Un sacrement est, dans la théologie de l'Église catholique, un geste qu'une parole accompagne dans lequel Dieu agit de manière efficace par l’intermédiaire d'un ministre ordonné (évêque, prêtre ou diacre) pour le salut des hommes (cf. concile de Trente : DS 1604)[1].
Définition
L'Église catholique distingue sept sacrements qui forment une liste dite septénaire : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la réconciliation, l'onction des malades, l'ordination et le mariage. Ces sept actes sacramentels sont à distinguer des actes appelés les sacramentaux parmi lesquels les bénédictions occupent une place importante. « Les sacramentaux ne confèrent pas la grâce de l'Esprit-Saint à la manière des Sacrements, mais par la prière de l’Église, ils préparent à recevoir la grâce et nous disposent à y coopérer »[2].
Les Sacrements ont été institués par Jésus-Christ et leur nombre de sept a été fixé définitivement en 1274 par le deuxième concile de Lyon. Quand on dit qu'ils agissent ex opere operato, il ne faut pas comprendre qu'ils ont une efficacité automatique, mais bien qu'ils sont d'abord un acte de Dieu, acte qui obtient son effet dans la mesure où les dispositions humaines d'accueil sont présentes[5].
Au Ier siècle, dans le droit romain, le mot sacramentum était l'engagement juridique d'une personne qui acceptait de perdre son gage s'il venait à rompre sa foi jurée.
Au IIIe siècle, Tertullien (160–220) applique le sacramentum aux rites chrétiens, à commencer par le baptême comme sacrement de la foi (sacramentum fidei), et avec le baptême on entre dans la Militia Christi ;
Aux IVe – Ve siècles, les débats permettent d'affiner la compréhension des sacrements. Saint Augustin (354-430) tente une première théologie des sacrements[6].
Au XIIe siècle, sacramentum a remplacé mysterium pour désigner l'acte sacramentel. On ne sait pas très bien à quelle date les actes sacramentels ont été fixés au nombre de sept. Jusqu'au douzième siècle, date où commence le temps de la préscolastique, le nombre des sacrements varie énormément : des deux sur lesquels tout le monde s'accordait, à douze et plus. Le nombre de sacrements est large et sans fixation précise. Les théologiens de l'époque énumèrent, selon les cas, et sans vouloir en fixer une liste exhaustive : les évêques Fulbert de Chartres et Brunon de Wurtzbourg n'en comptent que deux (le Baptême et l'Eucharistie), Lanfranc quatre, Abélard cinq, saint Bernard de Clairvaux, quant à lui, en voit dix (dont le lavement des pieds), le cardinal Pierre Damien douze (y compris l'onction royale), et d'autres varient entre ces limites.
Ce n'est qu'avec le goût de la scolastique naissante pour la systématique qu'apparaissent les premiers traités sacramentaires, et avec leurs essais de définition, la fixation du Septénaire[7]. Le premier ouvrage connu à avoir établi la liste de sept sacrements qui allaient devenir canoniques a été publié par un auteur anonyme aux environs de 1145 et s'intitulait « Sentences de la théologie ». La liste comprenait les cinq sacrements communs à tous les chrétiens et deux autres que tous ne partageaient pas. Cette distinction, ainsi que le chiffre sept, fut acceptée en une vingtaine d'années[8].
Pierre Lombard (1100-1160) affirme que le sacrement est un signe visible de la grâce de Dieu et en même temps la cause de la grâce. Pierre Lombard distingue les sacrements majeurs (qui signifient et produisent la grâce) et les sacrements mineurs ou sacramentaux (qui signifient seulement la grâce sans la produire).
Les actes qui ne furent pas acceptés comme sacrements restèrent des sacramentaux (cf. Supra).
Le deuxième concile de Lyon (1274) fixe définitivement le nombre de sacrements à sept, de même le concile de Trente, (1545-1563) qui affirme qu'il n'y a que sept sacrements, ni plus ni moins (session VII, 1547, canon 1), et que chacun de ces sept sacrements est vraiment et à proprement parler un sacrement.
Au XVIe siècle, les controverses avec les protestants portaient sur de nombreuses questions, notamment sur le rôle de la papauté, du sacerdoce ministériel et, plus généralement sur le rapport entre l'Écriture et la Tradition, ce qui amenait à s'interroger sur l'origine et la nature des sacrements. Le concile de Trente fut convoqué pour répondre à ces interrogations et promouvoir des réformes dans l'Église.
En général, la théologie de la Réforme, fondée uniquement sur la lecture de la Bible, sola scriptura, affirme que le Nouveau Testament ne présente aucun signe d'existence des sacrements. Les églises réformées contestent l'efficacité du sacrement par rapport à celle de la grâce, au motif que l'action divine ne peut dépendre de l'action humaine. Les sacrements sont des symboles de manifestation et de présence de la grâce, mais ils ne la confèrent pas.
Pour Luther, les sacrements ne sont qu'un moyen d'augmenter la foi, cette foi qui nous fait croire en Celui qui nous a obtenu le salut. L'acte sacramentel quel qu'il soit, est incapable de se substituer à la foi chrétienne et est finalement inefficace en lui-même. Cette notion du sacrement lui a permis de réduire leur nombre de sept à deux, appelés ordonnances par les évangéliques : Baptême et communion (ou Sainte Cène).
Jean Calvin, qui fonde sa théorie sur la prédestination et la passivité de l'acte de foi, donne aux sacrements la valeur de témoignage extérieur ou de preuve de l'action divine dans l'âme.
Aujourd'hui
Le concile Vatican II a défini l’Église comme « étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité du genre humain ». (Constitution dogmatique Lumen gentium, 1)[9].
Les sept sacrements marquent les diverses étapes de la vie du croyant et peuvent être répartis en trois catégories :
Sacrements au service de la communion et de la mission (Ordre et Mariage).
Ces sacrements peuvent aussi se grouper en deux catégories :
Ceux qui laissent une marque indélébile, le "caractère", dans l'âme celui qui le reçoit, et qui ne peuvent donc être reçus qu'une seule et unique fois dans la vie, à savoir : le Baptême, la Confirmation et l'Ordre. Toutefois, ce dernier comptant trois degrés (diaconat, presbytérat, épiscopat), il pourra y avoir plusieurs ordinations au cours de la vie, suivant les appels de l’Église.
Ceux qui sont réitérables : Eucharistie, Mariage, Réconciliation et Onction des malades.
Les Églises orthodoxes célèbrent aussi ces sept sacrements, en suivant leur liturgie et tradition propres.
Les actes sacramentels donnent accès à la vie même de Dieu caché (mysterium qui a donné mystères ) qui s'est révélé à travers l'Histoire sainte et l'Écriture sainte et continue de s'offrir à l'humanité par le Christ. La finalité des sacrements est l’union avec Dieu, autrement dit le fait de pouvoir vivre à la suite du Christ le mystère pascal.
Pour qu'un sacrement soit valide, la célébration du rite doit répondre à des conditions précises et en utilisant les formules sacramentelles fixées par les livres liturgiques[11]. De même, il existe des conditions fixées par le droit à la réception des sacrements, en particulier pour l'accès à la communion eucharistique.
↑Franz-Josef Nocke(de), dans Handbuch der Dogmatik, édit. Theodor Schneider, Patmos, 1992
↑Alexandre Ganoczy, La doctrine catholique des sacrements, Paris, Desclée, 1988 « Au Xe siècle, les Églises occidentales commençaient à reconnaître, en plus du baptême et de l'eucharistie, la sacramentalité de la pénitence et du mariage. On y ajouta diverses onctions d'initiation: du baptême, de la confirmation, du sacre du roi, de l'ordination des prêtres et de la consécration des moines. Les nombres cités variaient entre cinq et douze. Quelques docteurs allaient jusqu'à trente »
↑(fr + la) Concile œcuménique Vatican II, Centurion, , 1012 p.