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L’abbatiale Saint-Yved est une église de Braine, nécropole des comtes de Dreux. Elle fut consacrée à saint Yved dont les reliques furent amenées à Braine (Braisne) au IXe siècle. Primitivement chapitre de chanoines séculiers, l'abbaye de Braine fut donnée à l'ordre des Prémontrés par l'évêque de Soissons en 1130.
Braine, ancienne terre chargée d’histoire au croisement d’une antique voie romaine, fut très tôt la résidence de plaisance des premiers rois mérovingiens et carolingiens. D’héritage en héritage, elle finit par être la propriété des comtes de Dreux, la branche cadette des Capétiens. Cette dernière fortifie le château de la Folie que la Première Guerre mondiale transforme en ruines. Du château du bas, aujourd’hui disparu, il ne subsiste que les pilastres d’entrée et les celliers. Du Moyen Âge demeure également une maison à colombage, ainsi que l’église abbatiale Saint-Yved.
Cette église abbatiale fut construite à la demande d'Agnès de Baudement, épouse de Robert Ier de Dreux, d'après les plans d'André de Baudement. Elle se distingue par le tympan du portail central, qui a pu être sauvé. Celui-ci a été reconstitué au revers de la façade actuelle. Privée aujourd’hui de ses quatre dernières travées, la nef à triple élévation s’unit au transept par une remarquable tour-lanterne s’élevant à 33 m. Le plan de l'abside présente une disposition excellente et rare. Les sculptures du portail sont en partie déposées au musée de Soissons.
L'église Saint-Yved-et-Notre-Dame contenait, avant la Révolution, de magnifiques tombes recouvertes par des dalles en cuivre émaillé, dont les dessins se trouvent aujourd’hui dans la collection Gaignères de la bibliothèque Bodléienne d'Oxford.
L'abbaye ayant souffert énormément de la Révolution, fut peu à peu démolie. Les verrières de la cathédrale de Soisssons sont réparées en 1816 ou 1817, en intégrant des panneaux de verre peint provenant de l'église abbatiale Saint-Yved de Braine, en cours de démolition à cette époque
Au XIXe siècle, l'abbatiale devint église paroissiale de Braine, après avoir subi une importante campagne de travaux, de 1828 à 1837.
Après les dommages de la guerre de 14-18, Jacques Gruber a réalisé entre 1924 et 1929 une superbe série de 21 vitraux. Dans trois chapelles et sur la rose nord, il reprend les codes esthétiques des verrières de la fin du XIXe siècle. En revanche, il a montré une grande liberté formelle et chromatique dans le chœur, la chapelle des fonts baptismaux et la rose sud. En témoignent notamment la verrière du baptême du Christ, la rose du transept sud (les vertus de la Vierge Marie) et la baie de la fontaine de vie du déluge.
« … peu d'édifices indiquent mieux que ne le fait l'église de Saint-Yved de Braisne le système symétrique employé par ces maîtres de l'architecture de la fin du XIIe… »
En 2016, un budget prévisionnel de quatre millions d'euros est estimé pour des travaux de restauration[2]. Ces travaux débutent en 2020[3] pour s'achever fin 2021[2].
P. Evermode, « L'abbaye royale de Saint-Yved de Braisne et son miracle eucharistique », Revue de l'Ordre de Prémontré et de sa mission, t. 14, , p. 321-328.
Anne Prache, « Saint-Yved de Braine », dans Congrès archéologique de France. 148e session. Aisne méridionale. 1990, t. 1, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 105-118
Bernard Ardura, Abbayes, prieurés et monastères de l'ordre de Prémontré en France, des origines à nos jours, Nancy, 1993
Élèves de l'école des chartes et Olivier Guyotjeannin (sous la direction de), Le chartrier de l'abbaye prémontrée de Saint-Yved de Braine (1134-1250), Paris, École des chartes, coll. « Mémoires et documents de l'École des chartes no 49 », , 455 p. (ISBN978-2-900791-20-2, lire en ligne) (aperçu)
Dany Sandron, « Braine. Église Saint-Yved », dans Picardie gothique. Autour de Laon et Soissons. L'architecture religieuse, Paris, Éditions A. et J. Picard, (ISBN2-7084-0607-8), p. 110-119