Au sein de la fonction publique, il est le plus gradé dans le cadre de la météorologie nationale du Cameroun, depuis de la création du Cadre Météo[6],[7] pendant la période coloniale française, jusqu’à l’accession du pays à l’indépendance en 1960. Après l’indépendance, il a l’indice le plus élevé de son administration, lors du Reclassement des Cadres du Cameroun (RCC)[6],[7].
Parallèlement à sa carrière d’ingénieur et haut fonctionnaire, il est également écrivain, auteur de plusieurs ouvrages comme Le Foulbé du Nord-Cameroun, paru en 1948[8],[9],[10].
Les élèves de l’École Supérieure d'administration de Yaoundé ayant été reçus à un concours sélectif, sont tous logés à l’internat, nourris et habillés gratuitement, et disposent de blanchisseurs payés par l’État français[25]. Ils sont des privilégiés, car ils vont servir dans l’administration publique française à la fin de leur formation. Leurs déplacements en période de vacances scolaires vers le domicile, sont également pris en charge par le budget de l’État[25].
Pendant la période coloniale, que ce soit en Afrique occidentale française (A.O.F.) ou en Afrique équatoriale française (A.E.F.), il existe deux types de cadres au sein de l’administration française: le cadre africain, constitué exclusivement des corps du personnel autochtone, et le cadre général, composé des corps du personnel européen[27]. Le cadre africain est placé sous l’autorité du Gouverneur général de l’A.O.F. ou de l’A.E.F., tandis que le cadre général se trouve sous la tutelle directe du ministre des colonies du Gouvernement français[27].
Le corps des écrivains-interprètes est quant à lui composé de fonctionnaires africains parmi les plus instruits[28] et qui, ayant suivi une formation professionnelle de trois ans, après leurs études générales, occupent les postes les plus hauts gradés réservées aux africains dans leurs professions respectives au sein de l’Administration[28].
Début dans l’Administration et découverte de la Météorologie
Abel Moumé Etia commence donc sa carrière administrative, le 1er juin1937 à Tibati, comme stagiaire agréé dans le cadre local des Écrivains-interprètes[26]. À l’issue de ce stage, il sera confirmé dans le poste d’Écrivain-interprète de 4e classe[26].
Le 22 octobre1939, son père Isaac Moumé Etia décède[30], ce qui provoque son affection à Douala, et un congé administratif de dix jours, décidé par le Gouverneur Richard Brunot, nouveau Haut-commissaire de la République française au Cameroun[31].
« La Météorologie est devenue ma destinée divine. »
— Abel Moumé Etia
C’est à l’époque coloniale que fut créée au Cameroun, une Direction de la Météorologie Nationale, qui est longtemps dirigée par des ingénieurs français, nommés par le gouvernement français. Ce n’est qu’après l’indépendance que des ingénieurs camerounais sont formés, et des Camerounais nommés par décrets présidentiels à la Direction de la Météorologie Nationale.
Le 27 novembre1947, Abel Moumé Etia est nommé Chargé de l’expédition des affaires courantes de la climatologie et adjoint à l’ingénieur français qui est le Chef de la section "Climatologie et Recherches", à la station météorologique de Douala[33]. Il occupe ce poste pendant sept ans. Plus tard, un statut de Cadre Météo, est créé pour le personnel non européen[7].
Le 7 juin1954, il accède au statut de Cadre, par décision du Chef de Service de la Météorologie[34]. Devenu cadre, Abel Moumé Etia est ensuite promu, chef de la station principale de Yoko[34] en remplacement d’un ingénieurmétéorologue français. Il occupera cette fonction pendant trois ans et contribuera à la formation de plusieurs agents locaux de la météorologie.
Le 18 septembre1957, il est de nouveau affecté à Douala en tant que Chef du bureau de la Climatologie et recherches[35] en remplacement d'un ingénieur français. Abel Moumé Etia occupe ce poste jusqu'à l'indépendance.
En 1960, lors du Reclassement des Cadres du Cameroun (RCC) après l’indépendance, il a l’indice le plus élevé de son administration[7].
Ingénieur et Haut fonctionnaire (1962 -1978)
École de la météorologie du Fort de Saint-Cyr (France)
Dans le but de préparer les indépendances des pays africains, les Nations unies mettent en place, un vaste programme de formation des futures élites africaines post indépendances, avec l’octroi de bourses pour les plus méritants[36]. L'objectif étant qu’ils remplacent les cadres européens dans tous les domaines: la médecine, la pharmacie, la météorologie…[37]
Son parcours académique qui l’a conduit tour à tour à Paris, Lyon et Genève, est notamment marqué par un stage pratique de fin d'études de cinq mois et demi, à la station météorologique de l'Aéroport de Lyon-Bron[40] et un voyage d'études au siège de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève. Il a acquis durant cette période, une meilleure connaissance de l’élaboration des normes internationales qui permettent la standardisation des mesures météorologiques.
Retour au Cameroun
Son diplôme d'ingénieur en poche, Abel Moumé Etia rentre au Cameroun, pour se mettre au service de son pays. Il réintègre la Direction de la Météorologie Nationale du Cameroun à Douala, dans l'attente du décret de régularisation de son nouveau statut, la Direction de la Météorologie Nationale du Cameroun étant sous la tutelle du ministère des Transports[41].
Le 28 décembre1967, il est promu Chef du secteur météo du Nord Cameroun.
Le 28 août1971, il est nommé, Chef de secteur météorologique de tout le Grand Nord-Cameroun, par décision administrative no 07280 du 28/08/1971, amplifiée au Ministère des Transports et des PTT et à la Direction de l'ASECNA à Paris[44]. La région du Nord était éminemment stratégique pour le gouvernement, le ministère des Transports, la météorologie et l’avion civile camerounaise, dans la mesure où il y avait un projet de construction d’un aéroport international, voulu par le Président de la République Ahmadou Ahidjo et celui du barrage de Lagdo, sur le cours de la Bénoué[45]. Abel Moumé Etia y était à la fois en tant que représentant de la Direction de la Météorologie Nationale et de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA)[44].
Le 30 septembre1972, il revient à Douala et est nommé Chef de service hydrométéorologie, par arrêté no 166/CAB/PR du 30/9/72, du Président de la République du Cameroun[46].
Le 18 avril1973, il est nommé Chef de service du Poste pluviométrique de Douala[47], par décision administrative no 006/D/MINT/MET/AD, du 18/4/73.
La Retraite
Abel Moumé Etia est mis à la retraite à compter du 31 juillet1978, après quarante et un ans de bons et loyaux services, au sein de la fonction publique camerounaise[48].
Malgré son statut de retraité, il occupe la fonction honorifique de Chef de la station pluviométrique de Douala - Deïdo (code: 1050016000)[50], fonction qu'il occupait déjà depuis la décision administrative No 006/D/MINT/MET/AD du 18/4/1973[47]. À sa demande, un pluviomètre a été installé dans sa propriété et jusqu'aux dernières années de sa vie, il effectue des relevés météorologiques tous les matins, calcule le volume d'eau recueilli par le pluviomètre, et expédie une fois par mois, dans des fiches pluviométriques, les données obtenues, à la Direction Nationale de la Météorologie.
Écrivain
Œuvre littéraire
Abel Moumé Etia a parcouru le Cameroun du Nord au Sud, d’Est en Ouest, durant sa carrière au sein de la haute fonction publiquecamerounaise[38]. Il a ainsi acquit une parfaite connaissance des différentes ethnies, et des spécificités locales propres à chaque région. Cette expérience a nourri son œuvre littéraire, et ses ouvrages[9] s'apparentent pour certains, à des essais anthropologiques, comme Le foulbé du Nord-Cameroun (1948)[1], ou des récits de voyages avec La randonnée de Ekoki ewolo (1950)[8]. Il a aussi écrit des romans, des nouvelles et en tant que scientifique et météorologue, un livre de mathématiques et des précis de géographie[9].
Publications
Personnelles
1948: Le Foulbé du Nord-Cameroun , Bergerac (France), impr. H.Trillaud, 1948, (BnF Catalogue général)
1949: Kalat’a misongi nya bwambo ba duala, (Livre de mathématiques en langue Douala), Bergerac (France), Impr. H.Trillaud, 1949, (BnF Catalogue général)
1949: Ebayed’a mundi ma Wase natèna o 1937 - Dongo la Boso , (Précis de Géographie en langue Douala 1re partie), Cahors (France), impr. de A. Coueslant, 1949, (BnF Catalogue général)
1950: La randonnée de Ekoki ewolo , Douala (Cameroun) S.l., chez l’auteur, 1950, (BnF Catalogue général)
1952: Ebayed' a Mundi mwa Wase natèna o 1937: Dongo di londe maba , (Précis de Géographie en langue Douala 2e partie), Cahors (France), impr. de A. Coueslant, 1952, (BnF Catalogue général)
1964: Le Berceau de mon âme , Bergerac (France), impr. générale du Sud-Ouest, 1964, (BnF Catalogue général)
Le congé de longue durée (Manuscrit non publié - à paraître)
Abel Moumé Etia est décédé le 27 octobre2004 à Douala[12], des suites d’une longue maladie. Sa cérémonie d'obsèques fut marquée par un temps religieux, traditionnel et protocolaire[53].
Au niveau traditionnel: plusieurs dignitaires, notables et chefs supérieurs étaient présents, dont Sa Majesté René Douala Manga Bell[54], Roi des Bell et Sa Majesté Gaston Claude Emmanuel Essaka Ekwalla Essaka dit De Gaulle[55], Roi des Deïdo, qui a prononcé une allocution[53].
↑ a et bFamille Moumé Etia, Notice biographique de Monsieur Abel Moumé Etia, Bonatéki, Deïdo, Douala, , 25 p., Partie 3: Carrière- p.5 - paragraphe 4
↑ abc et dJ. Binet, Le Cadre du Cameroun, Paris, IRD (JO des territoires occupés de l’ancien Cameroun : Statut des fonctionnaires, Statut des chefs), (lire en ligne), p. 31 et 24 paragraphe 4
↑Léopold Moumé Etia, Deux camerounais: Lotin à Samè; Isaac Moumé Etia,, Douala (Cameroun), S.N. Monographie, , 45 p., Référence : p. 2 à 5 - partie 2 : Carrière administrative
↑Robert Cornevin, Littératures d'Afrique noire de langue française, Paris, Presses Universitaires de France, , 273 p. (lire en ligne), (Référence: Chap 1: Littérature africaine et francophonie: définitions et problèmes - Partie II/ : articles et ouvrages ethnographiques linguistiques et historiques)
↑Philippe Decraene, « "Sa littérature est l'une des plus riches de toute l'Afrique francophone " », Philippe Decraene, « Sa littérature est l'une des plus riches de toute l'Afrique francophone », Le Monde, 26 janvier 1970, (lire en ligne)
↑Léopold Moumé Etia, Deux camerounais: Lotin à Samè; Isaac Moumé Etia, Douala, Cameroun, SN Monographie, , 45 p, (Référence: p.16,17 et 18 - partie 9: Les obsèques)
↑(en) Emmanuel N. Chia, Joseph Che Suh, Alexandre Ndeffo Tene, Perspectives on Translation and Interpretation in Cameroon,, Bamenda Cameroun, Michigan State Press University Press, , 169 p. (ISBN9956 - 558 - 44 -3, lire en ligne), p. 50
↑Patrice Kayo, Brève histoire de la poésie camerounaise, Paris, Editions Présence africaine, , 207 p. (lire en ligne), (Référence: p.200 )
↑(en) Jonathan Derrick,, The "Germanophone' Elite of Douala under the French Mandate", Royaume- uni, Cambridge University Press, , 267 p., p. 256-267
↑ a et bRaymond Mopoho, « Statut de l’interprète dans l’administration coloniale en Afrique francophone », Meta Journal des traducteurs /Translators' Journal, document généré le 13 sept. 2022 11:53, p. 619 (lire en ligne)
↑ a et bRaymond Mopoho, « Statut de l’interprète dans l’administration coloniale en Afrique francophone », Meta, Journal des traducteurs /Translators' Journal, document généré le 13 sept. 2022 11:53, p. 623 (lire en ligne)
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↑Léopold Moumé Etia, Deux camerounais: Lotin à Samè; Isaac Moumé Etia, Douala (Cameroun), SN Monographie, , 45 p., (Référence: p.16,17 et 18 - partie 9: Les obsèques)
↑J BINET, « Bulletin de l'Office des Etudiants &Outre-Mer », IRD - Horizon documentation, , chap. 2. - Les cadres modernes - p 24 - paragraphe 4 (lire en ligne)
↑ a et bJ BINET, « Bulletin de l'Office des Etudiants &Outre-Mer (1960) », IRD - Horizon documentation, , p.32: Répartition des bourses - paragraphe 2 : (lire en ligne)
↑ a et bFamille Moumé Etia, Notice biographique de Monsieur Abel Moumé Etia, Bonatéki, Deïdo, Douala, S.N. Monographie, , Partie 4: Parcours professionnel ,P.6
↑ a et bFamille Moumé Etia, Notice biographique de Monsieur Abel Moumé Etia, Bonatéki, Deïdo, Douala, S.N. Monographie, , 25 p., Partie 2: Etudes - P4
↑Par Christophe GALLET, « La station météo à l’aéroport de Bron est centenaire », Le Progrès, 13 déc. 2020 à 06:00 (lire en ligne)
↑Décision No 149/MET/D du 17/5/64 du Directeur de la météorologie
↑Décision administrative No 81/20/MET/D du 21/08/64 du Ministre des Transports, des Mines et des PTT
↑ a et bDécision no 07280 du 28/08/1971, amplifiée au Ministère des Transports et des PTT et à la Direction de l'ASECNA à Paris.
↑Benjamin Ngounou Ngatcha, Roger Njitchoua, Emmanuel Naah, « Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) : Impact sur les plaines d'inondation
de la Bénoué », Horizon- Documentation -ird, , p. 455 (lire en ligne)
↑République du Cameroun: Arrêté no 166/CAB/PR du 30/9/72, du Président de la République du Cameroun.
↑ a et bDécision administrative No 006/D/MINT/MET/AD du 18/4/1973
↑Par arrêté No 3362 du 14/7/78, du ministre des Transports et des Postes et Télécommunications.
↑Par PATRICK JARREAU., « La visite de M. Giscard d'Estaing " manifeste la dualité exceptionnelle " des rapports entre Yaoundé et Paris », Le Monde, publié le 09 février 1979 à 00h00 mis à jour le 09 février 1979 à 00h00 (lire en ligne)
↑Décret du Président de la République du Cameroun - Décoration remise le 20 mai 1990
↑ ab et cDécret du Président de la République du Cameroun - Décoration remise le 20 mai 1987
↑ ab et cFamille Moumé Etia, Notice biographique de Monsieur Abel Moumé Etia, Bonatéki, Deïdo, Douala, S.N. Monographie, , 25 p., Partie 6: Programme des Obsèques
↑Par Emmanuel Batamag, « Cameroun : qui était Son Altesse Royale le Prince René Douala Manga Bell ? », Afrik.com, le 4 janvier 2013 à 15h38 (lire en ligne)
↑Cameroon-Info.Net, « Cameroun - Nécrologie: Le chef du canton Deido est mort - Sa Majesté Essaka Ekwalla Essaka a rendu l’âme hier des suites de maladie à Douala », Le Messager, 26-sep-2013 - 06h23 (lire en ligne)