Santé au SénégalLe budget consacré aux dépenses de santé au Sénégal est passé de 123 milliards CFA (188 millions d'euros) en 2013 à 169 milliards (258 millions d'euros) en 2018 mais le secteur nécessite une « nouvelle dynamique de financement »[1]. Les Sénégalais se portent mieux et vivent plus longtemps. En 2016, l'espérance de vie moyenne à la naissance était de 67,15 ans pour la population globale[2] – et le taux de prévalence du SIDA est l'un des plus faibles d'Afrique (0,9 %). Cependant de grandes disparités subsistent dans le pays, si l'on songe par exemple que 70 % des médecins et 80 % des pharmaciens et des dentistes sont installés dans la capitale, Dakar[3]. HistoireComme dans le reste du continent africain, la population sénégalaise a longtemps eu recours – et a toujours recours – aux médecines traditionnelles, aux guérisseurs. C'est ainsi qu'à Yoff par exemple, les maladies mentales sont traitées au cours d'une cérémonie traditionnelle, le ndeup. Cependant ces méthodes parfois spectaculaires n'ont pu enrayer les grandes épidémies et les famines qui décimèrent la contrée à plusieurs reprises dans le passé. Dès le XIXe siècle la France y jette les bases d'une politique sanitaire, ne serait-ce que pour protéger ses propres ressortissants. L'accent est tout particulièrement mis sur l'hygiène. L'avènement de l'AOF s'accompagne bientôt de la structuration d'un système de santé. En 1905 un service d'Assistance Médicale Indigène (AMI) est créé. Il est chargé d'apporter gratuitement aux populations les soins médicaux et les conseils d'hygiène, de promouvoir la vaccination et la protection maternelle et infantile. Le décret du crée l'École de médecine de l'AOF, fondant ainsi le premier établissement d'enseignement supérieur en Afrique. Elle formera jusqu'en 1953 581 médecins, 56 pharmaciens, mais aussi des infirmiers et des sages-femmes qui travailleront dans le cadre de l'AMI. Entre les deux guerres apparaît une notion nouvelle, celle de médecine préventive et sociale. En 1942 les services de santé de l'AOF sont réorganisés et centralisés à Dakar. L'Inspection médicale des écoles est créée. Après la Seconde Guerre mondiale, l'opinion publique internationale se montre plus critique à l'égard de la politique coloniale, et les priorités sont recentrées sur la santé infantile. Des programmes globaux se mettent en place pour lutter contre les grandes endémies. L'Université Cheikh Anta Diop ayant été créée en 1957, l'École de médecine se transforme en Faculté de médecine en 1962[4]. Depuis l'indépendance le Sénégal est impliqué dans les grands programmes internationaux en faveur du développement et de la santé. Aujourd'hui on ne meurt plus de faim au Sénégal, mais l'accès aux soins reste très inégal selon les régions et les revenus. En octobre 2021, le laboratoire pharmaceutique allemand BioNTech annonce l'installation d'un site de production de vaccins à ARNm sur le territoire sénégalais[5],[6]. Organisation du système de santéL'intitulé complet du ministère concerné est « Ministère de la santé et de la prévention médicale », une appellation qui met en avant les actions prophylactiques. L'actuel ministre de la Santé est, depuis 2022, Marie Khemesse Ngom Ndiaye (en). Pyramidal, le système de santé du Sénégal comporte trois niveaux[7].
Ce système fait néanmoins l'objet de nombreuses critiques, notamment en raison des exigences croissantes de rentabilité, mais aussi de la corruption que l'on observe ici comme dans d'autres domaines de la vie publique[8]. Pathologies spécifiquesPaludismeVéritable problème de santé publique, le paludisme (également appelé malaria) est une maladie parasitaire transmise par les piqûres de moustiques. Un Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a été mis en place et un magazine trimestriel, Paludisme Infos[9] fait le point sur l'actualité en la matière. Les voyageurs ont généralement recours à des mesures de protection (sprays, diffuseurs électriques, moustiquaires) et à des médicaments antipaludéens adaptés à chaque cas. De nouveaux produits génériques représentent un espoir pour les populations locales qui ne peuvent avoir accès à ces traitements souvent coûteux. Au Sénégal, « la transmission du paludisme est toujours étroitement liée au rythme des pluies et s’effectue en général au cours de la saison des pluies et au début de la saison sèche », explique le PLNP dans le « Plan stratégique national 2016-2020 ». « En général, les pluies commencent en juin et juillet », plus tôt dans le Sud que dans le Nord, et elles « se poursuivent jusqu’en octobre. Le pic de transmission (les mois durant lesquels la majorité des cas sont diagnostiqués) se trouve en octobre et en novembre ». De même source, le fardeau de cette maladie « a connu une régression significative de plus de 50 % entre 2009 et 2015. En effet, la prévalence parasitaire est passée de 3 % à 1,2 % et la mortalité toutes causes confondues [est passée] de 72 pour mille naissances vivantes à 33 pour mille naissances vivantes chez les moins de 5 ans entre 2009 et 2014 », est-il expliqué dans le document. Le Bulletin annuel 2017 du paludisme au Sénégal établi par le PNLP a été publié en . D’après ce document, en 2017, près de 349.000 cas de paludisme (soit 2,2 % de la population) ont été confirmés sur près de 396.000 cas notifiés (la population du Sénégal est actuellement estimée à plus de 15,7 millions d’habitants par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD)[10]. SidaSelon ONUSIDA, une ONG des Nations unies, la proportion d'adultes (entre 15 et 49 ans) touchés par le virus du SIDA serait de 0,9 %[11], l'un des taux les plus faibles du continent. Cependant, on note une certaine disparité selon les régions du Sénégal. La Casamance est la région la plus touchée avec une prévalence de 2,0 %[12] alors que nous observons une moyenne pondérée de 0,5 % dans les autres régions du Sénégal[12]. Cette disparité peut être expliquée par le conflit en Casamance. Selon ces mêmes sources, le nombre de personnes touchées par le VIH en 2005 est estimé à 61 000 (entre 29 000 et 100 000). 5 200 décès (entre 1 700 et 12 000) seraient imputables au SIDA au cours de l'année de référence. SyphilisLa syphilis endémique est directement liée au milieu social, à la mauvaise hygiène et aux conditions de logement. Comme pour les autres Infections sexuellement transmissibles (IST), le risque s'accroît avec la prostitution et le tourisme sexuel. TuberculoseEn ce qui concerne la tuberculose, la situation s'est stabilisée depuis quelques années[13]. On recense 9 500 cas d’infection par an, avec 2 à 4 % de mortalité. Le taux de guérison est passé de 64 % en 2002 à 72 % en 2005. Selon les mêmes sources, la maladie est surtout localisée à Dakar et Thiès et touche davantage les hommes que les femmes. Fièvre jauneLa fièvre jaune est une maladie virale grave[14], due à un arbovirus, le virus amaril, qui a été isolé en 1927 à la fois au Ghana et au Sénégal, à l'Institut Pasteur de Dakar. Le virus se transmet à l'homme par des moustiques du genre Aedes. Ce virus fait l'objet de recherches au sein du Réseau International des Instituts Pasteur, notamment à l'Institut Pasteur de Dakar dont le laboratoire est également agréé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour fournir le vaccin aux programmes élargis de vaccination en Afrique. La vaccination contre la fièvre jaune est recommandée, mais non obligatoire, pour l'entrée au Sénégal. ChikungunyaLe chikungunya est une maladie infectieuse tropicale, également due à un arbovirus (Alphavirus de la famille des Togaviridae), transmise par des moustiques du genre Aedes. Le risque d'infection par ce virus au Sénégal existe. Bilharziose et filarioseLa bilharziose (Schistosomiasis) est une parasitose assez commune dans les régions tropicales et notamment au Sénégal. On la contracte en se baignant dans des eaux douces infestées de vers, c'est pourquoi elle touche notamment les cultivateurs et les pêcheurs, mais aussi les jeunes enfants. Au Sénégal on observe deux formes de la maladie : la forme uro-génitale due à Schistosoma haematobium et la forme intestinale due à Schistosoma mansoni. La bilharziose uro-génitale a été découverte dans le pays au début du XXe siècle. On la trouve aujourd'hui dans la plupart des régions. De par sa fréquence, elle constitue la seconde endémie parasitaire après le paludisme. Quant à la bilharziose intestinale, les premiers cas ont été signalés au Sénégal en 1951. Aujourd'hui cette forme n'apparaît qu'occasionnellement et ponctuellement. Liées à la présence d'eau douce stagnante, les bilharzioses sévissent dans le delta du fleuve Sénégal, notamment près de Richard-Toll, mais les nombreux projets d'aménagement hydro-agricoles constituent des facteurs de risques supplémentaires dans tout le pays. Un Programme National de Lutte contre la Bilharziose (PNLB)[15] a été mis en place. La filariose est une maladie parasitaire due à des nématodes parasites appelés filaires. Comme la bilharziose, elle est liée à la présence d'eaux douces (fleuves, lacs). TrypanosomiaseLa trypanosomiase humaine (ou maladie du sommeil) est une maladie parasitaire qui a longtemps touché les vallées de l'Est du territoire (Ferlo). CholéraDes cas de choléra se déclarent de temps en temps au Sénégal et une épidémie a sévi dans la région de Touba en 2005. La maladie se transmettant par voie orale, notamment par des eaux souillées, son développement peut s'expliquer par les inondations qui ont touché le centre du pays à cette période. Le pays a connu une nouvelle alerte à partir du . 1 274 cas dont 4 décès ont été enregistrés, principalement dans la région de Diourbel[16]. MéningiteGrâce aux campagnes de vaccinations, la méningite est en régression, mais on observe néanmoins des poussées saisonnières de février-mars jusqu’au printemps, tout particulièrement dans le Sénégal oriental, et occasionnellement dans le centre du pays (Kaolack, Fatick) et à Dakar. RougeoleGénéralement bénigne dans les pays occidentaux, la rougeole a pourtant occasionné en moyenne 1 000 décès d'enfants par an jusqu'en 2002. C'est pourquoi un Programme élargi de vaccination (PEV)[17] a été mis en place, incluant la rougeole, avec le projet de réduire de 95 % la mortalité due à cette affection infantile. Covid-19Contrôle des naissances et avortementSelon des estimations de 2007[18], le taux de fécondité reste élevé avec une moyenne de 5 enfants par femme. Quant au taux de mortalité infantile, il est de 60,15 sur 1 000 enfants nés vivants. Malgré le poids des traditions, avec le recul de l'âge du mariage, les naissances hors mariage sont de plus en plus fréquentes[19], notamment en milieu urbain. Pour les femmes, le taux d'emploi de contraceptifs est de 12 % sur la période 1997-2004[20]. L'avortement est illégal au Sénégal sauf si la vie de la mère est en danger (trois médecins différents doivent attester que la vie de la mère est réellement en danger et qu’elle ne peut être sauvée que par une IVG, avant d’envoyer leur décision au président de l’Ordre des médecins). En son article 305, le Code pénal édicte « Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, aura procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte, qu’elle l’ait consenti ou non, sera puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 20 000 à 100 000 francs CFA » [de 30 à 150 euros][21]. Mutilations génitales fémininesLa prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) au Sénégal serait de 18 à 20 %[22]. Selon cette même étude de 1990, les mutilations seraient peu répandues chez les Wolofs et les Sérères, mais plus fréquentes chez les Peuls, les Diolas, les Toucouleurs et les Mandingues. Les chiffres cités ont probablement reculé dans l'intervalle, car de nombreuses actions ont été menées, comme cette manifestation à Niodior en 2000, lorsque des représentants de 26 villages du Sine-Saloum ont rédigé une déclaration commune pour lutter contre ces pratiques[23]. L'excision est le thème central du dernier long-métrage du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, Moolaadé (2003). HandicapSelon le recensement de 1988[24], la population comptait 2 % de handicapés, mais dans l'intervalle les critères ont changé et les chiffres de 2002 ne sont pas disponibles. Le handicap est la principale cause d’exclusion sociale. Il marginalise les personnes victimes et les expose très souvent à la mendicité. Cependant des progrès ont déjà été accomplis dans l'intégration des handicapés, un festival international a été organisé et de nouvelles mesures sont à l'étude[25]. L'utilisation de mines pendant le conflit en Casamance a fait plusieurs centaines de victimes, tuées ou mutilées. Des accidents surviennent encore, même si leur nombre a fortement décru (10 en 2005). Selon l'Observatoire des Mines, 93 des 3 446 villages de Casamance auraient été minés[26]. En 1997 le Sénégal a ratifié la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel. Aujourd'hui le travail de déminage se poursuit. Handicap International mène dans le pays des activités d'insertion socio-économique des personnes handicapées et de prévention du handicap. Médecine TraditionnelleNotes et références
Voir aussiBibliographieOuvrages anciens
Ouvrages contemporains
Filmographie(ordre chronologique)
Articles connexes
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