Style Henri II (XIXe siècle)
Le style Henri II est le nom donné au XIXe siècle aux arts décoratifs et à l'architecture de la Seconde Renaissance française (correspondant au règne du roi Henri II), puis aux créations modernes qui imitaient ce style. Il est d'ailleurs aujourd'hui plutôt utilisé pour désigner ce style néo-Renaissance du mobilier français qui s'est énormément diffusé durant la seconde moitié du XIXe siècle et qui a perduré au XXe siècle. Origines et évolutionInspiré par les formes du mobilier et du décor de la seconde moitié du XVIe siècle, le style Henri II ou style néo-Renaissance se développe en France à partir du règne de Louis-Philippe. La Renaissance française, remise à l'honneur en premier lieu par le musée des monuments français d'Alexandre Lenoir mais surtout par l'architecte Félix Duban, trouve sa popularité au XIXe siècle par son origine nationale, et l'alternative qu'elle propose au sacro-saint style néoclassique imposé comme norme académique depuis l'Ancien Régime. La diffusion des formes et leur succès sont aussi encouragés par les courants romantiques et aux succès littéraires populaires d'Alexandre Dumas père et de Victor Hugo. Il connaît son apogée sous le Second Empire, avant d'être décliné dans la fabrication de meubles industriels. Devenu un style convenu au début du XXe siècle, il s'est progressivement démodé après la Première Guerre mondiale. CaractéristiquesLe mobilier et le décor reprennent les formes stéréotypées de la Seconde Renaissance française : décor architectural, mascarons, plateaux soutenus par des colonnes annelées, grotesques, feuilles d'acanthe, larges corniches débordantes, balustres tournées et sculptures figurées en bas-relief. Les frontons sont quasiment toujours ornées d'un cartouche. Le goût est à la « haute époque » comprenant Moyen Âge, Renaissance et la première moitié du XVIIe siècle. Le Henri II du XIXe siècle est d'ailleurs un style assez composite, selon la tendance éclectique de l'époque, et mêle très souvent la Renaissance avec les formes appartenant au style Louis XIII (ou plus rarement Louis XIV) telles que les colonnes torses, les motifs en pointe de diamant et les franges sur les meubles tapissés. Le régionalisme y est aussi présent à la fin du siècle, avec l’intégration de styles régionaux tels que ceux du mobilier basque ou breton.
PopularitéDans les châteaux et appartements aisés les amateurs font appel à ce style évocateur, parfois pour mettre en valeur du véritable mobilier Renaissance dont la collection est très à la mode. Souvent d'ailleurs, ces meubles d'époque sont très retouchés voire remontés par des ébénistes à partir d'éléments d'origines disparates. C'est aussi un style fréquent dans les aménagements d'appartements des bâtiments d'apparat, puis des monuments historiques : palais des Tuileries, Louvre, différents ministères, bibliothèques... Un bel exemple est la chambre du comte de Chambord au château de Chambord :
La réalisation de colonnes et de piètements en bois tourné de plus en plus industrielle permet de faire un mobilier de style à bas prix et à rendement intéressants. Les meubles se parent donc d'une grande quantité d'ornements et sont souvent esthétiquement très lourds. La qualité des sculptures est parfois aussi très réduite. Les bois privilégiés sont sombres et massifs, avec une prédilection pour le chêne et le noyer, quand ils ne sont pas carrément noircis selon la mode Napoléon III. Vendu par des fabricants sur catalogue, sous l'appellation « Henri II », ce style est appliqué à des formes de meubles sans rapport aucun avec la Renaissance, mais adapté aux usages modernes de la fin du XIXe siècle : tables de billard, porte-manteaux, cadres de miroir, armoires à glace... On propose généralement des ensembles coordonnés pour les chambres (lit, chevet et armoire) et les salles à manger. C'est d'ailleurs un style particulièrement populaire pour ces pièces, les ensembles comprenant la table à rallonges, quatre ou six chaises (généralement tapissées de cuir repoussé ou de cannage), un buffet à deux corps vitré (parfois avec des vitraux colorés ou plus rarement un vaisselier) et une desserte. D'allure quelque peu prétentieuse, associant avec plus ou moins d'adresse les registres nobles, la grande histoire et la fabrication de masse bon marché, et produit en très grande quantité, il est parfois assimilé à une forme de kitsch. Le terme Henri II a ainsi pris une connotation souvent péjorative. Associé à la petite bourgeoisie par les artistes et les écrivains, tels que Guy de Maupassant ou Philippe Jullian, ce style est devenu l'objet de quolibets et de boutades :
De même, étant peu adapté aux intérieurs modernes, et en contradiction avec le goût du XXe siècle pour la sobriété et le fonctionnalisme dans le design, il est devenu assez peu recherché en France. Cela ne vaut que pour la version industrielle du Henri II. Car malgré cela, les musées et châteaux conservent aussi quelques exemples de très grande qualité, réalisés par des ébénistes de renom. Un bel exemple est la salle à manger qu'Eugène Grasset réalise en 1880 pour l'éditeur et collectionneur Charles Gillot (musée des arts décoratifs, Paris). Dans ce cas, les formes Henri II se rapprochent des lignes de l'Art nouveau et donnent un caractère presque symboliste aux intérieurs. Notes et référencesen peinture
en littérature
Références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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