La paroisse Saint-Vincent-de-Paul est créée par un décret de messidor de l'an XII (). Ce nom lui est donné car le territoire dévolu à cette paroisse s'étend sur une partie des dépendances de la Maison de Saint-Lazare, où saint Vincent de Paul mourut le . Une chapelle, située au no 6 de la rue de Montholon, est alors construite contenant à peine 200 chaises. Elle est bâtie en bois et en plâtre et dénommée « Saint Vincent de Paul-Montholon »[2].
Cette chapelle prenait la suite de la chapelle Sainte-Anne au no 77 de la rue du Faubourg-Poissonnière détruite en 1790 qui desservait le quartier de la Nouvelle France sans avoir le rang d'église paroissiale sous l'Ancien Régime, ce quartier étant alors rattaché à la paroisse de Montmartre.
Le quartier du nouveau faubourg Poissonnière étant en expansion constante à la suite de l'aménagement à partir de 1821 d'un lotissement autour de l'actuelle place Franz-Liszt, il est décidé la construction d'une église, au sommet d'une butte située à proximité sur le terrain du clos Saint-Lazare, en remplacement de la chapelle de la rue Montholon devenue trop petite[3].
Les plans de l'église et sa construction furent initialement confiés à Jean-Baptiste Lepère, architecte de renom de l'époque. La première pierre fut posée le en présence du préfet de la Seine Gaspard de Chabrol et de l'archevêque de Paris Mgr de Quélen. Les travaux furent menés avec une certaine lenteur puis ponctuellement abandonnés, un manque de crédit puis surtout la révolution de 1830 retardant le projet. C'est donc son gendre, Jacques Hittorff, qui la poursuivit en 1831 jusqu'en 1844 où elle fut livrée au culte le . Il modifia énormément le projet initial (les premiers projets de l'église ne faisaient état que d'un seul clocher), ouvrant la place Franz-Liszt sur l'église. La place devenait ainsi une sorte de parvis pour celle-ci. Il ajouta un système de rampes, aménagé aujourd'hui en jardins, destiné à faciliter l'accès des calèches.
À l'intérieur, la frise peinte de 1848 à 1853 par Hippolyte Flandrin autour de la nef, entre les deux étages de colonnes, représente cent-soixante saints et saintes s'avançant vers le sanctuaire. Le plafond de la nef a été réalisé par le sculpteur Luglien François Badou. Le calvaire du maître-autel est de François Rude. La chapelle axiale, chapelle de la Vierge, fut agrandie en 1869 par Édouard-Auguste Villain (1829-1876)[4]. Son décor est principalement constitué de toiles marouflées de William Bouguereau (1885-1889) ; derrière l'autel, Vierge à l'Enfant, sculpture d'Albert-Ernest Carrier-Belleuse. L'église est également un manifeste de l'utilisation de la fonte ornementale voulue par Hittorff, réalisée par la fonderie Calla : grilles, fonts baptismaux, bénitier, porte monumentale sculptée par Jean-Baptiste Farochon, sur les instructions d'Hittorff.
Défenseur d'une architecture polychrome, Hittorff décida de faire couvrir une grande partie de la façade, derrière la colonnade, de plaques de lave émaillée peintes par Pierre-Jules Jollivet. Toutefois, la nudité de certains personnages[5] provoqua un tel scandale qu'on dut les ôter dès 1861. Une plaque de lave a été remise en place en , et deux furent accrochées à l'intérieur de l'église[6]. L'ensemble des sept plaques a finalement été restauré puis remis en place sur la façade et inauguré le , conformément à la composition originale conçue par Jacques Hittorff[7],[8].
Installé par Cavaillé-Coll en 1858, l'instrument de 22 jeux comporte 2 claviers de 54 et 42 notes, et un pédalier de 30 notes. Les transmissions sont mécaniques.
Iconographie
La médaille frappée pour la pose de la première pierre de l'église, due aux graveurs Alexis-Joseph Depaulis et Nicolas-Pierre Tiolier montre le projet de façade à clocher unique initialement retenu. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 4279).
↑Fiche sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques, Institut rattaché à l'École nationale des chartes, 23 avril 2012, mise à jour le 1er mai 2012.
↑Adam et Ève chassés du Paradis par exemple, dont on peut voir une version miniature sur la maison de Jules Jollivet, Cité Malesherbes, dans le 9e