 mois, à partir de , au cours desquels 10 000 civils furent tués, fauchés par des obus de mortiers tirés depuis les hauteurs qui entourent la ville ou bien tués par des snipers[12].
Autres localités
Il est poursuivi pour génocide, persécution, extermination, meurtre, déportations et actes inhumains dans de nombreuses municipalités en Bosnie, où ses hommes ont tué, violé, torturé, détenu et chassé des milliers de Musulmans et Croates[12].
Vers le , le général Mladić était à Potocari, un village dans lequel environ 28 000 musulmans bosniaques de Srebrenica s'étaient réfugiés pour aller trouver abri auprès des Casques bleus néerlandais qui s’y trouvaient. Durant les six jours qui suivirent, entre 6 000 et 8 000 hommes musulmans capturés, dont des adolescents, furent massacrés. Des messages radio interceptés indiquent que Mladić était présent au début des exécutions. Selon une source de l'ONU, après les premiers jours de massacre, Mladić dit au commandant néerlandais de l'ONU, qu'il détenait aux arrêts à Potocari, que les forces serbes « avaient tué beaucoup de gens parce qu'ils avaient essayé de s'enfuir de Srebrenica »[11]. Le bilan des morts est estimé à 8 100 victimes. Ce massacre est le plus important en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale[12].
Prise d'otages
Ratko Mladić est accusé de la prise d'otages de 200 soldats de l'ONU entre le et le . Ils avaient été enchaînés à des postes stratégiques des territoires conquis afin d'empêcher tout bombardement de l'OTAN contre les forces armées serbes de Bosnie[12].
Fuite et procès devant le TPIY
Inculpation et cavale
En 1995, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a inculpé Ratko Mladić de deux chefs de génocide, de cinq chefs de crimes contre l'humanité (persécutions, extermination, assassinat, expulsion, actes inhumains), et quatre chefs de violations des lois et coutumes de la guerre (meurtre, terrorisation, attaques illégales contre des civils, prise d’otages)[6].
Fugitif, il est suspecté de se cacher en Serbie et de vivre dans une banlieue chic de Belgrade jusqu'en 2002, après la chute de Slobodan Milošević en . Le gouvernement des États-Unis offre cinq millions de dollars pour toute information sur Mladić[13]. Il reçoit sa pension de retraite militaire jusqu'en [réf. nécessaire].
Le , les journaux de SerbieGlas Javnosti et Blic, et le journal serbe de Bosnie Nezavisne Novine (Banja Luka) annoncent que Ratko Mladić serait en lieu sûr en train de négocier sa reddition. L'information est toutefois démentie par le porte-parole du gouvernement de Serbie-et-Monténégro, Srđan Đurić, qui dénonce une « manipulation qui porte atteinte au gouvernement », ainsi que par la porte-parole de la procureur du TPIY, Carla Del Ponte, qui critique l'« emballement médiatique ».
Le , le journal Kurir affirme que Ratko Mladić aurait été victime d'une attaque cérébrale et qu'il serait dans un état critique. Cette information n'a pas pu être confirmée ou démentie. Le gouvernement n'a fait aucun commentaire[réf. nécessaire].
Le , un ancien général serbe, proche de Ratko Mladić, est arrêté à la frontière entre la Serbie et la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine.
En , la Serbie fait passer la récompense de 5 millions à 10 millions d'euros pour toute information sur Mladić[13].
En , son épouse déclare que son mari est probablement mort[14].
Il reste honoré en Serbie par les militants d’extrême droite, qui bénéficient de la complaisance des autorités[15].
Arrestation
Le , il est arrêté par la police serbe à Lazarevo (Voïvodine) à la suite d'un renseignement anonyme[16]. Logé chez l'un de ses cousins[17], il a en sa possession des papiers d'identité indiquant qu'il s'appelle Milorad Komadic. 10 000 ultranationalistes sympathisants du Parti radical serbe protestent à Belgrade contre son arrestation[18],[19]. Le , il est transféré aux Pays-Bas pour comparaître devant le TPIY.
Procès
Le , Ratko Mladić refuse de plaider coupable ou non coupable et est évacué de la salle d'audience. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie considère dès lors qu'il plaide non coupable des onze chefs d'inculpation retenus contre lui[20].
Son procès devant le TPIY s'ouvre le [22], mais il est ajourné le lendemain en raison d'irrégularités dans la transmission à la défense des éléments du dossier[23].
Le , il est hospitalisé après avoir eu un malaise lors d'une audience devant le TPIY[24].
En , alors qu'il est détenu à Scheveningen, il est appelé au téléphone en direct sur une chaîne de télévision serbe. Son « interview » dure quelques minutes au cours desquelles il plaisante avec Vojislav Šešelj, condamné également pour crime contre l'humanité et présent sur le plateau de l'émission[31].
Son procès en appel s'ouvre en [32]. Le , la condamnation ainsi que la sentence sont confirmées par le MTPI[33]. Il devrait être transféré du centre de détention des Nations Unies à La Haye vers une autre prison européenne dont le nom n'a pas été révélé[34].
Famille
Ratko Mladić s’est marié à Bosiljka Mladić (née le à Okrugljača). Ils ont eu deux enfants : un fils, Darko, né à Skopje le [35], et une fille, Ana, qui faisait des études de médecine à Belgrade et qui s'est suicidée avec l'arme de son père en [36], à l'âge de 23 ans.
Bibliographie
Ratko Mladic : criminel ou héros, traduit et commenté par Yelesiyevich Milo, Paris, Le Verjus, 2006
Patrick Pesnot, Les maîtres de la terreur, Paris, Presses de la cité, 2016
↑(en-US) Marlise Simons et Marc Santora, « Ratko Mladic Loses Final Appeal in Genocide Conviction », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )