La Société zoologique de France est une société savante consacrée à la zoologie fondée en 1876. Elle édite une revue, le Bulletin de la Société zoologique de France, et décerne quatre prix scientifiques (prix Gadeau de Kerville - prix Charles Bocquet - prix Frédéric-Jules Malotau de Guerne - Prix Ida et Embrik Strand)[1].
Pour promouvoir le lancement de la Société, une circulaire est publiée, signée par une quarantaine de personnes, des amateurs fortunés. Ce texte souhaite faire avancer la zoologie descriptive[4]. Or celle-ci n’est pas à l’honneur auprès des zoologistes professionnels : un seul professeur du Muséum national d'histoire naturelle, Edmond Perrier (1844-1921), et un seul professeur d’université, Jacques-Amand Eudes-Deslongchamps (1794-1867), répondirent favorablement à cet appel. Cet inintérêt manifesté par les plus grands spécialistes n’incita pas les jeunes zoologistes, comme les aides naturalistes du Muséum, à adhérer à la Société, car elle ne permettait pas de fréquenter des personnalités influentes et la réputation de son bulletin était très modeste[4]. La presque totalité des premiers membres étaient des notables : rentiers, juges, hommes politiques, médecins, commerçants, officiers, etc.[5]. Cette composition n’était pas rare et correspondait à celle que l’on rencontrait alors dans d’autres sociétés comme la Société entomologique de France créée en 1832[6] ou la Société botanique de France créée en 1854[7].
La première réunion se tint dans l’appartement d’Aimé Bouvier le . Présidée par Jules Vian (1815-1904), elle réunit notamment Félix Pierre Jousseaume (1835-1921), Louis Bureau (1847-1936), Eugène Simon (1848-1924), Raphaël Blanchard (1857-1919) et Fernand Lataste (1847-1934)[5]. La vingtaine de présents vota les statuts, le bureau et nomma Jules Vian comme président[5]. Deux ans plus tard, la Société comptait plus de 160 membres dont un quart d’étrangers[8]. Les séances de la Société attirèrent très tôt des visiteurs de marque comme l’empereur du Brésil, Pedro II, le .
La Société connut sa première crise en avec la découverte d’un manque dans la trésorerie d’environ 5 000 Francs[9]. On fit porter à Aimé Bouvier la responsabilité des différents problèmes que l’enquête révéla, comme la disparition de certaines cotisations jamais versées à la caisse de la Société mais aussi la disparition de fascicules du Bulletin comme de volumes de la bibliothèque. Bouvier présenta sa démission en 1880, qui fut accompagnée de nombreuses autres dont cette d’Edmond Perrier[10],[8]. Les membres restants appelèrent alors et à nouveau Jules Vian à la présidence de la Société[11].
L’influence de Raphaël Blanchard
Ce sont Fernand Lataste et Raphaël Blanchard, deux jeunes chercheurs en histologie, qui vont donner un vrai essor à la Société. Lataste écrit en 1880 que ce ne sont plus seulement quelques branches mais la zoologie tout entière, sous toutes ses faces, descriptive et géographique, systématique et anatomique ou physiologique [qui]doit entrer dans nos attributions[12]. Ne pouvant demeurer dans l’appartement d’Aimé Bouvier, la société s’installe dans les locaux de la Société géologique de France[12].
Celle-ci va se consacrer notamment aux travaux devant aboutir à l’adoption d’un code de nomenclature zoologique[13]. La Société présente ses propositions lors d’un congrès à Bologne en 1881 avec, parmi celles-ci, l’obligation d’ajouter des parenthèses au nom de l’auteur d’une espèce si celle-ci a changé de genre[13]. Cette diversification de ses centres d’intérêt se manifeste dans les articles publiés au Bulletin : le premier article de zoophysiologie expérimentale paraît en 1886, signé par Raphaël Dubois ; le premier grand travail d’histologie paraît en 1895 sous la plume de Hetch[13]. Le Bulletin est aussi l’occasion de décrire les découvertes faites par les expéditions scientifiques du Travailleur et du Talisman[14]. En 1888, sous l’impulsion de Raphaël Blanchard et Jules de Guerne (1855-1931)[13], la Société se dote d’une nouvelle publication, ses Mémoires afin d’y publier les travaux les plus importants.
Le nombre d’adhérents augmenta et passa de 161 en 1878, à 270 en 1889[12] et à 367, un record, en 1897[15]. L’essor de la Société entraîne le déclin d’autres sociétés savantes, notamment la Société philomathique de Paris.
Alphonse Milne-Edwards (1835-1900) reçoit du gouvernement français les moyens d’organiser un grand congrès international de zoologie en 1889[16], au moment de l’Exposition universelle. Celui-ci se tourne vers la Société zoologique de France pour l’organisation de cette manifestation, Milne-Edwards en assurant la présidence. Le code de nomenclature zoologique n’est pas entériné par le congrès, du fait de l’opposition des zoologistes allemands qui préfèrent leur propre système[17]. Il en résultera vingt ans de conflits[18].
La société demeure, jusqu’à la fin du siècle, une société de bourgeois, masculine et parisienne[19].
Du début du XXe siècle à la Seconde Guerre mondiale
La composition comme l’activité de la Société vont profondément se transformer au début du XXe siècle. Raphaël Blanchard devient professeur d’université et doit démissionner du poste de secrétaire général. C’est Jules Guiart qui lui succède[15]. Le dernier président amateur, Paul Carié (1876-1931), est élu en 1923[20]. En 1937, la présidence est détenue pour la première fois par une femme, Marie Phisalix (1861-1946)[20]. En 1938, le nombre de membres est de 390[20].
La France et l’Algérie comptaient moins de 30 chaires de zoologie au lendemain de la Première Guerre mondiale tandis que les effectifs ne dépassaient pas 150 personnes[21].
↑Selon Cox (1976), la France après la défaite de 1871, cherche à affirmer son prestige international en organisant de nombreux congrès : la seule année 1889 voit se dérouler à Paris 69 congrès officiels, dont la moitié concernant les sciences de la vie. Cox (1976) : n. 10, 812.
↑Blanchard exposera les vexations et injures qu'il avait reçu durant toutes ses années dans ses Souvenirs d'Allemagne qu'il publie en 1915 dans le Bulletin de la Société. Fox (1976) : 806-807.
↑D'après le Bulletin de la Société zoologique de France, vol. 47 (1922) : p. xxvii-xviii.
Sources
Sources primaires
Robert Fox (1976). La Société zoologique de France. Ses origines et ses premières années, Bulletin de la Société Zoologique de France, 101 (5) : 799-812.