#SaccageParis est un mouvement qui s'attache à dénoncer les dégradations patrimoniale, culturelle et sociale dont pâtirait Paris sous la gouvernance d'Anne Hidalgo.
Dans un premier temps, la ville de Paris évoque une campagne de « dénigrements » puis qualifie le mouvement de « lanceur d'alerte » et engage des actions répondant aux interpellations des participants. En 2021, #SaccageParis est en huitième position des mots-dièses les plus utilisés en France.
Le mouvement peine toutefois à mobiliser les Parisiens sur le terrain, plusieurs manifestations n'ayant rassemblé à chaque fois que quelques centaines de personnes[1],[2],[3].
Historique
Le mouvement saccageparis apparait au premier trimestre 2021[4]. Il commence par un mot-dièse sur Twitter lancé par un anonyme sous le pseudonyme de « Paname Propre »[5] et repris par des médias plus traditionnels[6].
La presse étrangère, notamment de pays dont des touristes à Paris sont originaires, s'en fait parfois l'écho[7],[4],[8]. Ainsi le New York Post indique que le hashtag #SaccageParis est devenu viral sur Twitter avec des photographies de certaines rues « débordantes d'ordures »[9], annonçant, selon la Tribune de Genève, le « déclassement de la Ville Lumière »[10]. Le magazine en ligne La Tribune de l'Art, spécialisé dans la défense du patrimoine artistique, s'en fait l'écho[11].
En 2021, #Saccageparis est en huitième position des mots-dièses les plus utilisés en France selon Visibrain, un service de veille des réseaux sociaux. Le concept s'est étendu à d'autres villes sous la forme de #saccagetoulouse, #saccagemarseille, #saccagegrenoble, etc.[12]
Le cabinet d’études Saper Vedere a analysé que le recours au mot dièse #SaccageParis avait été la plus grosse crise numérique de 2021 en France, avec une volumétrie record : 2 301 990 tweets entre le et le [13], devançant ainsi les sujets « Super Ligue de football », « Coca Cola et Cristiano Ronaldo », « l’UEFA » et « WhatsApp ».
Deux premières manifestations sont organisées les 6 juillet et 10 octobre 2021 devant l'hôtel de ville de Paris ; elles rassemblent quelques centaines de personnes[1],[2].
Un an après le début du mouvement, le mot-dièse #SaccageParis est associé à presque 3 millions de messages postés sur le réseau social Twitter[14] ; les 3,5 millions sont dépassés fin mai 2022[15].
Une troisième manifestation a lieu le 26 juin 2022 ; elle ne rassemble que 200 personnes[3],[16].
Revendications
Parmi les revendications mises en avant par le mouvement figurent :
Le mode d'action du mouvement est principalement médiatique, notamment sur Internet[27], mais des manifestations sont aussi organisées[28],[29] ; elles ne génèrent toutefois qu'une affluence très limitée[3]. Pour l'universitaire Marie-Caroline Arreto, le mouvement est une entreprise de démocratie participative : des citoyens se regroupent pour « rendre aux Parisiens le Paris qu’ils aiment »[30].
Des initiatives de sauvegarde du patrimoine sont entreprises, comme le rachat en mai 2021 d'un banc Davioud pour 1 200 euros, grâce à une cagnotte en ligne, et le don à la mairie[31] de ce mobilier urbain emblématique de Paris[5],[32].
Médiatisation
Pour ses instigateurs, il s'agit de dénoncer des problèmes de voirie, réels ou perçus comme tels[5]. Le mouvement compte plusieurs milliers de participants, dont seuls les principaux sont mis en avant[33], le plus souvent sous pseudonyme[34]. Dans le même temps, le slogan est repris par des comptes politiques controversés[12] ainsi que par des élus de droite[35] et des médias conservateurs[36].
En écho à #saccageParis, l'artiste Pierre Perret évoque avec sa chanson Paris saccagé la dégradation, selon lui, de la capitale[37].
Réactions de la mairie
La ville de Paris indique subir « une campagne de dénigrement via #saccageparis […] comme toutes les villes de France, Paris est confrontée à des incivilités et à des problèmes de régulation de l’espace public »[5], tout en reconnaissant la pertinence de certaines critiques[38] et présente en réponse un plan pour restaurer la beauté de la ville[39]. En juillet 2021, la mairie de paris reconnait le bien fondé de certaines critiques « #SaccageParis, c’est le même travail que nous » et considère que SaccageParis est un lanceur d'alerte. Plusieurs actions sont engagées en urgence[40],[41].
Une action culturelle et une campagne médiatique se font jour afin de répondre aux questions posées par le mouvement[42],[43]. Dès , les bancs Champignon sont retirés, ainsi que certains bancs Mikado, ceux qui resteront en place devant être rénovés[19]. Les pistes cyclables temporaires, surnommées « coronapistes », installées pour répondre à l’augmentation des cyclistes lors de la crise sanitaire, seront pérennisées avant 2023 ; leurs plots verticaux jaunes et blocs de béton seront retirés et des séparateurs en granit clair seront installés[19],[40]. En , la ville de Paris annonce la fin des « permis de végétaliser » autour des arbres et le retour des grilles de type Davioud, en fonte ajourée[12], à l'exception de ceux, rares, dont « des collectifs [s’occupent] avec professionnalisme »[44]. Des poursuites judiciaires contre les auteurs des tags sont engagées[45]. En mars, la Mairie accepte de considérer le mouvement comme un interlocuteur légitime[46]. Un projet de transfert de la propreté des espaces et de l’entretien du petit patrimoine aux mairies des arrondissements de Paris est annoncé en 2022[6].
↑« Quand les chanteurs défendent leur Paris », sur Actu-Juridique.fr, (consulté le ) : « En écho au fameux hashtag #saccageParis, le chanteur s’en prend directement à l’équipe municipale avec Paris saccagé, titre mis en ligne cette semaine – et ce n’est pas avec un langage très châtié ».