Comme d'autres rues du quartier, cette rue a été nommée en référence à un scientifique, ici Marc Isambart Brunel (1769-1849), ingénieur britannique d'origine française à qui l'on doit le tunnel sous la Tamise (1842), l'invention de poulies de marine et de machines de sciage[1].
Historique
Le lieu où fut établie cette rue était quasi désert jusqu'au début du XIXe siècle et s'appelait du nom de la grande réserve des chasses royales, le grand Éperon du Roi.
La rue Brunel fut créée vers la fin de la monarchie de Juillet, en 1847, comme l'un des axes d'un nouveau quartier dénommé « Ferdinanville », qui fut fondé par des promoteurs, peu après la mise en service de la nouvelle église des Ternes.
L'opération initiale de Ferdinanville fut un fiasco et ne connaîtra le succès que bien des années plus tard.
Dans le projet initial, la rue devait s'appeler rue Sainte-Marie, puis rue de la Reine-Amélie, en l'honneur de l'épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français (1830-1848)[2]. Finalement, lors du rattachement du quartier à Paris, cette voie qui faisait jusqu'alors partie de la commune de Neuilly est classée sous le nom de rue Brunel par décret du confirmé par décret du .
Article 13. — Le nom de rue Brunel, qui avait été assigné par notre décret en date du 2 mars 1864 à l'une des voies ouvertes dans la plaine Monceau, laquelle voie est aujourd'hui absorbée par le chemin de fer de l'Ouest, sera donné à la rue Sainte-Marie, dépendant du 17e arrondissement ;
Au no 8-10 de la rue Brunel, l'ancien champion cycliste Paul Médinger crée une fabrique de cycles en . À sa mort, la société est reprise par Émile Tridon. En , la société Medinger Cycle Compagnie Limited est déclarée en faillite[4].
Au no 20 de la rue Brunel, Adolphe Clément, initialement simple ouvrier serrurier[5], s'installe comme fabricant de vélocipèdes en 1878, sous le nom de Cycles Clément. Il occupe alors cinq ouvriers[6].
En 1890, il devient le premier fabricant de cycles français (devant Peugeot), un succès industriel et commercial qui lui rapportera une fortune. Son atelier occupe alors tout le no 20 de la rue, une partie du no 18 et une partie des terrains contigus situés au 27, rue Saint-Ferdinand ; il y fait alors travailler quatre cents ouvriers[6].
Usines Clément de la rue Brunel (dessin propagandiste travestissant la réalité).
Automobile Clément (affiche 1901).
Cycles Clément, 20, rue Brunel, Paris.
Clément, 20, rue Brunel, Paris.
En 1891, il acquiert la licence de fabrication du pneuDunlop et fabrique celui-ci dans un nouvel atelier quai Michelet à Levallois. Il s'étend également dans Paris au 11, rue Brunel. Il s'agrandira plus tard à Tulle en rachetant les bâtiments de l'ancienne manufacture d'armes et en fait une succursale de ses ateliers en Île-de-France. Plus tard, il devient constructeur automobile, puis se lance dans la construction de dirigeables qui survolèrent le nord de la France, entre 1908 et la Première Guerre mondiale. Ayant perdu les droits d'utiliser la marque de « Clément » (seul) pour ses voitures, il adopte celui de « Clément-Bayard », pour faire pendant aux Clément-Talbot anglaises. La statue du chevalier Bayard devint dès lors l’emblème de la société et, en 1909, le conseil d'État l'autorise à utiliser le nom « Clément-Bayard » pour lui et pour sa descendance[7].
L'usine Clément-Bayard de Levallois-Perret est vendue à Citroën en 1922.
Au 25, rue Brunel, il existe toujours en 2014 un grand parking à étages, probablement une autre extension de Clément, en tout cas, il rappelle aussi la vocation du 17e arrondissement dans l'industrie de l'automobile.
Références
↑L’orthographe exacte de son nom est : Marc Isambart Brunel. Marc Isambart orthographiait parfois lui-même son prénom avec un « d » à la fin. Dans un courrier du , il rappelle que cette orthographe (avec un t) correspondait à celle de son acte de baptême. Son fils, Isambard Kingdom Brunel est, lui, orthographié avec un « d » final, mais on le nomme généralement « Marc Brunel », afin d'éviter toute confusion avec son illustre fils, l'ingénieur britannique Isambard Kingdom Brunel.
↑MM. Alphand, A. Deville et Hochereau, Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques.
↑Cote de la Bourse et de la banque, no 275, 25 novembre 1898.