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Zizim

Djem

Zizim
Djem (Cem)
Illustration.
Djem Sultan, fresque de Pinturicchio (détail), 1492-1494, Appartements Borgia, Vatican.
Titre
Sultan d'Anatolie

23 jours
Second prince héritier

(7 ans)
Gouverneur de Karaman

(12 ans)
Gouverneur de Kastamonu

(5 ans)
Biographie
Nom de naissance Cem Osman
Date de naissance
Lieu de naissance Edirne, Turquie
Date de décès (à 35 ans)
Lieu de décès Naples, Italie
Sépulture Tombeau de Moustafa, Mosquée du Sultan Murad II, Bursa, Turquie
Nationalité ottomane
Père Mehmed II
Mère Çiçek Hatun
Fratrie Bayézid II
Religion Islam

Signature de ZizimDjem (Cem)

Zizim
Dynastie ottomane

Zizim, nom francisé de Djem (en turc : Cem), né le à Edirne et mort le à Naples, est le fils du sultan ottoman Mehmed II et un prétendant au trône de l'Empire ottoman contre son frère Bayezid II.

Après une courte guerre de succession qui tourne en son désavantage, il est forcé à l'exil en 1483 et, confié à la garde des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, passe les dernières années de sa vie en Europe, devenu aux mains de différentes autorités politiques un instrument pour la diplomatie vis-à-vis de l'Empire ottoman.

Biographie

Guerre de succession

Né le 22 décembre 1459 à Edirne, troisième fils de Mehmed II[1], Djem est le plus jeune frère du sultan Bayezid II (Bajazet). Suivant la coutume ottomane, Djem est nommé gouverneur de la province de Kastamonu en 1469 et est circoncis à Constantinople en juillet 1472. À la suite du décès de son frère le Şehzade Muṣṭafā en décembre 1474, Djem nommé gouverneur de Karaman à Konya[1].

À la mort de Mehmed II le 3 mai 1481 le grand vizir Karamani Mehmed Pacha, qui semble avoir favorisé les prétentions de Djem à la succession[2], envoie des émissaires prévenir secrètement ce dernier ainsi que son frère Bayezid, alors gouverneur des provinces d'Amasya[3]. Mais dès le lendemain, les janissaires ayant appris la nouvelle et probablement plus favorables à Bayezid[4], assassinent le grand vizir tandis que les hommes de Sinan, beylerbey d’Anatolie et proche parent de Bayezid[5], interceptent à Kütahya le courrier destiné à Djem qui n'est averti de la mort de son père que quatre jours après son frère aîné[3]. Un fils de Bayezid, Korkud, alors âgé de onze ans, est nommé régent par le vizir Ishak Pacha, dans l'attente de l'arrivée de son père à Constantinople[3]. Ce dernier y parvient à le et y est proclamé sultan deux jours plus tard[6], recevant l'approbation de la plupart des hauts dignitaires[7] et le soutien des janissaires[8].

Djem prend alors le contrôle de la ville d'İnegöl avec une armée de 4 000 hommes et défait le 28 mai les troupes envoyées contre lui par son frère[9]. Il se déclare alors sultan d'Anatolie, fait de Bursa sa capitale[10] et propose à son frère de partager l'empire — l'Anatolie pour lui, les provinces européennes pour Bayezid — qui refuse[11]. Dans la guerre de succession qui s'ensuit, une bataille décisive entre les deux frères se déroule près de la ville de Yenişehir le 20 juin et les troupes de Djem sont taillées en pièces[12]. Ce dernier s'enfuit alors vers Le Caire[13] pour tenter d'obtenir le soutien du Sultanat mamelouk d'Égypte[3].

Au Caire, accueilli avec les fastes dus à son rang par le sultan Qait Bay, Djem saisit l'opportunité pour faire le pèlerinage de la Mecque ; il est en cela le seul prince ottoman à l'avoir effectué[1]. Son frère lui propose alors 1 million d'akçe (la monnaie ottomane) pour sa renonciation au trône[14] mais le prince refuse l'offre et, avec le soutien du Bey karamanide Kasim et du gouverneur d'Ankara Trabzonlu Mehmed Bey, il s'engage au printemps 1482[8] dans une nouvelle campagne en Anatolie, qui se solde par une nouvelle série de revers[1].

Exil européen

Arrivée de Djem à Rhodes

La situation militaire des forces de Djem devient précaire et les négociations avec Bayezid n'aboutissent pas, bien que ce dernier, tout en refusant tout partage de l'Empire, renouvelle à son frère la proposition d'une confortable rente à condition qu’il se retire et demeure à Jérusalem[15]. C'est alors que le Bey Kasim évoque, plutôt qu'un retrait du jeune prince vers la Kamamanide ou la Perse, un départ vers l'Europe, à l'instar de ce qu'avait fait précédemment Musa Çelebi, fils de Bayezid Ier[15] : l'idée est de rejoindre le Royaume de Hongrie, afin de rallier son souverain Matthias Corvin à sa cause et obtenir des appuis pour reprendre la lutte contre son frère à partir de la frontière nord du territoire ottoman[1].

C'est dans ce dessein que, Djem envoie un émissaire sur l'île de Rhodes, alors détenue par les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, pour négocier un sauf-conduit auprès du grand maître Pierre d'Aubusson[8]. Ce dernier reçoit le sultan sur l'île en grande pompe le 29 juillet 1482[16] et le convainc que le plus sûr chemin pour rallier la Hongrie est de passer par l'ouest de l'Europe[17] via les possessions françaises et germaniques de l'Ordre, évitant l'Adriatique contrôlé étroitement par les Vénitiens alors alliés du Sultan[18].

Djem reçu à la table du grand maître Pierre d'Aubusson à Rhodes.

Le prince ottoman, après avoir autorisé d’Aubusson à négocier avec son frère et promis des avantages aux chevaliers de Rhodes s'il venait à remonter sur le trône[8], quitte Rhodes le [1], accompagné de trois chevaliers de l’Ordre chargés le surveiller — Guy de Blanchefort, neveu du grand maître, Merle Piozasco, prieur de Lombardie et Charles Alleman — et d'une troupe de trois cents hommes[18], chargés le maintenir dans l’état de semi-claustration convenu avec Bayezid[16]: en effet, d’Aubusson, voyant en Djem une précieuse monnaie d'échange, a entretemps établi avec le sultan un traité de non-agression de Rhodes à condition que le prince « [soit] détenu de manière à ne causer aucun ennui au sultan », ce dernier s’engageant en outre à verser annuellement à l’Ordre quarante cinq mille ducats[19] pour l’entretien du prince défait et de sa suite[16]. Par ailleurs et ainsi qu'il l'écrit au pape Sixte IV, le grand maître voit dans celui dont le sort s'apparente de plus en plus à celui d'un otage, une pièce « qui pourrait servir à la destruction de l’empire ottoman »[16].

Otage en Auvergne

Empêchée de débarquer à Marseille où sévit la peste, la nef sur laquelle le prince ottoman est accompagné d'une suite composée de trente compagnons et d'une vingtaine d'esclaves turcs accoste le 16 octobre 1482 à Villefranche, alors dans le duché de Savoie[20]. La troupe passe une partie de l’hiver à Nice qui est bientôt atteinte par la peste, l'obligeant en février 1483 à se replier vers la commanderie savoyarde des Échelles[20]. C'est durant ces semaines que le prince déchu apprend vraisemblablement l'exécution à Constantinople de son fils à peine âgé de trois ans, ainsi que de plusieurs hauts fonctionnaires soupçonnés de lui être favorables[21] tandis que de multiples espions sont envoyés par son frère en Italie et en Savoie[20]. Djem se voit dès lors déplacé de forteresse en forteresse, pour à la fois prévenir toute évasion et le protéger des tentatives d'enlèvement ou d'assassinat par les hommes de Bayezid, dont l'un est d'ailleurs arrêté à Chambéry et exécuté[21].

La Tour Zizim à Bourganeuf (Creuse).

En juin 1483, les gardiens de Djem doivent précipitamment quitter Les Échelles à la suite d'une tentative d'évasion fomentée par le jeune Charles de Savoie et René de Lorraine[20], dont la troupe est arrêtée par les soldats du roi de France[21] : le prince ottoman est alors déplacé en royaume de France vers la commanderie que les Hospitaliers possèdent à le Poët-Laval, près de Montélimar où la garde est renforcée et d'où vingt-neuf membres de la suite princière sont renvoyés à Rhodes[20]. Pendant ce temps, afin de s'assurer de la neutralisation de Djem, son frère envoie avec le soutien des Hospitaliers un ambassadeur en France pour rencontrer le « roi des Francs »[22]. Si la rencontre n'a pas lieu, du fait de l'état de santé de Louis XI, cette ambassade constitue néanmoins un effort sans précédent de la part d’un sultan ottoman pour établir des relations diplomatiques avec un roi de France[22].

Quand, le 30 août 1483, survient la mort de Louis XI avec lequel les Hospitaliers faisaient par ailleurs miroiter à Djem une rencontre[18] — bien que le souverain se soit toujours refusé à voir un musulman « souiller » ses terres[20]— et l'arrivée du tout jeune Charles VIII sur le trône de France, la position de ces derniers s'infléchit : de prince à étroitement surveiller, Djem devient une prestigieuse monnaie d'échange[21].

Craignant des troubles durant l'interrègne, les Hospitaliers réduisent encore la suite Sultan[23] et le déplacent avec une vingtaine de Turcs vers le prieuré hospitalier de Bourganeuf, au cœur du Massif central, où il réside deux mois mais dont la sécurité ne semble pas assez assurée[20] : décision est prise par l'Ordre de construire sur place un bâtiment suffisamment sécurisé et confortable pour accueillir le prince en résidence forcée, une grosse tour que la postérité connait sous le nom de « Tour Zizim »[20].

Pendant l'édification du bâtiment, Djem et sa suite sont déplacés dans différentes places fortes de l'Ordre : deux mois au Monteil-au-Vicomte, patrie de Pierre d'Aubusson, deux autres à la commanderie de Morterolles, possiblement quelques semaines aussi au château de Rochechinard, appartenant à Charles Alleman[18] et enfin deux années, jusqu'en 1486, au château de Bois-Lamy, propriété d'Antoine Blanchefort, frère de Guy et neveu de d'Aubusson[20]. De retour à Bourganeuf, il réside dans la grosse tour de six étages bâtie à son intention et de ce qu'il reste de sa suite, tour dont la conception, pour confortable qu'elle puisse être, le maintient à l'écart du monde : on y accède en effet par une galerie située à 10 mètres de haut au départ d'une tour voisine située dans l'enceinte de la commanderie[24].

Djem bénéficie néanmoins de l'ensemble du quatrième étage et sa suite de l'étage inférieur. Il tente alors, vainement, d'entrer en contact avec le roi de Hongrie tandis qu'un nouveau projet d'évasion, préparé cette fois avec le duc Jean II de Bourbon, échoue, occasionnant un durcissement des conditions de détention, qui s'apparentent cette fois à une incarcération pure et simple[24]. C'est probablement à cette époque qu'il apprend avec ses gardiens la « langue franque », peut-être le français mais plus vraisemblablement une forme d'italien[24].

Otage disputé

Matthias Corvin, huile sur panneau d'Andrea Mantega, seconde moitié du XVe siècle, Musée des Beaux-Arts de Budapest.

Djem est désormais un prisonnier que l'on se dispute, une « proie lucrative », monnaie d’échange voire possible source de profits car, même isolé et détenu au centre de la France, le frère du Grand Turc en place conserve une valeur stratégique et diplomatique d'importance ; c'est pourquoi différents monarques souhaitent l'utiliser à des fins politiques[21].

Ainsi, à partir de 1486, Mathias Corvin, estimant que la présence du prétendant ottoman à ses côtés en Hongrie pourrait servir son projet d'invasion la Roumélie en troublant le camp du Sultan[24], lance une campagne diplomatique vers la France où il envoie plusieurs ambassades pour tenter d'obtenir le transfert de Djem[25]. Mais celles-ci se heurtent à plusieurs factions de la cour française motivées par des intérêts divergents où s'opposent l'influent amiral de Graville et l'archevêque de Bordeaux André d’Espinay au cardinal de la Balue, protecteur des Hospitaliers[26]. Le souverain hongrois, apparemment obsédé par le transfert du prince ottoman, engage des négociations directement vers les Hospitaliers mais c'est alors Pierre d’Aubusson, auquel le Vatican a promis une barrette cardinalice, qui fait obstacle à un transfert[27].

Si le sultan mamelouk Qait Bay convoite également Djem comme atout à ses côtés dans le cadre du conflit qui l'oppose à Bayezid[24], tant les Hospitaliers que la république de Venise voient plutôt en lui un moyen de prévenir les attaques ottomanes contre leurs intérêts respectifs[24] ; le prince ottoman aiguise également l'intérêt du roi Ferdinand Ier de Naples ainsi que du successeur de Sixte IV, Innocent VIII[28], pape qui ambitionne une nouvelle croisade pour la propagande de laquelle Djem serait grandement utile[28]. À la cour de France, au terme de ces tractations tous azimuts, ce sont les nonces du pape qui semblent remporter la mise auprès de l'amiral de Grandville, avec l'accord des Hospitaliers et de Charles VIII : les premiers obtiennent un droit de regard et la garde du prince, ainsi qu'ils conservent un quart de la pension[24]; le second, la garantie qu’au cas où le pape le livrerait à une tierce puissance, le souverain recevrait un dédommagement de mille livres d’or[28].

Mais de son côté, Bayezid négocie à la fois avec d'Aubusson, pour faire revenir Djem à Rhodes, et avec des représentants de Charles VIII, pour le faire garder en France[1]. Si le jeune souverain français donne dans un premier temps son accord dès mars 1488 pour le déplacement de Djem sous la garde du souverain pontife et d'ainsi prémunir l'Italie et la chrétienté d'attaques ottomanes[29], un ambassadeur du Bayezid, Antonio Rericho, gagne la cour de France, porteur de propositions d'importance susceptibles de modifier la donne : si Charles maintient Djem sous garde en son royaume, outre la Sainte Lance et d'autres reliques sacrées, l'autorité sur le Saint-Sépulcre et la ville de Jérusalem et une dotation annuelle de cinquante mille ducats pour l'entretien du prince, Bayezid s'engage à assister Charles contre ses ennemis et promet de maintenir la paix avec tous les chrétiens[29].

Le conseil du roi de France, divisé, tergiverse et l'offre du Sultan est bientôt éventée auprès des Hospitaliers qui précipitent alors le départ de Djem vers l'Italie[29]. À Rome, c'est le cardinal Balue qui reçoit la charge de la garde du prince ottoman[26] tandis que d’Espinay et d'Aubusson — suivant la demande de Granville — sont fait cardinaux au cours d'un consistoire secret, dix jours avant l'arrivée du prince[30]. Ce dernier a en effet quitté Bourganeuf le 10 novembre 1488 et fait son entrée dans la ville éternelle le 13 mars 1489[24], reçu dès le lendemain avec les honneurs par le souverain pontife, dont il refuse toutefois de baiser la main, le saluant d'une simple inclinaison de la tête[28].

Portrait d'Innocent VIII, calcographie tiré du Pontificum Romanorum effigies de Giovanni Battista de' Cavalieri, Rome, 1580.

Les projets de croisades du pape s'évanouissent avec la mort inopinée en 1490 de Mathias Corvin, pressenti pour en prendre la tête, et les intrigues et marchandages dont Djem fait l'objet reprennent : Innocent VIII puis son successeur Alexandre VI Borgia négocient avec les uns et les autres, multipliant également les échanges diplomatiques avec Constantinople qui envoie notamment au Vatican un dignitaire, porteur d'un grosse somme d’argent, pour vérifier que la garde de Djem est bien assurée[28]. Trois ans plus tard, un émissaire de Bayezid est intercepté par Jean della Rovere porteur d'une missive demandant au pape de faire assassiner Djem en échange de trois cent mille ducats…[31] Au milieu de ces vicissitudes, il semble cependant que ce dernier ait trouvé la vie à Rome plus agréable qu'en France mais aussi qu'il ait abandonné toute velléité de s'emparer du trône ottoman[1].

Dépouille disputée

En 1494, Charles VIII envahit l'Italie, pour prendre possession du royaume de Naples, dont il revendique la couronne, et annonce une croisade contre les Turcs. Sur son chemin, il entre à Rome avec ses troupes le 31 décembre 1494 et force Alexandre VI à lui livrer Djem[31]. Ce dernier quitte Rome dans la suite du souverain français le 28 janvier 1495 en direction de Naples[1] mais tombe malade le 16 février sur le chemin et meurt à Naples, tout juste conquise, le au Castel Capuano[32] des suites d'une pneumonie[1] ou de dysenterie, à moins que ce ne soit, comme c'est parfois évoqué[1], d'un empoisonnement perpétré sur ordre d'Alexandre VI[31].

Tombe de Djem à Bursa (à gauche sur l'image).

Non seulement Djem n'a pu exaucer son souhait de mourir sur une terre musulmane mais encore sa dépouille devient elle-même l'objet de tractations. D'abord transportée à Gaète, elle est ramenée à Naples peu après le départ des Français en mai 1495[31]. Des négociations s'ouvrent ensuite, qui vont durer près de quatre années : en effet si Bayezid peut être soulagé de la disparition de la principale menace à son règne[1], il lui faut néanmoins obtenir le cadavre de son rival et lui accorder des funérailles publiques en terre ottomane afin de s'assurer qu'aucun imposteur (düzme) ne puisse revendiquer son trône[33]. Les tractations impliquent le pape, Ferdinand II d’Aragon, le roi de France, différents chefs de guerre ou potentats qui escomptent tous en tirer de l’argent[31]. Bayezid finit obtenir gain de cause en 1499[1] et fait inhumer son frère à Bursa, dans la nécropole des premiers sultans ottomans, où Djem repose toujours[34].

Postérité

Légende locale

La détention de Djem au château de Sassenage a donné naissance à une légende romantique forgée de toutes pièces au XVIIIe siècle, qui met en scène les amours romantiques du sultan exilé avec la fille du seigneur local, Philippine-Hélène de Sassenage[35]. Popularisée par Lamartine, elle connait une certaine prospérité. Il en existe une transposition avec la nièce de Pierre d'Aubusson, Marie de Blanchefort[35].

Présence littéraire

  • Mireille Calmel, Le Chant des Sorcières : Djem est au cœur d'une histoire racontant la conspiration de la fée Mélusine et de ses sœurs pour conquérir le royaume des Hautes Terres.
  • De Hammer, Sur le séjour de Bayazid II en Provence, Journal asiatique, mars 1825, en ligne sur Gallica.
  • Le récit de la captivité de Djem — ainsi que des intrigues politiques qui contribuèrent à le garder en captivité — est à la base du roman historique Francesca: Les Jeux du Sort (1872), écrit par le penseur et exilé haïtien, Jean Demesvar Delorme[36].
  • La vie du prince Djem est racontée par l'écrivain yougoslave Ivo Andrić dans son récit Prokleta avlija (1954), publié en français sous le titre La Cour maudite (traduit par Georges Luciani, Paris, Stock, 1962 ; réédition, Paris, Presses du Compagnonnage, « Collection des prix Nobel de littérature », 1965 ; nouvelle traduction de Yasna Šamić et Bochko Givadinovitch, Lausanne, L'Âge d'Homme, collection « Classiques slaves », 1990).
  • Dans le roman historique Le Prince errant [37] Vera Moutaftchieva raconte le jeu subtil des Hospitaliers faisant payer le sultan pour garder Djem prisonnier et probablement empoisonnant ce dernier quand il ne leur fut plus utile.
  • Dans son roman historique Chevaliers de Malte, Roger Peyrefitte consacre un chapitre aux tractations financières entre l'Ordre des hospitaliers, le roi de Hongrie, le pape et Louis XI à propos de la mainmise sur Djem comme otage et comme moyen de pression sur les Turcs. En définitive, le roi de France parvient à duper tous les autres en leur soutirant des sommes considérables.
  • Le roman historique Djem, un prince dans la tourmente, de Maurice Caron relate l'histoire de la vie du prince[38].
  • L'appelant Zim-Zizimi, Victor Hugo, dans un célèbre poème de La Légende des siècles, le met en scène dans sa solitude.

Présence cinématographique et séries

  • Dans la série Borgia de Canal+, le personnage du prince Djem, interprété par Nicolás Belmonte, est accueilli par le pape Innocent VIII et soutenu par le cardinal, qui deviendra le pape Alexandre (Borgia). Il meurt de la fièvre alors qu'il voyage avec César Borgia pendant la campagne de Charles contre Naples.
  • Dans la série The Borgias de Showtime, Djem, interprété par l'acteur britannique Elyes Gabel, et est dépeint à Rome sous la papauté du successeur d'Innocent VIII, le pape Alexandre VI. Il est aussi décrit comme ayant cherché à se convertir au christianisme et comme ayant été assassiné par le fils d'Alexandre VI, Juan Borgia.

Notes et références

  1. a b c d e f g h i j k l et m (en) Nicolas Vatin, « Cem », dans Encyclopaedia of Islam, vol. III, Brill, (lire en ligne)
  2. Alexander H. de Groot, « Mehmed Pasha, Karamani », dans Encyclopédie de l'Islam, vol. VI, Brill/Maisonneuve & Larose, (ISBN 9789004088498), p. 988
  3. a b c et d (en) Gábor Ágoston et Bruce Alan Masters, Encyclopedia of the Ottoman Empire, New York, Facts On File, (ISBN 978-1-4381-1025-7), p. 82-84
  4. (en) Theoharis Stavrides, « Karamani Mehmed Paşa », dans Encyclopaedia of Islam, vol. III, Brill, (lire en ligne)
  5. Clot 1990, p. 289.
  6. (en) « The Cambridge History of Islam », sur Google Books (consulté le ).
  7. Vatin 1997, p. 120.
  8. a b c et d Isom-Verhaaren 2011, p. 84.
  9. (tr) Lütfi Şahin, Osmanlı'nın Kanlı Tarihi, Az Kitap, (ISBN 978-605-4812-24-0, lire en ligne), Pt39
  10. (en) Mehrdad Kia, The Ottoman Empire : A Historical Encyclopedia, vol. II, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-61069-389-9), p. 84
  11. (en) Mehrdad Kia, The Ottoman Empire : A Historical Encyclopedia, vol. II, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-61069-389-9), p. 88
  12. Clot 1990, p. 290.
  13. Jean-Michel Sallmann, Nouvelle histoire des relations internationales, vol. 1 : Géopolitique du XVIe siècle (1490-1618), Paris, Seuil, coll. « Points histoire », (ISBN 9782020374972), p. 70
  14. Thuasne 1892, p. 51.
  15. a et b Thuasne 1892, p. 55.
  16. a b c et d Clot 1990, p. 291.
  17. André Clot, « Le martyre d’un prince », dans André Clot (dir.), Mehmed II : Le conquérant de Byzance, Perrin, (ISBN 9782262007195), p. 289-294
  18. a b c et d Josselin Derbier, « Un destin méconnu : Charles Allemand de Rochechinard, chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (vers 1435-1512) », Revue Drômoise, archéologie, histoire, géographie, vol. XCII, no 496,‎ , p. 205-207 (lire en ligne)
  19. Isom-Verhaaren 2011, p. 85.
  20. a b c d e f g h et i Vatin 2017, p. 243.
  21. a b c d et e Clot 1990, p. 292.
  22. a et b Isom-Verhaaren 2011, p. 86.
  23. Isom-Verhaaren 2011, p. 87.
  24. a b c d e f g et h Vatin 2017, p. 244.
  25. Voir à ce sujet Györkös 2013.
  26. a et b Györkös 2013, p. 9.
  27. Györkös 2013, p. 10.
  28. a b c d et e Clot 1990, p. 293.
  29. a b et c Isom-Verhaaren 2011, p. 88.
  30. Mathieu Deldicque, Le dernier commanditaire du Moyen Âge : L'amiral de Graville, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-3403-1), p. 36
  31. a b c d et e Clot 1990, p. 294.
  32. (en) Donald M. Nicol (trad. et éd.), Theodōros Spandouginos : On the Origins of the Ottoman Emperors, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-58510-1), p. 99
  33. Nicolas Vatin, « Le corps du sultan ottoman », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, nos 113-114,‎ , p. 219 (ISSN 0997-1327)
  34. (en) John Freely, Jem Sultan, The adventures of a Captive Turkish Prince in Renaissance Europe, Hammersmith, London, Harper Collins Publishers, , 342 p. (ISBN 0-00-715066-0), p. 145
  35. a et b Rossignol 1992, p. 210.
  36. Delorme, Demesvar. Francesca: Les Jeux du Sort. Paris : E. Dentu, Libraire-Editeur, 1872.
  37. Le Prince errant, Véra Moutaftchiéva, 1966, traduction Claude Guilhot, Paris : Stock, 1988.
  38. Djem, un prince dans la tourmente, Maurice Caron, éditions du Zeugma, 2010.

Bibliographie

Ouvrages

  • (en) Christine Isom-Verhaaren, Allies with the infidel : The Ottoman and French alliance in the sixteenth century, Londres/New York, I.B. Tauris, coll. « Library of Ottoman Studies » (no 30), (ISBN 978-1-78076-497-9).
  • Didier Delhoume, Le Turc et le Chevalier : Djem Sultan, un prince ottoman entre Rhodes et Bourganeuf au XVe siècle, Culture & Patrimoine en Limousin, coll. « Patrimoine en poche », (ISBN 978-2-911167-36-2).
  • (en) John Freely, Jem Sultan : The adventures of a captive Turkish prince in Renaissance Europe, HarperCollins, (ISBN 978-0-00-715066-3).
  • Nicolas Vatin, Les Ottomans et l'Occident (XVe – XVIe siècles)., Istanbul, Isis Press, coll. « Analecta Isisiana » (no XL), .
  • Édouard Sablier, Le prisonnier de Bourganeuf : Djem Sultan, 1459-1495, Perrin, (ISBN 978-2-262-09116-3).
  • André Clot, Mehmed II, le conquérant de Byzance, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-00719-5).
  • Nicolas Vatin, Sultan Djem : Un prince ottoman dans l'Europe du XVe siècle d'après deux sources contemporaines: Vâḳiʻât-ı Sulṭân Cem, Œuvres de Guillaume Caoursin, Imprimerie de la Société turque d'historire, (ISBN 978-975-16-0832-1).
  • Gilles Rossignol, Pierre d'Aubusson, « Le bouclier de la chrétienté » : Les Hospitaliers à Rhodes, Éditions La Manufacture, (ISBN 978-2-7377-0284-6).
  • Louis Thuasne, Djem-sultan, fils de Mohammed II, frère de Bayezid II, (1459-1495) d'après les documents originaux en grande partie inédits : Étude sur la question d'orient à la fin du XVe siècle, Ernest Leroux, (lire en ligne).

Articles et chapitres d'ouvrages

  • (en) Alan Mikhail, God's shadow : Sultan Selim, his Ottoman empire, and the making of the modern world, Liveright Publishing Corporation, (ISBN 978-1-63149-239-6), partie I, chap. 2 (« Empire Boys »).
  • Nicolas Vatin, chap. 50 « 1484 : Un prince turc en Auvergne », dans Patrick Boucheron (dir.), Histoire mondiale de la France, Paris, Seuil, (ISBN 9782021336306), p. 242-246.
  • Nicolas Vatin, « Les instruments de la diplomatie de Bayezid II (1481-1512) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 157, no 2,‎ , p. 715–727.
  • Attila Györkös, « Prince Djem et les relations franco-hongroises 1486-1490 », dans Draskóczy István et Horváth Iván (eds.), Matthias Rex 1458-1490 : Hungary at the Dawn of the Renaissance, Budapest, Eötvös Loránd University, , p. 1-15.
  • (en) Halil İnalcık, chap. 3 « A Case Study in Renaissance Diplomacy : The Agreement between Innocent VIII and Bayezid II on Djem Sultan », dans A. Nuri Yurdusev (éd.), Ottoman Diplomacy : Conventional or Unconventional ?, Palgrave Macmillan UK, coll. « Studies in Diplomacy », (ISBN 978-0-230-55443-6), p. 66–88.
  • Nicolas Vatin, « L'affaire Djem (1481–1495) », dans Marie-Thérèse Caron and Denis Clauzel (éds.), Le banquet du faisan : 1454 : l'Occident face au défi de l'Empire ottoman, Arras, Artois Presses Université, (ISBN 978-2-910663-12-4), p. 85–96.
  • Nicolas Vatin, « Macabre trafic : La destinée post-mortem du prince Djem », dans Jean-Louis Bacqué-Grammont et Rémy Dor (éds.), Mélanges offerts à Louis Bazin par ses disciples, collègues et amis, Paris, L’Harmattan, coll. « Varia Turcica » (no 19), (ISBN 978-2-910663-12-4), p. 231-239.

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