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Tractus Armoricanus et Nervicanus

Le Tractus Armoricanus et Nervicanus et le reste du litus Saxonicum.

Le Tractus Armoricanus et Nervicanus (parfois en français division armoricaine et nervienne ou division armoricaine et nervicane) est la région administrative militaire qui couvre tout l’ouest de la Gaule depuis l'embouchure du Rhin jusqu'à la Gironde. L'administration de l'empire romain a mis en place dans cette circonscription des garnisons côtières (les Limitanei échelonnés sur les cours inférieurs des fleuves) et des ports militaires chargés de s'opposer aux raids de pirates germaniques, faisant de ce dispositif de défense côtière l'équivalent maritime du Limes de Germanie[1].

Son existence est attestée pour la première fois en 425 dans la Notice des Dignités. . Elle succède à celle supposée du Tractus Belgicae et Armoricae, mentionnée par Eutrope en 369[2], elle-même issue de la partition dans le courant du IVe siècle du Litus Saxonicum en deux commandements, l'un insulaire, et l'autre continental[3].

Le tractus Armoricanus et Nervicanus est placé sous le commandement du Dux tractus Armoricanus et Nervicanus, un « duc » (grade militaire de l’armée romaine).

Dux tractus Armoricani

Version en latin[4] Traduction

Sub dispositione viri spectabilis ducis
tractus Armoricani et Nervicani :
Tribunus cohortis primae novae Armoricanae,
Grannona in litore Saxonico.
Praefectus militum Carronensium, Blabia.
Praefectus militum Maurorum Benetorum, Benetis.
Praefectus militum Maurorum Osismiacorum, Osismis.
Praefectus militum superventorum, Mannatias.
Praefectus militum Martensium, Aleto.
Praefectus militum primae Flaviae, Constantia.
Praefectus militum Ursariensium, Rotomago.
Praefectus militum Dalmatarum, Abrincatis.
Praefectus militum Grannonensium, Grannono.

Sous les ordres de l’honorable duc
de la division Armoricani et Nervicani :
Le tribun de la première cohorte de la Novae Armoricae,
Grannona[n. 1] sur le littoral saxon,
Le commandant des soldats carronenses, à Blabia (Blaye / Hennebont? / Port-Louis?),
Le commandant des soldats maures chez les Vénètes, à Benetis (Vannes),
Le commandant des soldats maures chez les Osismes, à Osismis (Brest),
Le commandant des soldats-chasseurs, à Mannatias (Nantes),
Le commandant des soldats de Mars, à Aleto (Aleth),
Le commandant des soldats de la Première (légion) Flaviae, à Constantia (Coutances),
Le commandant des soldats ursarienses, à Rotomago (Rouen),
Le commandant des soldats dalmates, à Abrincatis (Avranches),
Le commandant des soldats grannonenses, à Grannono[n. 1]

Notitia dignitatum.

Une Armorique agrandie

La fédération armoricaine est une alliance des peuples gaulois vivant entre Seine et Loire contre les Romains lors de la conquête de Jules César.

Les Romains reprennent le nom d’Armorique au IVe siècle, lors de la création du Tractus Armoricanus et Nervicanus[5]. La province romaine militaire d'Armorique s'étend alors de l'estuaire de la Gironde à celui de la Somme et au-delà.

L'interprétation d'un tractus[6] armoricain au sud de la Loire a donné lieu à une confusion déjà ancienne entre Blaye en Gironde et Blavet dans le Morbihan. Félix Le Royer de La Sauvagère démontre dès 1770 l'erreur commise un siècle plus tôt par Adrien de Valois, qui plaçait Blavia en Bretagne à l'emplacement de l'actuel Port-Louis, alors qu'il s'agit bien de Blaye, sur l'estuaire de la Garonne : Praefectus militum Carronentium, at Blabia[7], ce que confirme également Joseph Loth, éminent linguiste et historien français né à Guémené-sur-Scorff : « le nom de Blavet n'apparaît pour Port-Louis qu'au XVe siècle[8],[9]. »

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Reddé, Raymond Brulet, Rudolf Fellmann, Jan-Kees Haalebos, Siegmar Von Schnurbein et Pierre Aupert (dir.), L'architecture de la Gaule romaine. Les fortifications militaires, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, , p. 56-59

Article connexe

Notes et références

Notes

  1. a et b Grannona n’a pas été identifié avec certitude ; de nombreuses communes littorales de la Seine-Maritime à la Loire-Atlantique ont été proposées sans qu’il soit possible de trancher.

Références

  1. Françoise Vallet et Michel Kasanski (dir.), L'armée romaine et les barbares du IIIe au VIIe siècle, Association Française d'Archéologie Mérovingienne et du Musée des Antiquités Nationales, , p. 127
  2. Jean-Christophe Cassard, Les Bretons et la mer au Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, , 195 p. (ISBN 978-2-86847-296-0 et 978-2-7535-2626-6, lire en ligne), p28
  3. Sylvain Janniard, « Le Nord de la Gaule, de Probus à Valentinien III : le cadre politique et militaire », Villes et fortifications de l’Antiquité tardive dans le Nord de la Gaule, sous la direction de Didier Bayard et Jean-Pascal Fourdrin, Revue du Nord - N° 26 HORS SÉRIE COLLECTION ART ET ARCHÉOLOGIE,‎ , p29
  4. Notitia dignitatum, section XXXVII sur Vicifons, la Wikisource latine.
  5. (en) Texte intégral anglais Tractus Armoricanus...
  6. tractus
  7. Félix Le Royer de La Sauvagère, Recueil d'antiquités dans les Gaules, enrichi..., p. 298-303, Paris, 1770. Lire en ligne
  8. L'Émigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle de notre ère, Rennes, 1883, réédition Slatkine Reprints Paris-Genève-Gex 1980 (ISBN 2-05-100102-2), consultable sur la bibliothèque numérique de l'université Rennes-2
  9. https://archive.org/stream/lmigrationbreto00lothgoog#page/n70/mode/2up/search/Garronensium+
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