Les frères Bouroullec sont parmi les quelques designers français dotés d'une renommée internationale[2]. Leur travail se situe entre mobilier et architecture[2]. Bien qu'il n'ait jamais été commercialisé, l'objet qui les a fait connaître est le « Lit clos » en 2000, édité par la Galerie kreo[2]. Il a été édité à douze exemplaires et est aujourd'hui exposé dans des musées[3]. En 1997, Ronan est repéré par Cappellini, séduit par la Cuisine Désintégrée, qui lui offre alors l'opportunité de réaliser son premier projet de design industriel. C'est grâce à ce projet de lit ainsi qu'à leur « Cuisine désintégrée » que l'éditeur de design suisse Vitra s'est intéressé à leur travail[4].
Par la suite, ils rencontrent Rolf Felhbaum, le président de Vitra, et imaginent pour la maison d'édition un nouveau système de bureau dénommé « Joyn » et inspiré de la table paysanne chez leurs grands-parents agriculteurs dans le Finistère[1],[5]. Vient ensuite pour VItra la série Alcove Sofa, pour les bureaux[1]. Ils multiplient également leurs collaborations avec des marques telles que Artek, Alessi, Axor Hansgrohe, Cappellini, l'américain Emeco, Established & Sons, l'italien Flos, Hay, Kettal, le danois spécialiste de textiles Kvadrat(en), Kartell, Glas Italia, Ligne Roset, Magis, Iitala, Mattiazzi, Mutina, Nani marquina ou Samsung. La designer Inga Sempé est la compagne de Ronan Bouroullec, ils ont une fille ensemble[6].
Travail
Leur parcours est ponctué de collaborations avec les plus grands éditeurs de design.
Leur travail se situe entre l’objet usuel et les réalisations scénographiques.
« Nous avons toujours eu la sensation que le meuble pouvait aider à définir l'espace » déclare, en effet, Erwan[7]. Ce souci se retrouve au travers de créations comme le « lit clos », sorte de cabane à dormir, ou le canapé Alcove (Vitra) dont le dossier haut permet de structurer l'espace. C'est aussi le cas de leurs parois légères qui peuvent être construites en assemblant des éléments de base : les modules Brick (Kreo) et Cloud (Cappelini) sont à la fois étagères et cloisons ; les modules Algues (Vitra) et North Tiles (Kvadrat) permettent de créer des claustras légères.
Leur goût pour la modularité et la flexibilité se retrouve dans le système de bureau Join créé pour Vitra. L'idée est de créer un espace de travail flexible permettant de s'adapter à la diversité des besoins. La solution est une grande table sur laquelle se fixent divers éléments (parois, sous-main...) afin de définir des espaces de travail[8].
Parallèlement, ils mènent une activité de recherche, une respiration essentielle dans le développement de leur travail, au sein de la galerie kreo, où ils exposent régulièrement.
En 2013, ils dessinent le « Lustre Gabriel », première œuvre contemporaine pérenne, commandée par le château de Versailles[9],[10].
Depuis quelques années, ils conçoivent également des projets destinés à investir l’espace public. En 2015, le Kiosque est offert à la Ville de Paris[11] qui y développe et présente des projets sociaux et culturels. En 2017, ils installent à Miami une promenade d’une centaine de mètres, couverte par une pergola aux motifs organiques, et agrémentés de bassins d’eau et de plantations. Par la suite, un projet totalement différent mais également intitulé Kiosque est vendu à la ville de Rennes ; contestée, l’œuvre reste un échec financier pour l'agglomération[12],[13],[14].
En 2019, ils installent six fontaines sur le rond-point des Champs-Élysées[15]. Composé de bronze et de cristal, l’ensemble tourne sur lui-même à un rythme très doux, proche de celui de la marche des piétons alentour, et scintille tel un luminaire en mouvement accompagné de jeux d’eau.
Lors de la présentation des nouvelles fontaines, Ronan Bouroullec a déclaré :
« Pour cette création, il fallait trouver le juste équilibre entre le monumental et la légèreté afin de se fondre dans le paysage urbain, de souligner le plus délicatement possible la perspective entre la place de la Concorde et la place de l’Étoile et de marquer avec subtilité le passage du calme des jardins à la vie trépidante de l’avenue des Champs-Élysées. Notre souhait le plus cher, avec ce projet, était de proposer, au cœur du paysage urbain, dans un lieu ouvert et populaire, une création de haute ambition tant esthétique que technique. C’est un grand bonheur d’avoir fédéré un collectif unique d’expertises et de métiers d’excellence, des ouvriers aux ingénieurs, au service d’une création qui appartient désormais à tous. »[16]
Ayant tous trois le même galeriste, la galerie kreo, ils collaborent avec Virgil Abloh pour la collection printemps-été 2020 de Off-White[17].
Deux expositions leur ont été consacrées en 2012: l’exposition « Album » qui présente plusieurs centaines de dessins et croquis originaux au Vitra Design Museum, et l’exposition monographique « Bivouac », au Centre Pompidou Metz[34],[35] qui a été accueilli par le Museum of Contemporary Art de Chicago en 2012[30].
Ronan et Erwan Bouroullec font l’objet de plusieurs livres monographiques.
Laurent Le Bon, Ronan et Erwan Bouroullec : Catalogue de raison, Paris/Paris, Images modernes - éditions Kreo, coll. « Design », , 80 p. (ISBN2-913355-14-5)
Andrea Branzi, Rolf Fehlbaum, Issey Miyake et Giulio Cappellini (trad. de l'anglais), Ronan et Erwan Bouroullec, Londres/Paris, Phaidon Press, , 208 p. (ISBN0-7148-9362-5)
Ronan et Erwan Bouroullec, Bivouac, Centre Pompidou-Metz, 2012, 100 p. (ISBN978-2359830163)
Ronan et Erwan Bouroullec, Works, Phaidon Press, 2012, 304p. (ISBN9780714862477)
Ronan et Erwan Bouroullec, Drawing, JRP | Ringier, 2013, 868 p. (ISBN978-3037643198) édité par JRP Ringier et sous la direction artistique de Cornel Windlin, un ouvrage de 864 pages comportant plus de 850 reproductions de dessins réalisés entre 2005 et 2012 ; il met en évidence la place essentielle du dessin dans leur discipline de designer.
Notes et références
↑ ab et cStéphanie Condis, « Erwan et Ronan Bouroullec : Frères d'art », Challenges, no 721, , p. 88 à 90 (ISSN0751-4417)
↑Anne-Marie Fèvre, « Les frères Bouroullec, «hédonistes underground» », Libération.fr, 20 janvier 2011 à 15:47 (mis à jour à 22:35) (lire en ligne, consulté le )
↑Xavier de jarcy, « Ronan et Erwan Bouroullec : “L'important, c'est le caractère d'un objet. Son calme apparent.” », Télérama, publié le 14/10/2011. mis à jour le 29/03/2012 (lire en ligne, consulté le )
↑Pascale Nivelle, « De Quimper aux Champs-Elysées, les Bouroullec, nouveaux maîtres du design », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )