Sylvain Eugène Raynal
Sylvain Eugène Raynal, né le à Bordeaux (Gironde) et mort le à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est un officier français. Son rôle, jugé héroïque, dans la défense du fort de Vaux lors de la bataille de Verdun, lui a valu les honneurs des états-majors français et allemand. BiographieSylvain Raynal nait le à Bordeaux d'une famille originaire du Tarn-et-Garonne. Son père, engagé en 1870 pour la durée de la guerre, se retire ensuite à Angoulême où il exerce la profession de bottier. En 1877, Sylvain entre au lycée de cette ville[SER 1]. Engagements civiquesAvant la guerre, Sylvain Raynal s'engage dans des actions civiques, soutenant l'action de Jaurès[1] et de son parti. Proche du commandant Rossel[N 1],[2], collaborateur de Jaurès pour L'Armée nouvelle et la rubrique militaire de L'Humanité, il s'investit dans l'animation de la colonie de vacances socialiste « Le Grand Air »[3]. Après la guerre, il conserve un engagement politique et se rapproche du Parti communiste[4]. En particulier, président d'honneur de l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC), il joue un rôle actif dans le Rassemblement universel pour la paix créé en 1936. Carrière militaireEn 1885, Sylvain Raynal s'engage au 123e régiment d'infanterie puis passe au 107e à Angoulême, prépare l'école militaire de Saint-Maixent-l'École et en sort premier. Il demande et obtient son affectation au 3e régiment de tirailleurs de Constantine. En 1902, il est promu capitaine et muté au dépôt de Falaise du 5e régiment d'infanterie à Paris. En , il est muté comme major au 7e régiment de tirailleurs indigènes. Il y est nommé chef de bataillon quelques mois après et est à ce poste lors du début du conflit[SER 1]. Au début de la guerre, il est blessé plusieurs fois au combat : en au cours de la bataille de la Marne puis au nord d’Arras, en , lors du bombardement de son poste de commandement. Il est hospitalisé pendant dix mois avant de retourner au combat le . À la suite d'une nouvelle blessure à l'automne 1915 en Champagne, provoquée par un tir de shrapnel, Raynal subit une nouvelle convalescence[5]. Ses différentes blessures lui valent d'être promu officier de la Légion d'honneur le [6]. Encore convalescent en , il ne marche qu'avec difficulté et la guerre semble terminée pour lui. C'est alors que le ministère de la Guerre annonce que les officiers qui ne peuvent pas servir en première ligne du fait de leurs blessures peuvent être nommés au commandement de forteresses. S'étant porté volontaire, Raynal demande à servir à Verdun où les Allemands viennent de lancer leur offensive. Fin , à la tête de 600 hommes encerclés dans la clé de voûte défensive du fort de Vaux, isolé des lignes françaises, il résiste seul aux assauts des troupes d'élite allemandes commandées par le Kronprinz, fils de l'empereur Guillaume II d'Allemagne. Assoiffées, dénutries, ses troupes combattent jusqu'à leur ultime limite, entravant l'offensive allemande. Sa résistance, qualifiée d'héroïque par l'état-major français, est considérée comme l'un des points de bascule de la bataille de Verdun, finalement remportée fin 1916 par l'armée française. Pendant le siège, le , le commandant Raynal est élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur[6], nomination assortie de la citation à l'ordre du jour :
Le à court de munitions, d'eau, de nourriture et d'hommes, attaqué aux gaz, le commandant Raynal envoie son dernier pigeon voyageur — Vaillant cité à l'Ordre de la Nation — vers l'arrière afin d'obtenir d'ultimes instructions[8]. Sans réponse de l'état-major, il remet la reddition du fort de Vaux le . Pour saluer l'opiniâtreté et la ténacité des défenseurs du fort de Vaux, les troupes allemandes assaillantes organisent spontanément une haie d'honneur aux assiégés[SER 2] qui déposent les armes. Impressionné par la résistance française et par l'hommage rendu par ses propres troupes à l'adversaire, le Kronprinz fait venir le commandant Raynal à son quartier général où il lui fait part de son admiration pour sa vaillance. Dans un geste peu commun pour la guerre 1914-1918, le Kronprinz remet solennellement à Raynal le coupe-choux d'un sapeur du génie en lui disant : « Je n'ai pu trouver que cette arme ... je vous prie de l'accepter ... parce que votre sabre n'a pas été retrouvé au fort de Vaux »[SER 3]. Quelques minutes plus tard le kronprinz remet à Raynal un sabre d'officier français « qu'il a fait chercher et trouvé dans Stenay »[SER 4]. En captivité, le , à la citadelle de Mayence puis à Strasburg, au sud de Königsberg en (Prusse Orientale)[SER 5], le , il est ensuite interné à Interlaken (Suisse)[SER 6] le . Il est libéré le et nommé lieutenant-colonel le [SER 1]. En 1920, il est commandant militaire de la ville de Mayence, puis est en Syrie de 1921 à 1926 où il est promu colonel en [SER 1]. Il y commande les troupes de la région des Alaouites et, comme adjoint des généraux Michaud et Gamelin, participe aux opérations contre les Druzes[SER 1]. Bien qu'admis à la retraite en , il est chargé d'une mission en Syrie jusqu'en [SER 1]. Il meurt d'une crise cardiaque, à son domicile, le [9]. Il est inhumé au cimetière de Bagneux[10] (11e division). DistinctionsLe colonel Raynal est titulaire de plusieurs décorations :
HommagesEn 1966, à l'occasion du cinquantenaire de la bataille de Verdun, une plaque a été apposée sur son dernier domicile, au n° 36 de la rue Denfert-Rochereau à Boulogne-Billancourt[5]. Un décret municipal du a donné à une voie privée du 15e arrondissement de Paris le nom du commandant Sylvain Eugène Raynal[13]. Bordeaux a une place du Colonel-Raynal, Angoulême et Beausoleil ont une place du Commandant-Raynal. Le Mans, Mérignac, Périgueux, Étretat, Montville, Montpon-Ménestérol, Montreuil et Saint-Dizier ont une rue du Colonel-Raynal, Nîmes, Béziers, Montauban, Saint-Quentin, La Roche-sur-Yon, Le Perreux-sur-Marne, Houilles, Neuilly-Plaisance, Viroflay, Castelnaudary, Belleville-sur-Meuse une rue du Commandant-Raynal. Compiègne a un square du Commandant-Raynal. Verdun, comme Toulon qui a une impasse du Commandant-Raynal. Au cinéma, le commandant Raynal est interprété par Richard Delay dans Le soldat mérite le Paradis, film qu'il a lui-même produit et réalisé. Voulue comme une reconstitution de la défense du Fort de Vaux, la fiction prend néanmoins des libertés avec l'Histoire, n'évoquant par exemple pas la captivité du commandant[14]. Notes et référencesNotes
Références
AnnexesBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Articles connexesLiens externes
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