Il existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au Musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[1].
Explication de cette gravure dans le manuscrit du Musée du Prado : También las pollas encuentran milanos que las despluman y aun por eso se dijo aquello de: Donde las dan las toman (Également les poules rencontrent des milans qui les déplument, et c'est pour cela que l'on dit : comme on leur donne, on leur prend)[2].
Manuscrit de Ayala : Los Jueces hacen capa a los escribanos y alguaciles para que roben a las mujeres públicas impunemente. (Les Juges couvrent les greffiers et les gendarmes pour qu'ils volent impunément les filles publiques)[2].
Manuscrit de la Bibliothèque nationale : Los Jueces superiores hacen capa regularmente a los escribanos y alguaciles para que roben y desplumen a las pobres putas. (Les Juges supérieurs couvrent régulièrement les greffiers et les gendarmes pour qu'ils volent et déplument les pauvres putes)[2].
Cette estampe est la suite des deux précédentes, où les hommes étaient déplumés par les femmes; dans ce cas, ce sont les prostituées qui sont déplumées par la justice, les alcaldes et les gendarmes[3].
Les gendarmes et greffiers sont représentés avec une face de chien[4].
Dans l'œuvre de Nicolás Fernández de Moratín, El arte de las putas, on signale que si on souhaite rencontrer des paysans récemment arrivés à Madrid, il n'y a qu'à demander aux gendarmes qui poursuivent les jeunes prostituées: non dans le but de faire disparaître le mal, mais ils se nourrissent de leurs délits…[5].
Technique de la gravure
Le dessin préparatoire présente plusieurs différences avec l'estampe définitive : le chapeau d'un de ceux qui déplument, le bâton et le chapeau de celui qui assiste à la scène, la fenêtre avec une grille et la lanterne au sol qui provoque dans la composition un effet de lumière nocturne. Goya a renoncé à tout cela dans la estampe définitive, éliminant ces détails secondaires et se centrant uniquement sur la action principale[3].
(es) José Camon Aznar, Francisco de Goya, t. III, Saragosse, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar, , 371 p. (ISBN978-84-500-5016-5).
(es) Juan Carrete Parrondo, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Madrid, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN84-604-9323-7), « Francisco de Goya. Los Caprichos ».
(es) Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los Caprichos, Madrid, Ediciones de arte y bibliofilia, (ISBN84-86630-11-8).
(es) Gabinete de Estudios de la Calcografía., Clemente Barrena, Javier Blas, José Manuel Matilla, José Luís Villar et Elvira Villena, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN84-604-9323-7), « Dibujos y Estampas ».
(es) Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid, Alianza Editorial, , 238 p. (ISBN84-206-7032-4).