Le théâtre était utilisé par la troupe de Molière de 1660 à 1673 et ensuite, comme théâtre d'opéra par l'Académie royale de musique pendant près d'un siècle, de 1663 à 1763, date à laquelle il a été détruit par un incendie. Reconstruit dès 1764 et rouvert en 1770, il fut de nouveau détruit par le feu en 1781 et jamais reconstruit[1].
Premier théâtre
Le Palais-Royal est connu à l'origine comme le Palais-Cardinal, puisque construit dans les années 1630, comme résidence principale du Cardinal de Richelieu[2]. En 1637, Richelieu demande à son architecte Jacques Lemercier d'y faire aménager une salle de spectacle, qui sera inaugurée en 1641 et connue pendant quelques années sous le nom de Grand Hall du Palais-Cardinal[3]. En mourant, en 1642, Richelieu lègue le palais à Louis XIII. Il prend alors le nom de Palais-Royal, bien que le nom de Palais-Cardinal continue parfois à être utilisé[4].
À la mort de Molière, Lully, nommé en [6], se voit octroyer la salle pour y créer ses opéra, dans le cadre de l'Académie royale de musique — nom de l'Opéra de Paris à l'époque — fondée en 1669 à l'instigation de Colbert[6]. Il y fait réaliser de grands travaux, afin de permettre l'installation d'une nouvelle machinerie, conçue par Carlo Vigarani, capable de soutenir l'imposante série des opéras ultérieurs, qui y seront joués. Ce système remplace les anciennes machines conçues par Giacomo Torelli en 1645. Après les modifications de Vigarani, le théâtre permet d'accueillir près de 1 270 spectateurs : un parterre de 600 places debout, un amphithéâtre de 120 sièges et des loges avec balcon pouvant accueillir encore 550 fauteuils. La dimension de la scène est de 9,4 mètres sur 17 de profondeur, avec un espace à l'avant pour l'orchestre de 7,6 mètres et 3 mètres de profondeur[7]. Les spectateurs s'y trouvaient « à l'étroit et la scène petite ». Les visiteurs étrangers rapportent leurs impressions : « Les décorations du Théâtre de l'Opéra sont belles, mais elles ne peuvent pas se comparer à celles d'Italie, parce que la petitesse du Théâtre ne permet pas de les faire aussi grandes & aussi étendues que dans les vastes Théâtres de Venise, Milan, etc. »[8].
Le premier théâtre de l'Opéra est détruit par un incendie, le [10].
Second théâtre
La ville de Paris, qui est responsable de la maison de l'opéra, décide de construire un nouveau théâtre, sur un site un peu plus à l'Est (où se trouve aujourd'hui la rue de Valois)[11]. Dans l'intervalle, l'Académie se produit dans la Salle des Machines du Palais des Tuileries, réduite à une taille plus approprié pour l'opéra, tout d'abord, par l'architecte Jacques-Germain Soufflot[12]. Le nouveau théâtre du Palais-Royal est conçu par l'architecte Pierre-Louis Moreau Desproux et est le premier opéra spécialement construit à Paris[13]. La salle avait une capacité de plus de 2 000 spectateurs[14].
Le théâtre est utilisé par l'Opéra, jusqu'au , date à laquelle il est détruit par le feu et jamais reconstruit[17]. Le Théâtre de la Porte Saint-Martin, beaucoup plus au nord sur le Boulevard Saint-Martin, a été construit à la hâte en deux mois pour le remplacer. Dans l'intervalle, la compagnie d'opéra se produit dans la Salle des Menus-Plaisirs, rue Bergère[17].
Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle — Tome II : L'apogée du siècle, Paris, Éditions Albin Michel, (1re éd. 1956), 845 p. (ISBN2-226-08922-5)
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Articles
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Géraldine Gaudefroy-Demombynes, Opéra français (1650-1791) et Opéra de Paris sous l’Ancien Régime..., Université de Rennes 2, 2017, 81p. [lire en ligne la préface] [PDF]
↑ a et bMarcelle Benoit (dir.), Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, , XVI-811 p. (ISBN2-213-02824-9, OCLC409538325, BNF36660742), « Académie royale de musique », p. 3.
↑Harris-Warrick, Rebecca (1992). « Paris. 2. 1669–1725 » dans Sadie (1992) vol. 3, p. 856–857.
↑Luigi Ribboconi, Réflexion historiques et critiques sur les différents Théâtres de l'Europe (1738), p. 141. Cité par James R. Anthony (trad. Beatrice Vierne), La Musique en France à l’époque baroque, Paris, Flammarion, coll. « Harmoniques », , 556 p. (ISBN2-08-064322-3, OCLC299372215), p. 32.