Il a été nommé, lors de la Seconde République espagnole, Directeur général des Beaux-arts, poste pour lequel son activité d'organisation des musées et de protection du trésor artistique a été très importante.
Historien de l'art
L'historien d'art Ricardo de Orueta appartenait à une famille malagueña de bonne éducation et très cultivée, proche de Francisco Giner de los Ríos, ce qui facilita sa formation polyglotte ; il vécut d'ailleurs par la suite 9 ans à Paris pour étudier l'art, et en particulier la sculpture. Son frère Domingo de Orueta était un important géologue[2].
Ricardo de Orueta fut un investigateur important sur la sculpture dans la section « Sections d'Archéologie et d'Art » du Centre d'études historiques.
Il écrivit au début du XXe siècle plusieurs monographies importantes sur des sculpteurs espagnols comme Pedro de Mena (1914), Gregorio Fernández (mais dont le livre s'appela Gregorio Hernández, 1920), et surtout sur Alonso Berruguete (dans Berruguete y su obra, 1917), qui contenait ses propres photos, ce qui fut une action pionnière dans la critique de l'art en Espagne[4]. Ce livre le consacra comme l'un des critiques d'art espagnols les plus importants de son temps.
Il étudia la sculpture funéraire dans diverses régions de la péninsule ibérique et son texte L'expression de la douleur dans la sculpture espagnole fut son révélateur discours de réception à l'Académie royale espagnole à Madrid en 1924.
Il se consacra ensuite à étudier l'art chrétien en Espagne, mais cette étude fut interrompue par ses obligations comme homme politique. Le manuscrit est exposé lors de l'exposition « Ricardo de Orueta (1868-1939), en el frente del arte[5] », en 2014.
Organisateur de l'art
Sa vie comme propulseur de la protection des arts en Espagne fut décisive et son apogée eut lieu lors de la seconde République espagnole, à un âge déjà avancé. Il appartint au Parti réformiste et fut très lié à Manuel Azaña, ce qui le conduisit à prendre des responsabilités publiques au sein d'Action Républicaine, qu'il assume avec brio[6].
Dans les années 1930, il fut élevé au poste de Directeur général des Beaux Arts à deux occasions différentes, toutes deux ayant leur importance. Il chercha toujours à sauvegarder le patrimoine artistique espagnol (qui s'appelait alors Tesoro Artístico Nacional, « Trésor artistique national »), qui souffrait alors d'une importante saignée lors de la décennie antérieure[7]. Orueta obtint ce poste pour la première fois avec l'apparition de la IIe république, en et le conserva jusqu'en décembre de 1933. Il accéda de nouveau à ce poste en , mais dû le laisser quand le Parti Communiste Espagnol se chargea du portefeuille ministériel correspondant.
Par ailleurs, Orueta nomma et confirma de grandes figures, telles que Francisco Javier Sánchez Cantón(es), à la sous-direction du Musée du Prado ; José Moreno Villa à la direction des Archives du Palais ; ou encore à Juan de la Encina(es) à la tête du Musée d'art moderne. Il créa des structures d'investigation historico-artistiques, à vocation protectionnistes et divulgatrices comme le Fichier d'art antique (1931).
Lors de sa deuxième étape comme directeur général, il récupéra dans un premier temps sa ligne de direction antérieure, puis dut se mettre au service de la défense du patrimoine lors de la Guerre civile espagnole, et en tant que grand connaisseur des Beaux-Arts, il réalisa une sauvegarde exemplaire. Il mourut peu après, des suites d'une chute dans le Caserón del Buen Retiro, alors le siège du musée des reproductions[8].
Récupérations
Juan Ramón Jiménez évoque en 1942 sa grande courtoisie, ses yeux entrouverts « qui regardent ce qui l'entoure comme un appareil photographique au diaphragme inconstant[N 1] », tandis que José Moreno Villa le mentionne souvent dans ses mémoires, Vida en claro, en faisant remarquer qu'il était devenu un homme éminent dans la sculpture, comme Américo Castro en philologie ou García Morente en philosophie[10].
L'Université de Malaga récupère en 1989 un fac-similé de sa monographie sur Pedro de Mena.
C'est au XXIe siècle qu'est réalisé le plus grand nombre de rééditions, grâce au Musée national de sculpture, où ont été publiées Berruguete y su obra (2011) et Gregorio Fernández, ainsi que La expresión de dolor en la escultura castellana (2013), avec des photos de ses fonds documentaires, parfois de son propre fait[11], ainsi que La escultura española de los siglos XI y XII en 2015 (inédit à sa mort).
Le , Acción Cultural Española, promue par le Musée national de Sculpture, inaugure l'exposition « Esto me trae aquí. Ricardo de Orueta (1868-1939), en el frente del arte[5] ». Elle permet la révision générale de sa figure de visionnaire, de son travail et de ses œuvres, et analyse la récupération du trésor artistique espagnol, la met en relation avec l'Âge d'Argent de la culture espagnole(es)[12]. Elle s'expose à nouveau à partir du à Malaga, puis à la Résidence d'étudiants de Madrid de mars à [13].
En , le musée national de la sculpture promeut une partie de l'exposition sur Ricardo de Orueta, qui est présentée dans plusieurs centres éducatifs, dont l'université de Salamanque et l'université complutense de Madrid et différents collèges tout au long de l'année 2016.
Œuvres
La vida y la obra de Pedro de Mena y Medrano, Madrid, CEH, 1914. Republié dans Pedro de Mena (facsimilé), Universidad de Málaga, 1989, (ISBN978-84-7496-169-0).
Berruguete y su obra, Madrid, Calleja, 1917; nouvelle ed.: Madrid, Ministerio de Cultura-MNCSG (MNE), 2011 (ISBN9788481814859), corrigée, avec prologue et avec les photos récupérées de Orueta.
Gregorio Hernández, Madrid, Calleja, 1920.
La escultura funeraria en las provincias de Cuenca, Ciudad Real y Guadalajara, Aache Ediciones, 2000 (ISBN978-84-95179-44-9).
El arte cristiano en España (manuscrit).
La escultura española de los siglos XI y XII, Valladolid, MNE, 2015, avec des photos d'Orueta.
↑(es) Juan Ramón Jiménez, Españoles de tres mundos : viejo mundo, nuevo mundo, otro mundo : caricature lirica, 1914-1940 : Con tres apendices de retratos ineditos : Edición y estudio preliminar de Ricardo Gullon, Madrid, Aguilar, , 365 p. (OCLC220768439), p. 254.
↑(es) M. Bolaños, « Introducción », dans Ricardo de Orueta, Gregorio Fernández: la expresión de dolor en la escultura castellana, Valladolid, Museo Nacional de Escultura, (ISBN9788461623419), p. 7-10.
↑(es) Ricardo de Orueta (1868-1939), en el frente del arte : cat. exp., ACE, (lire en ligne).
↑(es) « De Orueta, guardían del patrimonio », Sur(es), Malaga, , p. 40.
Annexes
Bibliographie
(es) María Bolaños, Historia de los museos en España, Gijón, Trea, 2008, cap. IV-1.
(es) María Bolaños, « La edad de plata de Ricardo de Orueta », dans Ricardo de Orueta, Berruguete y su obra, Madrid, Ministerio de Cultura-MNCSG (MNE), (ISBN9788481814859).
(es) María Bolaños, « Ricardo de Orueta. Crónica de un olvido », 2013, Museos, Ministerio de Cultura (lire en ligne).
(es) M. Cabañas, « La Dirección General de Bellas Artes republicana y la gestión del patrimonio artístico de Ricardo de Orueta » dans : Ignacio Henares et Lola Caparrós, Campo artístico y sociedad en España (1836-1936), Grenade, Universidad de Granada, 2014, p. 407-453 (lire en ligne).
(es) C. Guilarte, « Un románico de vidrio y luz. Ricardo de Orueta, tras la cámara », La escultura española de los siglos XI y XII, 2015, p. 29-39.
(es) P. Unamuno, « Ricardo de Orueta, héroe invisible del arte español », El Mundo du (lire en ligne).
(es) VV. AA., Ricardo de Orueta (1868-1939), en el frente del arte, Madrid, AC/E, 2014.(lire en ligne).
Livre de l'exposition « Esto me trae aquí », avec des textes de M. Bolaños, M. Cabañas, M. Arias, M. J. Martínez, I. Pérez-Villanueva, S. Guerrero et M. Morente.
(es) Esto me trae aquí. Ricardo de Orueta (1868-1939), en el frente del arte : cat. exp., ACE, (lire en ligne).