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Le tengrisme ou parfois tangraïsme (en turc : Tengri, Tanrı, Gök Tanrı, en ancien turc : 𐱅𐰭𐰼𐰃, en mongol : Тэнгэр шүтлэг, Tenger shütleg, culte (ou religion) du ciel) était la croyance majeure des Xiongnu, puis des Xianbei qui comptaient des populations turques et mongoles durant l'Antiquité tardive (IIIe et VIe siècles) et le haut Moyen Âge (VIe et XIIIe siècles). C'était, entre autres, la croyance des élites dirigeantes des populations d'Asie centrale, des Huns, des Proto-Bulgares et des premiers Magyars. Elle se concentre autour de la divinité du ciel éternel, Tengri (également transcrit en Tangri, Tanrı, Tangra, etc.), et intègre des éléments du chamanisme, de l'animisme, du totémisme et du culte des ancêtres[1],[2],[3],[4].
Étymologie
« Khökh » ou « Gök » et « Tengri » signifient littéralement « bleu » et « ciel » en langues turque et mongole. Certains Turcs et Mongols prient encore le « Bengü Gök Tengri » (turc : « Éternel ciel bleu/dieu »), « Mönkh Khökh Tenger » (mongol : хөх Мөнх Тэнгэр, « Éternel ciel bleu »). Par conséquent, la Mongolie est appelée les « terres du Dieu céleste » (mongol : хөх Мөнх Тэнгрийн орон « Mönkh Khökh Tengriin Oron »). Aujourd'hui, le tengrisme est parfois appelé Gök Tanrı en Turquie. En turc, « Gök » et « Tanrı » ont respectivement la même signification que les mots mongols « Khökh » et « Tenger ». Aujourd'hui, il existe encore un grand nombre de personnes croyant au tengrisme, notamment en Asie, comme les Khakasses et les Touvains. En Mongolie, le tengrisme a absorbé des pratiques religieuses bouddhistes par syncrétisme dans ce que l'on appelle le chamanisme jaune.
Principes
Dans le tengrisme, le sens de la vie dépend des actions de chaque humain ou groupe humain face au monde environnant : ciel, terre, eau, feu, êtres vivants. Chaque humain et chaque groupe a une « âme », mais l'âme supérieure du « Tengri » (ciel, univers, père) est le « Gök » (bleu, élévation, éternité) où résident les âmes sacrées des ancêtres qui veillent sur l'« ötüken » ou « ételköz » (terres sacrées, abondance, mère)[3].
Pratique
Le tengrisme a reculé au cours de l'histoire au profit de religions régionales, en fonction de l'histoire de la région.
Chez les Mongols (Bouriates, Kalmouks, Mongols orientaux, à partir du XIIIe siècle, depuis l'invasion du Tibet sous le règne du khaganMöngke de Kubilai Khan), le bouddhisme tibétain a été adopté par les empereurs, favorisant leur adoption par les populations. Au XXe siècle, l'athéisme a pris le devant du fait de la domination de régimes communistes qui, au gré des révolutions et des coups d'État, ont remplacé les anciennes monarchies et leur notion de droit divin. Il y a un retour moins important du bouddhisme, à partir des années 1990, après la chute de l'URSS. Cette dernière pratique touche environ la moitié de la population dans les années 2010. La vénération de Gengis Khan, figure majeure du tengrisme sous son règne, est restée une pratique majeure sur l'ensemble des populations mongoles, ainsi que les Kazakhs orientaux.
Le tengrisme est en revanche toujours activement pratiqué dans la République de Sakha, en Bouriatie, dans la république de Touva, en Mongolie, parallèlement au bouddhisme tibétain, au bourkhanisme et au chamanisme jaune (syncrétisme chamaniste-bouddhiste), avec des foyers plus importants de chamanismes dans certains aïmags. Enfin, chez les minorités turques de l'ouest de la Mongolie, de Sibérie, au Kirghizistan, et à l'est du Kazakhstan, le tengrisme est resté très présent.
Références
↑R. Meserve, Religions in the central Asian environment. In: History of Civilizations of Central Asia, Volume IV, The age of achievement: A.D. 750 to the end of the fifteenth century, Part Two: The achievements, p. 68 :
"[...] La religion impériale était plus monothéiste, centrée autour du Dieu omnipotent Tengri, le Dieu du ciel."
Victor Goloubew, « III. Les tambours magiques en Mongolie. », Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, , p. 407-409 (DOI10.3406/befeo.1923.5940, lire en ligne)
(en) Harun Güngör, « Tengrism as a religious and political phenomenon in Turkish World: Tengriyanstvo », KARADENİZ – BLACK SEA – ЧЕРНОЕ МОРЕ, Erdoğan Altinkaynak, vol. 19, , p. 189-195 (ISSN1308-6200, lire en ligne)