L’épitrochasme (substantif masculin), du grec epi ("sur, en plus") et trokhaikos ("propre à la course"), désigne une figure de style fondée sur une accumulation de mots courts et expressifs, fréquemment utilisée dans l'invective. Elle est proche des autres figures de l'accumulation comme l'asyndète ou l'énumération.
Exemples
《Tout au long d' la vie qui pique on prend des beignes》
Grammaticalement, l'épitrochasme est une accumulation de mots courts et expressifs. Pour Morié, elle est une figure du rythme proche de l'asyndète ou de l'énumération mais à vocation poétique qui permet de respecter les contraintes de versification (respect des pieds permettant de constituer des vers égaux par exemple) :
« (...) et son esprit strict, droit, bref, sec et lourd, ne subissait aucune altération dans la soirée »
On retrouve des épitrochasmes dans la poésie surtout, car il s'agit historiquement d'une figure rythmique. La prose y a recours pour poétiser le discours, en concurrence avec l'asyndète.
Les haïkus[1] se fondent sur des épitrochasmes, qui permettent ainsi de rendre compte d'impressions fugitives. En peinture, l'accumulation de touches de couleur comme dans l'impressionnisme et le pointillisme peut être considérée comme des épitrochasmes.
La musique, comme la poésie utilise ses ressources de suggestion rythmique, notamment le scat ou le rap qui l'emploient afin de condenser une description.
Historique de la notion
Étymologiquement, l'épitrochasme a la même étymologie que trochée, qui, dans la métrique ancienne, désigne un pied formé de deux syllabes, une longue et une brève. Le sens de la figure conserve en effet celui de jeu sur le rythme. Le Dictionnaire historique de la langue française en effet relève que l'épitrochasme désignait auparavant un type de vers : « se dit d'un rythme, d'un vers dont le pied fondamental est la trochée ». Néanmoins, le vers monosyllabique que l'on relie souvent à la trochée ne constitue pas pour autant un épitrochasme ; seule une série de trochées (ou de syllabes longues) accentuées sont un épitrochasme.
César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, (réimpr. Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux), 362 p. (ASINB001CAQJ52, lire en ligne).
Catherine Fromilhague, Les Figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2010 (1re éd. nathan, 1995), 128 p. (ISBN978-2-2003-5236-3).
Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », , 350 p. (ISBN2-2531-3017-6).
Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, , 228 p., 16 cm × 24 cm (ISBN978-2-2002-5239-7).
Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier cycle », , 256 p., 15 cm × 22 cm (ISBN2-1304-3917-9).
Hendrik Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutmanet al., Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, , 533 p. (ISBN978-2-7453-1325-6).